Candidature de Benno : D’une erreur d’aiguillage à la démocratie dévoyée (Ameth Guissé)


Candidature de Benno : D’une erreur d’aiguillage à la démocratie dévoyée (Ameth Guissé)
Il était connu depuis le départ que la problématique de la candidature unique Benno conduirait vers une impasse, terme plus poli pour désigner un clash. Tous les experts en voyance politique et simples observateurs, témoins du passé récent, savaient que ni l’un, ni l’autre ne se désisterait pour faciliter la désignation d’un candidat unique non pas en raison d’une inimitié qui caractériserait leurs relations, mais en raison du fait que chacun des protagonistes se sent investi d’un mandat, d’une mission historique et souveraine.

Ceci était connu depuis le départ et, il est navrant de constater aujourd’hui que cette réalité a été complètement étouffée, certainement à dessein ou par excès d’optimisme. En réalité je crois plus à la première hypothèse et les faits le démontrent. En effet il est étonnant de voir les gens de Benno, une équipe experte, aguerrie à la pratique politique, définir des règles de désignation aussi iniques conférant des droits absolus aux partis minoritaires et à ceux de la 25ème heure, au même titre que les formations qui ont donné à l’organisation ses lettres de noblesse.

S’il est vrai que la démocratie est la loi des nombres, il est aussi vrai qu’elle n’est pas toujours aussi arithmétique qu’on voudrait nous le faire croire. Elle est souvent une combinaison intégrant une ou des variables pour la parfaire, pour aller vers l’équité. Dans le cas de Benno, il est regrettable que la représentativité des uns et des autres n’ait pas été prise en compte.

Benno pouvait éviter cette grande déception qu’elle vient causer chez ses sympathisants parce que sachant mieux que quiconque les contradictions qui minent sa coalition. Déjà des formations en son sein se sont vite démarquées de la démarche consistant à désigner un candidat unique tout en restant dans l’alliance, l’obligeant même à opérer à un glissement sémantique. A ce stade toutes les prémisses étaient perceptibles et dès lors, la réflexion devait tourner autour des conditions permettant de garder sa cohésion.

En ce sens, nous aurions aimé que l’énergie qui a été déployée pour arriver à un désaccord fût utilisée pour chercher à asseoir les règles garantissant une élection à 2 tours.

En quoi faisant ?

Pour ce faire, il urgeait pour Benno de saisir l’opportunité qui lui était offerte le 23 Juin d’exiger ici et maintenant le rétablissement du quart bloquant tel qu’il existait dans l'article 33 de la Constitution sénégalaise qui stipulait « que nul ne peut être élu à l'issue de premier tour de la présidentielle, s'il n'a obtenu la majorité absolue des suffrages exprimés représentant au moins le quart des électeurs inscrits ».

L’occasion lui était offerte d’amender le projet présidentiel dans ce sens car les rapports de force était en sa faveur.

Cette disposition est la seule qui peut garantir une élection à 2 tours et dès lors, il serait loisible d’aller aux élections dans une pluralité parfaite, le 1er tour servant de primaire.

A défaut, Benno est aujourd’hui obligé d’aller à la conquête du pouvoir en ordre dispersé sans avoir la garantie d’une élection à 2 tours.

Quel gâchis !!!

Ameth Guissé

Rufisque

Email : amathguisse@yahoo.fr
Dimanche 4 Décembre 2011




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