COMPAGNONNAGE AVEC BENNOO BOKK YAKAAR Lettre ouverte à Mansour Sy Djamil


COMPAGNONNAGE AVEC BENNOO BOKK YAKAAR Lettre ouverte à Mansour Sy Djamil
Honorable Président,

Voici plus d’une décennie qu’après avoir constaté et déploré l’état d’indigence et d’abandon dans lequel plusieurs générations de dirigeants ont plongé vos compatriotes, vous avez décidé de troquer un pan de votre manteau immaculé d’héritier de votre vénéré père, Seydi Djamil, contre celui de combattant politique déterminé à refonder cette nation sénégalaise que des politiciens apatrides ont rendu, hélas, si méconnaissable pendant  votre absence du pays pour des humanités universitaires et pour des expériences professionnelles.
Jusqu’à ce changement que vous avez récemment introduit sur le cap de votre itinéraire par la création du Mouvement Bës-Du-Ñakk, très peu de vos compatriotes vous connaissait un passé politique. Pourtant, très jeune, vous avez arpenté rues et ruelles des villes pour afficher et placarder nuitamment contre les pratiques politiques et les vices sociétales qui justifient encore la poursuite de votre combat sur le terrain de l’engagement politique et citoyen.
Pour acquérir les expériences et vécus qui nous permettent de vous accompagner aujourd’hui en toute connaissance de cause et de mettre nos disponibilités et nos maigres expertises au service de votre combat, nous avons, comme vous, aiguisé nos armes dans différents mouvements, associations, partis politiques et/ou syndicats où les trahisons, filouteries, délations, jalousies et ostracismes ont eu l’avantage de fortifier nos caractères en nous dotant des cuirasses nécessaires pour faire face à l’adversité.
Fort heureusement, c’est en ces moments d’incertitudes et d’atermoiements que vous avez songé à créer ce mouvement politique et citoyen dont le nom résonne déjà sous toutes les chaumières et se présente comme une bouée de sauvetage pour les naufragés que nous sommes. Il était donc naturel pour nous, de voir en Bës Du Ñakk à la fois une exhortation à l’optimisme et la certitude d’une sortie de  ce lugubre tunnel de déchéances et de désespérances dans lequel le peuple Sénégalais a été plongé, malgré lui,  pendant des décennies.
Nous vivons une période caractérisée par plusieurs échecs dont le discrédit massif des idées de gauche et la délégitimation des perspectives révolutionnaires. La crise systématique que vit le capitalisme se présente comme la plus dure de son histoire et fait perdre aux peuples leurs repères. Il nous faut tout innover, tout inventer, tout réinventer. C’est ainsi que le concept de Bës Du Ñakk est lancé comme une nouvelle offre politique qui allie l’instance politique et l’instance citoyenne.
Théorisation et action
 Bës Du Ñakk est un cri d’indignation,  un désir d’émancipation et traduit la foi  en un avenir radieux-« ëlëk ay daxx». Si, après coup, votre croisade prioritaire contre les cruelles turpitudes du régime de Abdoulaye Wade vous a plongé dans ce patchwork idéologique dénommé Benoo Bokk Yakkar, notre indulgence nous a incités à comprendre que c’était là, pour vous, la voie obligée pour gagner, au moins, une des batailles de cette guerre d’assainissement des mœurs politiques et sociales qui constitue une de vos priorités.
Nous avions compris que cette ambition ne pouvait être assouvie que par le truchement de ces changements pour l’avènement desquels vous avez déjà tant souffert : à Thiaroye où vous avez été agressé, et à la Place de l’Obélisque où vous avez risqué jusqu’à votre propre vie et celle de votre frère devant un méchant «dragon» qui a eu raison de feu Mamadou Diop, à jamais martyr.
En bravant les intempéries et les risques face à un pouvoir alors aux abois et prêt à tout pour réaliser son rêve chimérique de faire perdurer son règne, votre chevauchée héroïque à nos côtés s’est soldée par l’installation d’un président nommé Macky Sall.
Pourtant, nous ne pouvons oublier que ces face-à-face victorieux avec le régime défunt justifient encore le maintien en prison de vaillants soldats de notre liberté.
Plus d’un an après ce compagnonnage, il est temps pour vous d’en faire le bilan et d’en tirer les conséquences que nous sommes nombreux à attendre. Ce bilan ne saurait faire l’impasse sur le traitement ingrat qui a été réservé à  votre  Mouvement qui pouvait légitimement revendiquer  la posture de sentinelle des acquis tirés de son propre combat. Or, il coule de source que Bës-Du-Ñakk ne pouvait s’acquitter de cette obligation de veille qu’en étant partie prenante des grandes décisions et de la mise en œuvre des promesses qui avaient justifié un engagement dont le départ de Wade a été le clou.
Sous ce rapport, nous sommes obligés, Honorable Président, de vous demander de faire comprendre au président Macky Sall - qui semble l’avoir déjà oublié- que l’avènement de l’alternance n’est ni le fruit de l’action de son parti (APR), ni d’aucun lobby apocryphe ou de mouvement civil, encore moins de quelque coterie ethnique, familiale ou religieuse que ce soit.  Il est, plutôt, la consécration d’un investissement collectif d’hommes et de femmes de refus comme Vous, ainsi que de mouvements populaires et citoyens, décidés à se démettre d’un système perfide et à impulser les ruptures et changements salvateurs.
Hélas ! Nous regrettons, Honorable, de nous retrouver face à un chef d’Etat dont tous les actes se confondent avec ceux du président de son propre parti, et qui ne manifeste aucun signe pouvant démontrer le moindre respect  pour la représentativité de Bës Du Ñakk.
Des alliés devenus muets
Nous sommes désolés de constater que la personne que vous avez soutenue et aidée a déjà craché sur la contribution décisive que votre Mouvement et ses sympathisants ont apportée à son élection et s’emploie à réduire votre aura à sa plus simple expression depuis qu’il a entendu dire de la bouche de grandes figures politiques et sociales que «2017 sera le temps des religieux». Pourtant, il n’a jamais été question pour vous de donner à votre combat la moindre connotation religieuse mais plutôt simplement éthique et altruiste. N’oubliez pas que  la seule femme chrétienne de notre parlement a été investie dans  la liste de Bës Du Ñakk.
Nous regrettons, Honorable, de voir celui que vous avez supporté se mettre en quatre pour détruire le socle sur lequel était bâti son règne, emboîtant ainsi le pas à son prédécesseur de Wade qu’il s’échine, jusqu’à ses moindres mouvements, gestes et décisions à singer et à cloner, démontrant ainsi son incapacité à se départir des enseignements et leçons politiciennes reçues de son maître libéral.
Nous regrettons qu’en tant qu’acteur de premier plan des assises nationales et de la Charte de Bonne gouvernance que le président Macky Sall et son petit groupe ont déjà jeté au feu, le Mouvement Bës-Du-Ñakk, par sa seule présence dans la coalition Bennoo Bokk Yaakar, soit en train de cautionner l’ensemble de ces comportements et pratiques en porte-à-faux avec ses convictions, avec sa ligne politique et avec le sens de son combat.
Vous n’avez pas oublié, Honorable, que dès son admission au deuxième tour, le candidat Macky Sall s’était précipité d’aller parapher, les yeux fermés, cette Charte dont il avait auparavant flétri la plupart des articles.  Il est vrai qu’il n’a jamais (même en rêve) envisagé d’être en situation de se prosterner aux pieds des «chartistes». Or, nous voici à présent devant cet homme manifestement en train de tourner sournoisement le dos à cette même Charte à laquelle, sous la barbe de ses acolytes devenus curieusement muets, il substitue son fameux «Yoonu Yookute» pâle copie des conclusions des assises nationales  et  du même coup, de ranger au placard des oubliettes son slogan d’une primauté de la patrie sur le parti. Ainsi, vous observez que, de plus en plus, ce Book Yaakar qui n’existe que de nom, se réduit à l’APR et à un «Macky-2012» qui oublient que nous sommes déjà en 2013.
A ces frasques s’ajoute le constat que, de façon cynique, le chef de ce parti lilliputien développe des velléités de phagocytage de ses principaux alliés par une récupération sous cap de leurs militants les plus en vue qu’il pousse vers une «transhumance» que nous avions naïvement cru morte et enterrée aux cimetières des péchés «bleus».
Nul n’ignore, pourtant, qu’en dehors de Fatick (remporté sous la bannière de Benno-Siggil-Sénégal) l’APR ne contrôle aucune municipalité  du Sénégal, qu’elle manque tragiquement de leadership local et qu’en tant que détenteur des moyens de l’état dans ces circonstances, la tentation sera forte pour son leader de les utiliser pour corriger ses propres lacunes par le débauchage de militants «alliés».
Refondation morale et éthique
Face à cette claire volonté du régime d’utiliser les moyens de la République pour forcer au silence les principaux acteurs du M.23, de la «société civile» et des mouvements citoyens qui avaient vocation à être les gardiens avisés des ruptures promises, nous avons décidé de faire face en considérant que dans notre odyssée vers la Refondation de nos rêves, l’élection du président Macky Sall n’était qu’une étape à oublier après que nous en ayons tiré toutes les leçons pour l’avenir.
Pourtant, nous avions pressenti que la surprise que vous avez créée lors des législatives alors que les «analystes politiques» et «statisticiens» autoproclamés vous rangeaient dans leur registre des «plus forts restes» ne pouvait manquer de déclencher, alentour, à la fois frustration, jalousie  et  rancœur de la part de ces faux alliés qui vous avaient prématurément envoyé sinon à l’échafaud, du moins au purgatoire. A contrario, la grande sympathie dont vous bénéficiez partout au Sénégal et dans la diaspora est alimentée par la déloyauté et l’ingratitude dont Bës-Du-Ñakk est victime depuis  Mars 2012.
Honorable, vos bases et les masses populaires sont questionnées par cette détérioration de la situation économique et sociale, par cet échec constaté dans la gestion des dossiers que sont, entre autres, les denrées de première nécessité, le coût exponentiel des loyers et de l’électricité, l’insécurité grandissante aux quatre coins du pays, la pauvreté qui envahit et détruit nos foyers, l’amateurisme et la tricherie prouvées dans la gestion des inondations, mais aussi par cette fourberie manifestée dans le dossier de «biens mal acquis» où, à la place des verdicts attendus de toute juridiction digne de ce nom, une Cours dédiée excelle plutôt dans de  ‘‘respectueux’’ marchandages avec des délinquants de notre administration ainsi que dans d’obséquieuses médiations et  négociations «pénales» avec des prédateurs de notre patrimoine foncier et de nos ressources financières.
 
Monsieur le Président, vous ne pouvez pas continuer comme si de rien n’était.  Il nous faut mettre en évidence la réflexion collective de Bës Du Ñakk sur les formes d’organisation qui allient citoyenneté et politique. Avec l’expérience de la coalition Benno Book Yaakar et ses contradictions internes qui la gangrènent déjà, il est légitime de se poser la question de savoir si, oui ou non, cet attelage politique  survivra à l’épreuve de toutes des frustrations mais surtout de cette déloyauté érigées en règle de collaboration ; et vous êtes bien placé pour savoir que le Macky Sall d’aujourd’hui n’est plus celui que le peuple sénégalais a élu le 25 Mars.
Tirer sa révérence…
C’est pourquoi, plus tôt Bës Du Ñakk quittera la Coalition, plus il sera à même d’assumer son orientation stratégique adossée à un ancrage populaire incontestable.
 Honorable, qu’avez-vous à faire à côté de gens qui s’avisent de sublimer des officiers de police qui plongent le nez dans la pègre nauséabonde du trafic de drogue et qui sanctionnent ceux qui les démasquent ?
Qu’avez-vous à faire à côté de gens  qui garantissent des promotions aux défenseurs des homosexuels dans une société pour l’apurement de laquelle vos aïeux, El Hadj Malick, Cheikh Ahmadou Bamba, Cheikh Amary Ndack,  Mame Limamou, Ibrahima Niasse et leurs congénères ont tout donné, tout sacrifié et tant souffert ?
Qu’attendez-vous pour tirer votre révérence à un Bennoo Bokk Yakkar qui a cessé depuis longtemps de vous considérer comme un des siens et où on change des gouvernements sans se soucier de votre point de vue tout en se servant de vous comme d’un faire-valoir ?
Qu’avez-vous à faire dans une Coalition dont le fonctionnement dépend de l’humeur d’un seul homme et dont l’horizontalité est le principal mode de prise de décision ?
Le sombre bilan de votre compagnonnage avec vos «alliés» vous oblige, Honorable, à faire fi de votre patience et de votre sagesse que nous savons par ailleurs sans limite,  pour être à l’écoute de la clameur qui s’élève partout dans le pays.
Il nous faut tirer les leçons de nos échecs depuis l’Indépendance et y compris ceux des deux alternances politiques et, à l’instar de Sisyphe et de Pénélope devant leur rocher, remettre inlassablement le métier à l’ouvrage  de la réinvention d’une nouvelle conscience politique et citoyenne. Faisons-le pour ce peuple angoissé et déçu mais résigné dans la souffrance, le désarroi et le désespoir. Mais qui scrute, néanmoins, à l’horizon, l’avènement de ce «Bës» promis.
Cheikh Tidiane DIOP
Sam-Notaire - Guédiawaye

 
 
 
Mercredi 18 Septembre 2013




1.Posté par gora le 18/09/2013 07:19
lettre tres inspiree...les allies de ubu seront comptables de son bilan.

2.Posté par ndiaye le 18/09/2013 09:31
le pouvoir c est pas le partage ; on te consulte pas tu n as pas de poste je m en vais c trop facile . vous savez quoi au deuxième tours personne ne pouvait aller a l encontre de maky même idy l a fait malgré lui ; sinon le peuple vous sanctionnera souvenez vous de l élection de 2000 avec djibo ka donc disons que maky c est pas les partis qui l ont élu ni bess dou niak mais c est le peuple comme nous l avons fait en 2000 avec wade c est le peuple qui a les cartes en main et jugera maky en 2017 donc laissons le expirer son mandat et après on jugera vous êtes trop presse

3.Posté par Agree le 18/09/2013 09:36
Belle lettre Monsieur Diop. Cette coalition est appelée à mourir de sa belle mort car n'étant bâtie sur la sincérité et l'engagement d,e ne servir que le pays. Le PR n'a pas de courage et il cache son jeu consistant à dire qu'il prône la rupture alors qu'il ne singe que le président Wade.
Ces alliés véridiques le quitteront car il ne réussira pas grand car n'ayant pas de programme ni de vision encore moins de cap. Son seul souci est de caser ses proches et de donner l'air de travailler alors qu'il ne fait que copier. Je pense sincerement que le PR est incapable de diriger ce pays.
Bes du Niack n'a qu'à quitter cette bande de nouveaux profitards.

4.Posté par Chetifa le 18/09/2013 11:24
L'appel sera certainement entendu parcequ'il est encore tant pour ceux dont le Sénégal constitu la priorité de se réunir afin de stopper cette hémorragie d'abord interne. Le peuple souffre dans son écrasante majorité au moment où la bamboula reprend de plus belle. Condamner le blamable et approuver le loyal tel doit etre la véritable posture d'un vrai leader bref d'un vrai citoyen.



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