Abdoulaye WADE passe des promesses aux menaces

« Une promesse, c’est une dette » Dit un proverbe guadeloupéen. Mais ça, il faut le dire à quelqu’un qui est de bonne foi et qui, lorsqu’il en a la possibilité, n’hésite pas à payer sa dette. Cet homme n’est pas Wade. C’est pourquoi, notre très cher président sortant a très tôt fait de nous fixer sur sa conception de la promesse en nous rappelant ce que disait Henry Queuille : «Les promesses n'engagent que ceux qui les écoutent. »

Après vingt six ans de promesses d’opposant et onze ans de promesses présidentielles, pour la plupart non tenues, Abdoulaye Wade avait averti le peuple sénégalais, bien avant cette élection, sur sa capacité extraordinaire à se dédire et à prendre ceux qui croient à ses promesses comme de véritables débiles. Aujourd’hui, il a compris qu’il a été bien compris par les sénégalais. Ces derniers, en guise de réaction à son attitude irresponsable et méchante, lui ont tourné le dos dans les urnes au premier tour ; soixante cinq pour cent des votants étaient contre sa réélection. Au second tour, il se met à proférer des menaces insolites et insolentes.

D’abord Wade dit qu’il est le seul à pouvoir terminer ses grands chantiers. Il oublie délibérément, par inculture notoire, que l’Etat est une continuité. Son égo lui vole sa lucidité. « Le mégalomane a souvent des fins du moi difficiles » Disait Bruno Masure. Il n’a pas tout à fait tort. Senghor, en partant, avait laissé des chantiers inachevés à son successeur. Abdou Diouf de même. Mais le demi Dieu Abdoulaye est le seul à pouvoir terminer les chantiers qu’il a commencés et qu’il s’approprie comme étant « ses chantiers », son bien propre. Détrompez-vous Président ! Ces chantiers sont ceux du Sénégal qui s’aura les finir après votre départ et de la plus belle manière. Ne vous en inquiétez pas ! Partez et laissez le peuple souverain s’en occuper !

Rappelons que le Président avait déjà dit qu’après lui, ce sera le chaos car il ne voit aucun sénégalais en mesure de le remplacer ; sauf, certainement, son fils qui est, selon lui, le plus intelligent et le plus compétent de nous tous. Aujourd’hui, il nous dit : «Si quelqu’un d’autre prend le pouvoir, deux mois après, ce sera la grève des fonctionnaires qui ne seront pas payés… La campagne menée contre moi a créé une situation qui a chassé les capitaux. Ceux qui avaient investi dans le pays se sont retirés ». Non Président ! Permettez-nous de ne pas vous croire ! Ce qui a découragé les investisseurs c’est l’absence de transparence dans votre gestion de l’Etat. Ce qui a chassé les capitaux c’est l’essor de l’impunité, de l’arbitraire et des scandales financiers à foison sous votre règne. Partez en paix et laissez-nous nous occuper de notre pays, de son redressement qui est plus qu’urgent, vu l’état dans lequel vous et votre famille, vous l’avez plongé de façon égoïste !

Toujours au chapitre des menaces, Wade prédit une grève générale s’il n’est pas réélu. Il oublie que, depuis l’ouverture des classes, les élèves sont chez eux ou dans la rue pour cause de grève des syndicats d’enseignants. Il oublie que beaucoup de secteurs du milieu du travail sont minés par les grèves à cause de promesses non tenues de son pouvoir. Président, reconnaissez votre échec et partez, sans commentaire ! Partez et laissez-nous résoudre ces questions cruciales pour l’avenir de notre peuple !

Vous avez vidé les caisses à cause de votre propension à vouloir acheter chaque sénégalais pour votre réélection. Une entreprise qui s’est soldée par un échec patent car notre peuple n’est pas à acheter. Certes, Macky, élu président de la République, aura à gérer de très fortes urgences liées au coup élevé de la vie, aux inondations, aux semences, aux vivres de soudures, à l’aliment de bétail, à l’énergie (les délestages ont recommencé en pleine campagne électorale du second tour), à la crise scolaire, au dérèglement de nos institutions etc. Cependant, Dieu merci, il ne sera pas seul dans cette grande entreprise de redressement national. Il y sera en compagnie de toutes les forces vives qui, aujourd’hui, sont en train de lui apporter le soutien nécessaire à sa victoire. Partez et laissez-nous rapatrier les fonds dilapidés !

Président, soyez-en rassuré ! L’Etat sera désormais géré par une équipe expérimentée. Et, contrairement à vos méthodes despotiques, la gestion solitaire et nébuleuse ne sera plus d’actualité. Elle ne sera plus acceptée par le peuple. Partez et laissez-nous mettre la compétence de nos compatriotes au service du bien être des populations !
Président, vous nous dites : « Je vais gagner très largement au second tour et d’ici trois ans je termine mes chantiers puis je passe le pouvoir à une nouvelle génération qui organisera des prochaines élections libres et transparentes.»
Si, cette affirmation erronée et comique est une nouvelle menace visant la confiscation du pouvoir, sachez que d’autres dictateurs, plus futés que vous, l’avaient dite avant vous ; ils ont atterri tristement à la Cour Pénale Internationale. Partez et laissez-nous corriger les injustices qui minent les leviers de notre développement.

Enfin, Président, faites attention à ceux qui continuent de vous faire croire que vous serez vainqueur au soir du 25 mars 2012 ! Ils vous mentent pour gaver leur bedaine boulimique. Médite cette sage mise en garde de Tristan Bernard : « Le caramel fréquente le palais et menace la couronne. » Maître, votre règne est fini. Bien fini!

Tafsir Ndické DIEYE
Auteur de polars et de poésie dont :
Odeur de sang (polar), Silence ! On s’aime poésie
Editions Le Manuscrit, Paris mars 2008
Horreur au Palais, Coédition NEI/CEDA Abidjan Novembre 2010
Membre du Pôle programme de Macky 2012
E-mail :ndickedieye@yahoo.fr