Abdoul Karim Wade: ‘‘Fèkkè ma ci boolè’’ (Par Ousseynou Nar Guèye)

L’amour n’a pas besoin d’être durable, il a besoin d’être vrai. Il est bien dommage que Karim Wade ait renoncé publiquement, par la voix du plénipotentiaire Oumar Sarr, avant même la bataille des élections législatives, à figurer sur les listes du PDS ! Il serait aussi illusoire de penser qu’il conduira une liste de la fantomatique génération du Concret à ces législatives. Abdoulaye Baldé, qui a compris que la Génération du Concret ne volera pas sous sa propre bannière étiolée et qui a Ziguinchor comme hypothèque, prend du le large du PDS, avant que d’être contesté comme candidant naturel aux legislatives. L’avenir de Karim Wade se trouve au PDS. Et même à la tête du PDS.

Oui, l’avenir de Karim Wade se trouve seulement à la tête du PDS. Espérons que son actuelle « tentation de Venise » soit juste une manière de prendre du champ, pour mieux revenir. Concernant le PDS, Karim Wade peut s’écrier lui aussi, comme l’enfant de la Medina : « Fèkkè Ma Ci Boole ! ». J’ai d’ailleurs écrit tout un texte là-dessus, « Fèkkè Ma Ci Boolè, dans la peau de Karim Wade ». Sa bataille pour la prise de contrôle du PDS aux législatives, je m’en suis réjoui d’avance. Est-ce trop tôt ? Le moment idéal est maintenant et il ne durera pas éternellement.

Le moment idéal est 2012. Le PDS a besoin d’un successeur à Abdoulaye Wade, après que Macky Sall lui ait succédé à la tête du pays. De plus, Abdoulaye Wade a ouvert la voie et fermé le jeu, à la fois en débarrassant son inventaire de l’encombrante CAP 21 et en nommant pour exécuteur testamentaire Oumar Sarr, le premier au Pds à avoir remporté une élection dans un commune, Dagana. Peut-être est-ce aussi une stratégie de Karim Wade? Laisser les cadors historiques se déterminer, périr ou partir, avant pour lui de revenir dans une partie moins serrée.

Ce qui est sûr, c’est que Karim Wade est mal entouré, du strict point de vue de la politique politicienne. Entre des lieutenants dont aucun n’a réussi à faire gagner le candidat Abdoulaye Wade dans son bureau de vote, et des sherpas qui le poussent à ne défendre que son seul honneur devant les tribunaux, et jamais celui de son père Abdoulaye Wade, Karim Wade négligé son héritage au lieu de le faire fructifier. Diantre, le ministre Aliou Sow a bien menacé publiquement, sans que grand monde ne moufte, de faire passer de vie à trépas le premier quidam qui se hasarderais à parler des dossiers publics d’audit où sont cités son alors épouse Amy Samaké. On nous apprend qu’ils sont désormais en (instance de) divorce. L’amour n’a pas besoin d’être durable, il a besoin d’être vrai. Dans le cas de Karim Wade, l’amour entre lui et le PDS aura l’avantage d’être à la fois durable et vrai, depuis le temps qu’il y est membre de fait, de sa seule naissance. Que Karim Wade défende son père et défende son legs politique au sein du PDS ! Sinon personne d’autre ne le fera à sa place, et le PDS sera alors mort de sa belle mort, d’implosions en scissiparités.

Karim Wade s’éloigne du champ de la politique politicienne? Bien. Après avoir accompagné son père en petit pèlerinage à la Mecque, qu’il aille donc écrire un ou deux livres, faire le tour du monde à un rythme moins trépidant que lorsqu’il était ministre de tant de choses, continuer à saluer les bonnes gens du Point E qui ne demande qu’à le voir plus souvent, rencontrer en toute humilité les grands de ce pays et de ce monde. Parce qu’il est le fils d’Abdoulaye Wade, Karim Wade a un destin de présidentiable dans ce pays spécial, qui est le Sénégal. Gageons qu’il ne le sacrifiera pas et qu’il ne s’éloigne que pour mieux revenir.



Ousseynou Nar GUEYE
Communicant , éditorialiste