Un Gouvernement des Maires, une alternative à la candidature socialiste?


Les turbulences politiques de cette semaine font penser que Dakar est atteint de la pathologie de la grosse tête. Le SENEGAL ne se limite pas à Dakar. Que d'aucuns pensent que " si Tanor n'est candidat, Dakar portera la candidature de khalifa Sall, qu'il le veuille ou non" n'engage que leur propre personne. Tanor n'a rien à dire sur sa candidature, pas plus que les autres, car le débat n'est pas encore posé. Il a tous les droits même celui d'être candidat le plus légitimement au monde.
Qui n'a jamais tenté de gagner une élection ne saurait jamais la perdre. Il a perdu deux élections, et alors ? Il a voulu seulement gagner, à deux reprises d'affilée, une élection.
Je serai d'accord même pour une quatrième voire une cinquième, s'il le fallait. Si perdre une élection devrait faire mourrir de honte, Ablaye Wade serait mort quatre fois. Et pourtant la cinquième fut la bonne et à 74 ans. A 67 ans, en excellente bonne santé, Tanor peut bien tenter sa chance en toute honorabilité et en toute légitimité. Mais cela dépendra de lui d'abord, ensuite et seulement, du choix des militants qui diront en définitive qui sera leur candidat.
A 60 ans passé, khalifa sall est de la même génération que Tanor. Il n'a certes pas encore perdu une élection présidentielle, faudrait-il d'abord qu'il tente d'en gagner une, mais sa popularité devrait lui garantir, selon certains, des chances non négligeables pour sa première élection présidentielle. Toutefois, le préalable serait que le choix de candidat des militants porte sur lui après des élections primaires qui le départageront de ses éventuels adversaires socialistes.
Notre préoccupation première pour nous autres militants est que les règles du jeu soient respectées. Quid alors de la candidature naturelle ? Ce débat qui avait fait couler beaucoup d'encre a, de 2009 à 2012, été soulevé par khalifa Sall et Aïssata Tall. On s'en souvient encore ! Le parti avait fini par faire droit à cette revendication en invoquant les textes qui prévoyaient la tenue d'une élection primaire dans le cas où plus d'une candidature à la candidature serait déclarée à l'issue de l'appel à candidature. Que l'on veuille nous imposer une candidature de fait, celui de khalifa ou de quelque autre camarade, serait une hérésie. Soyons légalistes jusqu'au bout.
Par ailleurs, ce qui me semble se dessiner comme un gouvernement des Maires de Dakar ne peut engager le parti en quoi que ce soit. Ce machin cosmopolite peut revendiquer sa non adhésion à l'acte 3 de la décentralisation, mais de là à vouloir mener tout azimut tout combat d'arrière-garde donne à penser qu'il se constitue une improbable fraternité municipale qui se veut transcendante, en dehors des formations politiques traditionnelles. 
Un fait loin d'être anodin a été l'adresse du Moussa Sy à l'endroit des leaders de Benno Bokk Yaakar. De quoi il se mêle ce gars là, après avoir lâché Pape Diop puis Wade et son PDS après leur chute ? Qu'en sera-t-il de sa relation avec le Maire Khalifa au-delà de la Ville ? Rien d'étonnant, somme toute, ce dernier lui a confié la juteuse coordination du projet de pavage de la Ville de Dakar dont furent démissionnés deux de nos maires socialistes pour cause d'ostracisme. Il vient en fait d'expérimenter une nouvelle forme de transhumance : la transhumance municipale. Rien ne le diffère de la transhumance traditionnelle sauf qu'ici il voit ses intérêts amplement satisfaits par la Ville et la fraternité. Toutefois, on est bien solidaire des camarades Maires dans leur combat pour la restauration de leur prérogatives. Seulement il ne faudrait pas qu'on nous transforme un combat initialement d'avant-garde en un nouvelle bataille d'arrière-garde !
 
Mamadou Mbodji DIOUF
MBA Paris Dauphine
Membre du Bureau Politique du Parti Socialiste
mbodj_diouf@yahoo.fr
Lundi 8 Février 2016
Dakar actu




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