Tokyo Sexwale, l'ex-compagnon de Mandela candidat à la présidence de la Fifa


De la lutte anti-apartheid à la Fifa, il n'y a qu'un pas. Le Sud-Africain Tokyo Sexwale, ancien compagnon de cellule de Nelson Mandela, est officiellement candidat à l'élection à la présidence de la Fifa du 26 février, a affirmé l'un de ses assistants samedi 24 octobre. "Tokyo Sexwale va être candidat à l'élection à la présidence de la Fifa", pour succéder au Suisse Joseph Blatter, a affirmé cet assistant.

Dans l'immédiat, on ne savait pas si sa candidature avait officiellement été déposée au siège de la Fifa, à Zurich, avec les cinq signatures de fédérations nécessaires. Richissime homme d'affaires sud-africain et un temps animateur de télévision, Tokyo Sexwale fait figure de candidat du changement à la tête de la Fifa, dont il pourrait devenir le premier président africain.

Un fan de karaté adoubé par Beckenbauer

Première singularité pour cet homme de 62 ans ambitieux et charismatique: il n'a jamais occupé de poste dans l'exécutif de l'instance mondiale dirigeante du football. Il connaît cependant bien la Fifa, puisqu'il dirige depuis 2015 le comité de surveillance de l'instance pour Israël et la Palestine, et siège au comité des médias de la Fédération.

Seconde originalité, plus anecdotique celle-là: Tokyo Sexwale, de son vrai nom Mosima Gabriel Sexwale, brigue la tête de la Fifa, mais enfant il était fan de... karaté. Une passion qui lui a valu le surnom de Tokyo, qui ne l'a plus jamais quitté. Pour ses partisans, Tokyo Sexwale, connu avant tout pour son engagement politique et son sens des affaires, aurait le mérite d'apporter du sang neuf dans une Fifa rongée par un retentissant scandale de corruption.

"A un moment se présentera l'opportunité d'élire un président venu de l'extérieur, du monde économique et politique", avait déclaré début octobre, Franz Beckenbauer, ancien membre du comité exécutif de la Fifa mais toujours très influent. "C'est pourquoi je me réfère à Tokyo, parce que c'est quelqu'un de différent, qui a un passé politique, mais qui connaît aussi bien le monde du sport", avait résumé le champion du monde 1974, avant que Tokyo Sexwale n'annonce officiellement sa candidature.

Il est le 5e candidat officiel après le Français Michel Platini, président de l'UEFA actuellement suspendu 90 jours par la Fifa, le Prince Ali de Jordanie, le Français Jérôme Champagne, ancien secrétaire général adjoint de la Fifa, et David Nakhid, ancien capitaine de la sélection de Trinité-et-Tobago.

Ancien combattant de la branche armée de l'ANC

Combattant de la branche armée du parti de la lutte contre l'apartheid du Congrès national africain (ANC), Tokyo Sexwale suit en 1975 un entraînement militaire en URSS, avant de revenir en Afrique du Sud une année plus tard. Condamné pour terrorisme et complot en vue de renverser le gouvernement, il est envoyé en 1977 à Robben Island.

C'est sur cette 'île-prison qu'il retrouve son compagnon Nelson Mandela. Il sera libéré en 1990, après avoir purgé 13 de ses 18 ans de prison.

Pendant les années sombres à Robben Island, battue par les vents glaciaux en hiver et écrasée par un soleil de plomb en été, il participe à la gestion de "Makana", le club de football des prisonniers politiques de Robben Island. En 2007, le club décroche le statut de membre honorifique de la Fifa.

Au début des années 1990, alors que les lois de l'apartheid sont progressivement abolies, Tokyo Sexwale joue un rôle capital pour tenter de calmer les violences qui embrasent les townships de Johannesburg. A l'avènement de la démocratie en 1994, il décroche, avec le soutien du président Nelson Mandela, le poste de Premier ministre de la plus riche province du pays, le Gauteng, qui englobe Johannesburg et Pretoria.

Le racisme dans le football, "un monstre"

Longtemps pressenti comme candidat à la présidentielle, il quitte finalement la fonction publique au bout de quatre ans, pour créer un empire des mines et communications, Mvelaphanda, et bâtir l'une des plus grandes fortunes du pays. Sa réussite lui vaut d'animer un temps la version sud-africaine de l'émission de télé-réalité "The Apprentice".

En 2009, il reprend du service en politique quand il est nommé au poste ultra sensible de ministre du Logement. Mais il essuie une cuisante défaite politique à l'ANC, trois ans plus tard, lors de son échec à se faire élire numéro 2 du parti. Dans la foulée, fait rarissime en Afrique du Sud, il perd son ministère. Depuis, il se fait discret à l'ANC.

Il s'engage officiellement dans le ballon rond au moment de la candidature de son pays pour le Mondial-2010, en faisant partie du comité de candidature puis de l'organisation de l'événement. Son travail lui vaut d'être nommé au comité anti-racisme et anti-discrimination de la Fifa, un poste qui lui permet de se faire un nom au sein de l'organisation.

Il compare le racisme dans le football "à un monstre qui essaie de s'infiltrer sur les terrains de sport". "Si nous n'agissons pas, si nous autorisons le racisme à l'emporter sur le sport, nous serons voués à une existence dans un monde hostile", lance-t-il en 2014. l doit désormais gagner le soutien des pays africains et d'autres acteurs clés du monde du football s'il veut remporter son nouveau défi.
Dimanche 25 Octobre 2015




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