L’examen de cette problématique révèle des excès dans les slogans porteurs de germes de tension.
Du côté de la coalition Benno Siggil Sénégal avant leur éclatement, tout le discours portait sur:
1- les conclusions des assises de l’opposition, unique thérapie pour sortir le Sénégal de la crise,
2- le président Wade ne peut ni ne doit pas se représenter à l’élection présidentielle. Et s’il se présentait, l’opposition allait boycotter l’élection,
3- candidature unique de l’opposition et non candidatures plurielles,
4- le fustige des projets de Wade en matière d’infrastructures, de recasement des populations dans les zones inondées, le rejet du plan « Taakal » pour faire face à la crise énergétique,
5- la crise de l’école et de l’université imputable au pouvoir
6- les difficultés du monde rural (accès à l’eau, production et commercialisation),
7- le chômage massif des jeunes et surtout celui des jeunes diplômés devrait trouver sa solution dans le changement de régime
8- le secteur industriel et financier connaitra un redressement immédiat,
En résumé, les slogans disaient : le pouvoir de la seconde alternance va donner « du Pain au peuple - du travail aux jeunes- de l’eau et le bonheur aux ruraux (pasteurs, paysans), - la fin des délestages électriques – la fin des crises scolaires et universitaires »
Retenons pour mémoire que l’opposition n’avait pas pu présenter un candidat unique mais plusieurs. Malgré les offices de bonne volonté d’Abdoulaye Bathily et d’Amath Dansokho, les deux ténors de la coalition Benno Siggil Sénégal à savoir Moustapha Niasse de l’Afp et Ousmane Tanor Dieng du Ps n’ont pas pu s’entendre sur l’essentiel : la candidature unique.
Finalement Moustapha Niasse sera le candidat de Benno Siggil Sénégal nouvelle version et Ousmane Tanor Dieng celui de la Coalition dissidente Benno ak Tanor.
D’autres coalitions comme Idy4Président verront le jour autour de leaders cherchant la légitimité et entrant en concurrence entre eux.
Dans ce décor carnavalesque, Macky Sall, - se présenta comme le challenge le plus sérieux en raison de son parcours exceptionnel en peu d’années d’une part ; et de l’autre du fait de l’attitude politique qu’il adopta, malgré le courroux de ses frères de parti, de parcourir tous les coins et recoins du Sénégal pour convaincre les électeurs de ses ambitions présidentielles en vue de relever le défi, en martyr.
En faveur du changement avec les relents du printemps arabe, le M23 s’était créé et poussait l’opposition civile massivement dans la rue.
Macky Sall, refusant de se plier à la stratégie de terre brûlée, était considéré comme un traitre.
C’est à la suite du premier tour du scrutin présidentiel, quand Macky Sall est sorti 2ème après Wade, qu’il y’a eu en sorte la grande désillusion de l’opposition traditionnelle obligée de soutenir sa candidature, malgré leur décision postérieure de boycotter le 2ème tour face à Wade, si l’un d’entre eux devrait se retrouver deuxième.
Nb : les leaders de l’opposition disaient si Wade est présent au second tour, il faut boycotter sa candidature taxée d’illégale.
Macky Sall a bien manœuvré et négocié cette passe difficile où les tenants des assises nationales réclamaient « un régime parlementaire », là où d’autres lui exigeaient des postes stratégiques.
Devenu le président de tous les sénégalais et sénégalaises, et devant l’exigence de satisfaire les mots d’ordre de ralliement qui ont fait tomber le régime de Wade, aujourd’hui Macky Sall se retrouve face à toutes sortes d’urgences, avec un budget qui vient juste d’être adopté, dans un contexte de raréfaction de ressources financières et de crise économique dues au lourd endettement intérieur et extérieur, bien que se justifiant au regard des infrastructures réalisées dans le cadre de l’ambition nationale de se doter d’un environnement des affaires de dimension internationale.
Certains alliés et partisans s’impatientent d’accéder à des postes de responsabilité, tandis que les jeunes de son parti veulent en priorité des emplois ; alors que le président conscient de ses charges nationales, croit au seul credo qui vaille : « la patrie avant le parti ».
Mais il convient de préciser que les deux termes du paradigme ne sont pas pour autant exclusivement antinomiques, si les militants comprennent les nouveaux sacrifices attendus pour atténuer le poids de l’héritage ; et s’impliquent à côté de leurs leaders pour défendre leur pouvoir, et si la gestion vertueuse promise se traduit à plus de sobriété dans la mise et les moyens des autorités dirigeantes.
Chavez a fait rêver son pays, le Venezuela et l’a hissé très haut, grâce à une communication et une simplicité dans la pratique gouvernementale ; surtout à cause du respect des biens nationaux et de la bonne répartie dans la gestion. Le président peut faire autant. Il en a les dispositions et la capacité ; et le peuple sénégalais est profondément religieux, donc réceptif à tout ce qui est vertueux et solidaire.
Il s’agira à cet effet de tirer le meilleur profit des bonnes pratiques de l’histoire mondiale, de bâtir un nouvel élan né de l’espoir à entretenir autour d’une claire vision et d’une volonté de relever ensemble les défis de l’heure.
Mais ce n’est qu’en développant le pays par l’élargissement de l’offre à travers la croissance économique, la production de qualité pour le consommer local et la bonne gouvernance, que la demande sociale pourrait être satisfaite progressivement et inclusivement.
Le M23 s’est dressé en sentinelle pour rendre effectifs les engagements présidentiels. Un ministère de la bonne gouvernance a été créé, mais comprend –il véritablement que sa mission première est de mobiliser et d’impliquer les ressources politiques dans la recherche de solutions consensuelles et planifiées en vue de répondre aux attentes des populations?
Il parait que non, si l’on constate le tatillonnement du ministre Abdoul Latif Coulibaly qui semble s’engager dans des domaines relevant de missions dévolues à la primature et au Code des investissements ainsi que des procédures. Il faut procéder à des réglages immédiats pour éviter les conflits de compétences et les pertes de temps.
En d’autres termes, pour les jeunes et les femmes, il s’agit d’ouvrir les chantiers de l’espoir ou les chantiers du social, grâce à des montages affinés de stratégies d’appropriation intelligente de la vision du Chef de l’Etat.
Tous les programmes Yonu Yokute porteurs à la fois de croissance et d’emplois n’ont nulle part d’autres niches que dans le secteur de l’Agrobusiness, dans la réhabilitation et l’extension des TP, du Chemin de Fer, dans la pisciculture et l’industrialisation. Tout ce qui manque comme pour la première alternance, c’est la force politique entrainante. A défaut que les politiques s’appuient alors sur la société civile (dont le M23) et le service civique national mieux préparés pour de telles tâches qui demandent un peu de rêve !
Pape Mody Sow,
Journaliste Consultant,
Administrateur Général du Parti de l’Espoir et du Progrès-Pep (PEP)
Journaliste Consultant,
Administrateur Général du Parti de l’Espoir et du Progrès-Pep (PEP)
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