Philippe Buchbinder, Pape Diop, Bibo Bourgi et Fabienne Diouf: personnages-clé d’une affaire de gros sous (Par Cheikh Yérim Seck).


Philippe Buchbinder, Pape Diop, Bibo Bourgi et Fabienne Diouf: personnages-clé d’une affaire de gros sous (Par Cheikh Yérim Seck).
DAKARACTU.COM Philippe Buchbinder est arrivé désargenté au Sénégal en 2003. Poursuivi pour évasion fiscale et trafic de devises au profit de Fabien Ouaki, propriétaire de la chaîne de magasins discount Tati, il a fui la France. Réfugié dans notre pays, ce juif tunisien de 56 ans, marié à une de ses compatriotes du nom de Myriam, a d’abord habité à Saly Niakhniakhal où son logeur l’a expulsé pour défaut de paiement d’un loyer mensuel de… 75 000 francs cfa. Cet homme qui se déplaçait en taxi et était, au vu de son look, manifestement sans le sou, a été présenté fin 2003 à Pape Diop, alors tout-puissant maire de Dakar et président de l’Assemblée nationale, un personnage formaté business qui fait des affaires depuis toujours, bien avant l’avènement du pouvoir issu de l’alternance du 19 mars 2000.
Conformément à ce vieux complexe de colonisé qui pousse bien des têtes couronnées nègres à « dealer » avec des Blancs en guenilles, arrivés en Afrique en chasseurs de primes, Philippe Buchbinder s’est brutalement retrouvé à la tête du projet du centre commercial 4C, dans lequel la mairie dirigée par Pape Diop a injecté un terrain de 22000 m² en plein centre-ville de Dakar (prix coûtant : 1 million à 1,2 million le m²) et 3,04 milliards de francs cfa. Le jackpot ! Buchbinder, qui s’est du jour au lendemain retrouvé à la tête d’un tel patrimoine, n’a pas tardé à initier une vaste opération de spéculation foncière qui l’a rendu riche à milliards en un clin d’oeil. Il a alors emménagé aux Almadies, le quartier le plus huppé de Dakar, dans une énorme villa qu’il a louée à Fabienne Diouf, fille de l’ancien président Abdou Diouf.
Dès son arrivée sur les lieux, il a engagé des travaux de rénovation de plus de 100 millions. Mais beaucoup d’entreprises qui ont participé à retaper l’antre du nouveau riche n’ont par la suite pas été payées. Buchbinder n’a pas déménagé chez Fabienne Diouf par hasard. Cette vaste demeure jouxte celle de Jean-Claude Mimran, magnat du sucre, un Juif établi de longue date au Sénégal, industriel prospère et puissant homme de réseaux. Buchbinder n’a finalement pas réussi à s’imposer dans le cercle de ce businessman prudent, méfiant vis-à-vis des fortunes brutales.
Philippe Buchbinder, qui a profité de sa nouvelle position pour pénétrer dans certains réseaux et se faire des amis, a engagé un autre projet, cette fois-ci immobilier, en février 2007. Son partenaire ? Bibo Bourgi, ami de Karim Wade, tout-puissant fils du chef de l’Etat sénégalais, Abdoulaye Wade. « Eden Roc » (ex-Hard Stand), le nom du projet, désigne un immeuble ultramoderne, situé sur la corniche ouest de Dakar, à côté de l’hôtel Sokhamon, sur une bande de terre qui se jette dans l’océan Atlantique. Comment s’est opéré le déclassement à leur profit de ce terrain « pied dans l’eau » qui relève du domaine public maritime ? Si Buchbinder n’est peut-être pas réseauté, son partenaire sur le papier, lui, est très bien introduit et dispose d’amitiés stratégiques.
Construits dans un style futuriste, les 24 appartements d’Eden Roc, bâtis chacun sur une superficie de 540m², ont été vendus à 1 million d’euros pièce avant la fin des travaux. Buchbinder a empoché des millions d’euros en sus du pactole qu’il avait amassé aux 4C.
En véritable chasseur de primes, il n’avait plus rien à faire au Sénégal où il était venu dans le seul dessein de faire des « coups ». Comme à l’époque où les colonisateurs déclaraient l’Afrique terra nullus et y débarquaient pour ramasser des trésors et les expédier en Occident, Buchbinder s’en est allé en 2008 comme il était venu. Sans crier gare ni même dire au revoir à ceux avec qui il a « fait affaire ».
Aux dernières nouvelles, celui qui avait débarqué fauché à Dakar vit entre Miami Beach et les Seychelles, un paradis fiscal et un paradis tout court pour milliardaires à la retraite. Ce qui choque, ce n’est pas sa saga, malheureusement banale, du Blanc pauvre qui vient exploiter le complexe néocolonial des Africains pour s’enrichir. C’est que ce coup classique déborde du cadre des Républiques bananières, son nid naturel, pour être expérimenté au Sénégal, où des structures publiques solides ont toujours barré la route à de telles pratiques. Les temps ont bien changé.
Mercredi 12 Octobre 2011



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5.Posté par beuguemouride le 12/10/2011 09:41
voter macky sall il va auditer tout le monde d'alleurd c pour cela il a été renvoyé du gouvernement. il voulait auditer certains

4.Posté par ndeycoumba le 12/10/2011 09:31
Bravo
c'est ce qu'on appelle du journalisme d'investigation et les journalistes senegalais n'en font pas à part CYS et Latif Coulibaly
une chose, ouvrez une ecole et apprenez leur à ecrire en Français, pitié

3.Posté par ma waarou le 12/10/2011 09:27
décidément vous êtes allergiques aux remarques et critiques négatives, alors que ça n'a rien d'insultant ou de vulgaire. Bravo la censure!

2.Posté par Cayorman le 12/10/2011 09:00
I nous faut une revolution...c'est la seule solution. Je ne vois personne dans la l' opposition qui peut venir et faire la lumiere sur tous ces crimes. Peut etre Ibrahima Fall.

1.Posté par ma waarou le 12/10/2011 08:56
Bon papier. Je crois qu'il faut pousser les investigations et déterminer les crimes et délits commis par les autorités sénégalaises dans cette affaire. Qui a présenté ce monsieur à Pape Diop? Je n'imagine pas un instant que les montages financiers "bizarres" n'ont pas bénéficié à Pape Diop et son entourage...Une enquête approfondie peut donner un bon livre.

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