Macoumba Diouf, maire de Latmingué et directeur de l’Horticulture : «Les dernières locales ont permis l’émergence des vrais leaders de l’Apr»

Macoumba Diouf, compte tenu de nombre de difficultés notées un peu partout à travers le pays, est-ce que l’Alliance pour la République (Apr) est un parti qui se porte bien ?

Effectivement, l’Apr est un parti qui se porte bien car, ces semblants de divergences de vues qui sont notées ça et là, sont un signe de vitalité d’une formation politique. Il faut savoir que cela montre qu’il y a une certaine démocratie. Même s’il faut rappeler qu’il faut rester dans certaines pro- portions pour ne pas verser dans l’indiscipline.
Alors, je peux dire que ces bouillonnements internes à l’Apr sont un signe de vitalité interne. Seulement, il faut aussi reconnaître que de temps en autre, il y a certaines dérives qui sont plus proches de l’indiscipline. Donc, il faut contenir ce phénomène pour éviter une certaine anarchie. L’autre vérité est toute simple. Sans verser dans ce débat qui veut l’on encourage ou non la transhumance, il est nécessaire de dire une certaine vérité.
En effet, s’il y a des hommes politiques d’une certaine dimension, qui représentent quelque chose que tout le monde connaît et qui ont une expérience politique fleuve, s’ils déci- dent de rejoindre l’Apr, cela veut dire que c’est un parti qui sait convaincre avec les nombreuses réalisations du Président Macky Sall et de son Gouvernement. Il ne faut pas oublier qu’il y a des gens qui n’ont jamais fait de la politique qui ont également rejoint nos rangs. Tout cela prouve la vitalité du parti qui se porte bien. Tout ce que je demande, c’est bien gérer nos relations avec les partis alliés en faisant davantage d’efforts pour éviter certaines réactions contre des partenaires. Et, cela peut permettre une stabilisation dans la gestion des affaires de l’Etat.

Moustapha Cissé Lô, responsable au sommet, a pourtant défendu que l’Apr ne se porte pas bien. Partagez- vous une telle position ?

Encore une fois, je rappelle que notre formation politique se porte bien et reste un grand parti car, il ne faut pas oublier ce qu’elle représente dans le pays. N’oublions que c’est quatre ans après sa création que le parti est arrivé au pouvoir. Cela veut dire beaucoup de choses tout en y associant la politique de rupture du Président Macky Sall et les avancées aux plans économique et social avec de nombreuses réalisations.
Alors, un tel parti avec de grosses figures, c’est l’inverse qui aurait étonné. C’est-à-dire, un parti où personne n’a pas le droit de donner ses positions avec des gens muselés. C’est tout simplement pour dire, que Moustapha Cissé Lô a bel et bien le droit de dire les choses en fonction de sa vision et de son analyse.
En tout cas, je dois dire que beaucoup de responsables du parti qui partagent ma vision des choses, tout en rappelant que sa déclaration l’engage, même si ce n’est pas la première fois. Je respecte son point de vue, mais à mon avis, le parti marche.
Dans ma région qu’est Kaolack, je n’ai pas cette impression que le parti ne marche pas bien. Au niveau national, les gens penseront également le contraire par rapport à ce qu’a dit Moustapha Cissé Lô.

Au niveau du département de Kaolack où les tiraillements entre responsables font légion, quel travail abattez-vous sur le terrain pour la massification de votre parti, mais aussi et surtout pour l’unité ?

Notre objectif est d’arriver à lever toute contrainte qui peut gêner la réélection, dès le premier tour, du Président Macky Sall. Le véritable souci est actuellement le manque d’unité. C’est dire que nous nous battons pour réussir ce pari. Pour cela, nous avons un cadre au niveau du département qui regroupe l’ensemble des maires, coordonné par Alexandre Ngom. Nous échangeons et discutons. Chacun a sa légitimité, mais nous sommes plus forts que si nous sommes en- semble.
Toutefois, dans certaines communes, les rapports de force avec l’opposition ne sont pas les mêmes. C’est pourquoi, nous faisons tout pour renforcer les zones les plus faibles pour qu’en perspective de la prochaine présidentielle, que Kaolack puisse réélire le Président Macky Sall dès le premier tour avec des résultats records. Peu importe la date, il nous faut gagner les élections surtout que nous avons un seul candidat qui se nomme Macky Sall. J’appelle tout le monde à parachever cette unité. Nous ne sommes pas des adversaires politiques, alors, il nous faut une complémentarité.
Ce manque d’unité n’est-elle la conséquence d’une non structuration de votre parti politique ?
Dans le contexte actuel, je répondrai par la négative. Si à cette date où je vous parle, nous n’avions pas encore tenu les élections locales, j’aurais répondu autrement. Mais, à la faveur de ces locales, je me refuse d’accepter que l’on mette sur la table un argument faisant allusion d’un déficit de structuration qui expliquerait certaines choses liées au fonctionnement de l’Apr. Ce qui est sûr, lors des investitures, le Président Macky Sall a laissé faire, disant que tous ceux qui voulaient se mesurer pouvaient y aller, mais qu’il sanctionnerait les perdants. Non seulement, il l’a fait, mais cela a permis l’émergence des vrais leaders du parti. Je veux dire par là, les gens qui
sont représentatifs.
Du coup, les perdants sont forcément entrés dans les rangs. Et, le Président Sall avait dit, lorsqu’il nous recevait dans un hôtel de la place, que ceux qui ont gagné sont d’office les responsables de l’Apr dans leurs localités. Donc, à la base, il y a des responsables légitimes.

Vous êtes le directeur de l’Horticulture. Quel est le problème avec l’oignon et qu’est-ce qui explique cette flambée des prix à quelques semaines de la fête de la Tabaski ?

Sur le gel des importations de l’oignon, cela n’est pas décidé par une structure, mais plu- tôt par un comité où l’Etat est représenté par l’Autorité de régulation des marchés (Arm), la Direction de l’horticulture, les douanes. A leurs côtés, il y a les producteurs, les importateurs d’oignons, les distributeurs d’intrants et les transporteurs. Donc, c’est une décision qui est partagée à propos du gel de l’importation pour permettre de pouvoir écouler l’oignon local. C’est le même comité qui décide de lever ce gel. Cela se passe ainsi tous les ans. Cette année, cette structure a décidé à la date du 02 septembre, de lever le gel sur l’importation de l’oignon, en se fondant sur la disponibilité de la denrée sur le marché en ce qui concerne l’oignon local. Seulement, force est de reconnaître que dans ce groupe, tout le monde n’a pas les mêmes intérêts. Mais, nous faisons tout pour protéger les consommateurs.
Je rappelle que cette année, nous avons dépassé l’objectif de production de 2016 qui était de 350.000 tonnes pour être autosuffisant.
Pour l’année 2015, sommes à 367.000 tonnes. Mais, nous n’arrivons pas encore à conserver ce stock pour sa consommation pendant douze mois. Pour preuve, la levée du gel sur l’importation alors que nous avons produit plus que prévu. Encore une fois, nous faisons face au problème de la conservation, même s’il faut reconnaître que des solutions pérennes seront apportées. Il faut arrêter certaines pratiques qui font que le prix de l’oignon atteigne des proportions inhabituelles. C’est cela la réalité !

Libération