LIBRES ECHANGES avec Hamidou Diop, Secrétaire général du Conseil National du Patronat du Sénégal (CNP)


LIBRES ECHANGES avec Hamidou Diop, Secrétaire général du Conseil National du Patronat du Sénégal (CNP)
Vous avez tenu récemment une réunion du Groupe d’Impulsion Economique Sénégal-Maroc dans le cadre de la visite de sa Majesté le Roi Mohamed VI. Quel bilan avez-vous fait ?

Il faut tout d’abord rappelé que c’est le 25 Mai 2015 que son Excellence le Président Macky SALL et sa Majesté Mohammed VI ont procédé à l’installation officielle du Groupe d’Impulsion Economique Sénégal-Maroc pour qu’une nouvelle dynamique de coopération économique et de partenariat d’affaires s’installe entre nos deux pays.

Il a été ainsi mis en place premièrement, une Co-Présidence Ministérielle du Groupe d’Impulsion Economique avec les Ministres des Affaires Etrangères des deux pays, deuxièmement, une Co-Présidence Secteur Privé du Groupe d’Impulsion Economique avec les Présidents de la CGEM et du CNP et troisièmement, onze (11) Groupes de Travail Sectoriel co-présidés par des Chefs d’entreprise sénégalais et marocains.
 
Depuis l’installation du GIE plusieurs rencontres d’échanges et de concertations ont eu lieu entre certains membres du GIE des deux pays, mais je dois préciser que les positions et priorités majeures du secteur privé national visent avant tout à définir une feuille de route nationale permettant de bâtir un partenariat « gagnant » pour notre pays et porteuse de développement de nos capacités nationales productives.

Pour cela nous avons souligné l’urgence de partager une vision prospective commune Etat/Secteur Privé National de notre diplomatie économique avec le Maroc, d’avoir plus d’informations sur les différents accords et conventions avec le Maroc, d’identifier nos priorités et centres d’intérêts majeurs dans nos relations avec le Maroc, d’encadrer le processus de concertations publiques et privées entre les deux parties, et de définir des mécanismes de décision et de suivi des accords bilatéraux Sénégal-Maroc. 

Ainsi pour l’atteinte de nos objectifs d’un partenariat « gagnant » pour le Sénégal, le privé national a souhaité l’implication de l’Etat pour la réalisation des travaux majeurs suivants : premièrement identifier et examiner dans les secteurs et sous-secteurs d’activités des Groupes de Travail, la nature des projets à nouer avec le Maroc des alliances stratégiques en matière d’investissements, de financement, de sous-traitance, de transfert de technologies, de commerce, etc. Deuxièmement favoriser autant que possible la contractualisation entre le privé sénégalais et le privé marocain, plutôt que cette alliance disproportionnée entre l’Etat du Sénégal et le privé marocain. Troisièmement proposer dans le cadre de la contractualisation entre privé national/privé marocain des mécanismes organisationnels, ainsi que des mesures de soutien et d’accompagnement aux privés nationaux.
Il y a aussi la promotion du «Savoir-faire» et le «Made in Sénégal» aussi bien au Sénégal qu’au Maroc, ainsi que le suivi des propositions et recommandations issues des concertations maroco-senegalaises. Et enfin informer et sensibiliser le secteur privé national des opportunités de coopération économique et de partenariat d’affaires avec le Maroc, ainsi que de l’état d’avancement des différents projets, accords et conventions.

Comme vous le voyez, le secteur privé national sait ce qu’il veut et a une parfaite visibilité des actions à réaliser pour ce partenariat gagnant-gagnant avec le Maroc, mais aussi avec différents pays-partenaires du Sénégal. A notre Etat de nous prêter cette oreille attentive dans le cadre de notre diplomatie économique.

De la rencontre avec les deux Chefs d’Etat, il faut savoir que seulement deux (2) accords ont été initiés et proposés par le GIE, à savoir, un 1er visant la création d’un centre de compétences numériques (CNN) et un 2nd portant sur le partage d’expériences dans le domaine l’économie sociale et solidaire. Le reste il s’agit principalement d’accords et de conventions avec l’Etat. 

La création du CNN va nous permettre de faire de Dakar un Hub régional de compétences des emplois et métiers numériques. Quant à l’accord sur l’économie sociale et solidaire, il va permettre le développement d’activités créatrices d’entreprises et génératrices de revenus pour les populations. 


Quelques voix se sont élevées dans la presse pour déplorer la présence des Présidents du Patronat (CNP, CNES, UNACOIS) lors de la visite du Chef de l’Etat à Varsovie, qu’en pensez-vous ?

Nous avons eu en effet l’honneur d’être conviés par le Chef de l’Etat au Forum Economique Pologne-Sénégal. Et j’ai lu des articles de presse se permettant de porter un jugement sur la présence et l’apport des Présidents des organisations patronales.

Lorsque j’entends dire que « … le Patronat est dans les valises du Président Macky SALL… », je réponds : Je préfère être dans les valises de la République plutôt que dans les trolleys  d’inconnus et dont l’action ne se limite qu’à la parole. 

Je m’étonne d’entendre des propos diffamatoires et visant à porter le discrédit venant de personnes qui ne sont ni membres de l’organisation patronale, ne cotisent pas et ne savent ni son mode de fonctionnement, ni le nombre de ses entreprises membres, ni le contenu du mandat confié par ses entreprises au Président ! Dis donc, le tout est permis….

Je rappelle aussi à tous ceux qui sont en quête de reconnaissance sociale et qui veulent porter la voix du secteur privé, que la légitimité ne peut être donnée que par les entreprises.  Cette légitimité patronale est encadrée par l’enquête de représentativité nationale conformément à la Loi : nombre d’entreprises membres, nature de leurs activités, chiffres d’affaires, emplois permanents, masse salariale payée, cotisations versées aux institutions sociales, impôts payés, volume des investissements, etc. Un récépissé d’existence du Ministère de l’Intérieur ne saurait suffire.

Quant au CNP, confédération patronale regroupant 34 groupements professionnels de base parfaitement structurés et fortement représentative des secteurs d’activités de l’économie, il ne peut être un « fonds de commerce » ni pour son Président, ni pour ses entreprises membres. Nous n’avons pas vocation à distribuer de quelconques marchés et encore moins de jouir de dividendes de voyages présidentiels. Ce n’est pas notre rôle. 

Quant à la durée du mandat des présidents, je dis de grâce…, laisser les entreprises membres qui donnent cette confiance apprécier. Et pour ce qui du CNP, Baidy AGNE est le 3ème Président du CNP et nous sommes bien loin des 35 ans…   

Concernant aussi cette présence des Présidents des Organisations Patronales aux voyages présidentiels, cela n’a rien d’exceptionnelle. C’est une pratique normale des Chefs d’Etat dans tous les pays en quête de plus de croissance économique et d’investissements privés. Regardez le Président Hollande avec le MEDEF ; Et tout dernièrement avec sa Majesté le Roi du Maroc qui a mis un avion à la disposition de la Présidente du Patronat Marocain et sa délégation ! 

Et enfin il est bon de rappeler que l’émergence ne se construit pas par des propos diffamatoires, des insultes et invectives, mais plutôt par le travail et l’effort de tous.


Le Quotidien
Samedi 12 Novembre 2016




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