L’altérité que Cheikh Ahmadou Bamba incarne dérange toujours l’Occident. ( Par Khadim Mbacké fils de S. Abass khalif de Darou Mouhty)

« Tiens, pourquoi il porte une robe, lui ? »


L’altérité que Cheikh Ahmadou Bamba incarne dérange toujours l’Occident. ( Par Khadim Mbacké fils de S. Abass khalif de Darou Mouhty)
Pour tenter de méditer sur cette phrase interrogative, j’ai pris la culture comme cadre de 

réflexion. En effet, je crois dure comme fer que ce qui dérange le plus l’Occident en la 

personne de Cheikh Ahmadou Bamba, c’est le fait qu’il incarne une altérité. C’est pour cela,  

Damien Glez tente de ridiculiser le Kaftan, représentant toute une identité culturelle, porté 

par Khadimou Rassoul. Le monde tel que le conçoit l’Occident s’impose comme un système 

universel en dehors duquel il devient impossible d’évoluer. Par conséquent toute altérité 

constitue un crime de lèse-majesté. Pour ce faire, je vous propose un retour en arrière, soit 2 

siècles auparavant pour découvrir comment les Européens voyaient les Africains. En effet, il 

y avait au sein des français trois groupes qui prédominaient, à savoir les philanthropes, les 

racistes et les Républicains. 

Tout d’abord, les philanthropes et les missionnaires développaient des idées assimilatrices 

et conversionnistes selon lesquelles les Noirs ne pourraient être sauvés que s’ils adoptaient 

le christianisme occidental. De plus, leur conversion au christianisme leur permettrait de 

combler leur retard en rattrapant l’Europe. Ils refusent de leur reconnaître une altérité ou du 

moins on pensait que leur arriération allait cesser avec la christianisation. 

Quant aux racistes, comme de Gobineau, ils considéraient que le Noir se situe dans la 

catégorie des animaux et qu’il ne serait jamais civilisé. Contrairement aux missionnaires et 

philanthrope, Ils soutenaient que la religion chrétienne ne devait être considérée que 

comme un moyen pour faire accepter aux Africains leur situation d’arriération comme on 

utilisait cette religion en France pour maintenir les pauvres dans le calme. Par ailleurs, Paul 

Leroy-Beaulieu affirme qu’il est du devoir des peuples modernes «  ne pas laisser la moitié 

du globe à des hommes ignorant et impuissants ». Proudhon, soutenant une possibilité de 

dompter les Noirs, remarque que «  tout ce que nous avons à faire, nous, race supérieure 

vis-à-vis des inférieures, c’est de les élever jusqu’à nous, c’est d’essayer de les améliorer, 

de les fortifier, de les instruire et de les ennoblir ».

Enfin, les Républicains, à l’exemple d’Edmond Louveau qui fut administrateur supérieur de 

la Côte d’Ivoire au cours des années 1930, pensaient que les Noirs étaient si arriérés qu’ils ne 

pouvaient pas accéder aux idées abstraites diffusées par l’Occident.  Pire, Lévy-Bruhl dit que 

les Noirs ne pouvaient jamais comprendre le christianisme qui est une religion dont le 

dogme et la moralité sont trop élevés pour leur compréhension. Il dit qu’il fallait donc du 

doigté dans la diffusion du christianisme pour ne pas déstabiliser et démoraliser les sociétés 

africaines.

 Les philanthropes, les racistes et les Républicains insistait tellement sur ces idées que 

certains Africains finissent par croire que l’image que l’Europe leur donne leur correspond 

réellement. Ainsi, Cheikh Anta Diop dénonce «  Il est fréquent que des Nègres d’une haute 

intellectualité restent victimes de cette aliénation au point de chercher de bonne foi à 

codifier ces idées d’une prétendue dualité du Nègres sensible et émotif, créateur d’art, et 

du Blanc  fait surtout de rationalité. »

Mais l’égyptologue   prône le pardon sous prétexte que les poètes de la « négritude » 

« n’avaient pas à l’époque les moyens scientifiques de réfuter ou de remettre en question 

de pareilles erreurs ». Donc ils ne pouvaient que répéter ce qu’ils ont appris dans la bouche 

des Blancs, à savoir l’incapacité de l’homme noir de créer une civilisation et une culture. 

Léopold Sédar Senghor soutient que « l’émotion est nègre et la raison hellène » ; au même 

moment Aimé Césaire qualifie les Noirs comme : «  Ceux qui n’ont inventé ni la poudre, ni la 

boussole ; ceux qui n’ont jamais su dompter ni la vapeur, ni l’électricité ; ceux qui n’ont 

exploré ni la mer ni le ciel». Le mérite de Cheikh Anta Diop est de briser ce mythe que 

l’Europe cherchait à perpétuer éternellement. Ses découverts ont fini par lui valoir les éloges 

de  Léopold Sédar Senghor : « Le professeur C.A Diop a, plus que tout autre Africain, établi 

méthodiquement, scientifiquement que les Egyptiens, c’est-à-dire les fondateurs, avec la 

première écriture, de la première civilisation digne de ce son étaient des Nègres».

Si Chiekh A. Diop a réussi à détruire le mythe, c’est qu’il avait été influencé par la doctrine du 

mouridisme dont l’un des missions du fondateur était de redonner confiance à l’homme 

noir. C’est pour cela que Cheikh Ahmadou Bamba rectifie en disant que « la noirceur de la 

peau ne peut en aucune façon être un signe d’idiotie et un manque d’intelligence ». Par 

ailleurs, dénonçant la peur des Noirs pour les Européens, Khadimou Rassoul dit : «  Il y a 

parmi eux (les Noirs) qui, quand ils voient un Européen, le considèrent comme un ange 

venant de Dieu ». Cette peur dont Serigne Touba parle est dénoncée aussi par Aimé Césaire 

dans Le Discours sur le colonialisme : « Je parle de million d’homme à qui on a inculqué 

savamment la peur, le complexe d’infériorité, le tremblement, l’agenouillement, le 

désespoir… »

C’est cette altérité, incarnée par le serviteur du prophète, qui dérange plus d’un et surtout 

l’Occident, qui après avoir vaincu le communisme, voit dans l’islam son seul protagoniste.  

C’est pour cela la phrase de Damien Glèz, « Tiens, pourquoi il porte une robe, lui » constitue 

plus une attaque à la culture et à l’identité sénégalaise qu’une atteinte à la religion 

musulmane. Même si le discours suprématiste Blanc était plus cru durant la colonisation, 

l’Europe nous regarde toujours de haut. Rappelons le Discours de Nicolas Sarkozy à Dakar où 

il défini l’Africain comme étant un homme qui n’est pas « assez entré dans l’histoire ». 

Quand on analyse également le discours de François Hollande à l’endroit des Africains, on 

peut dire que c’est le même. Un jour, un journaliste lui a demandé ce qu’il pensait des 

manifestations africains qui brûlaient le drapeau français. Dans sa réponse, Hollande a dit : 

« il faut les punir ». Je crois qu’il n’oserait pas utiliser le mot « punir » à l’endroit des 

manifestants français, américains ou européens. Ceci montre que la France adopte toujours 

une attitude paternaliste avec l’Afrique. Nous devons répondre qu’on a le droit d’être 

différent, qu’on a le droit de rester nous-mêmes, qu’on a aussi le droit de nous prémunir 

contre toute dépravation et toute corruption de notre religion et notre identité culturelle.

                                                 Par Khadim Mbacké fils de S. Abass khalif de Darou Mouhty.
Vendredi 5 Février 2016




1.Posté par assane mouride fall le 07/02/2016 17:53
dieuredieuf serignebi.le blanc avait peur de khadim rassoul,et vous les petits fils?la solution moy selal ta dekek alkhourane ak khasida.

2.Posté par mouride fier de serigne touba le 08/02/2016 01:29
voici comment nous traite iirespectueux francais mediapart notre CHEIKH

Il y a environ un an, je postais sur mon mur Facebook un édito (https://www.facebook.com/ezzatdine.abdulbaghi/posts/959154334094902) dans lequel j'estimais, au vu de certains évènements qui se déroulaient alors en Afrique suite aux attentats de Charlie Hebdo, qu'il était grand temps, pour nous autres nègres, de mesurer l'ampleur et l'impact réels de l'islamisme radical wahhabito-intégriste et salafisto-jihadiste sur nos sociétés négro-africaines. En plus clair, d'estimer, par les évènements qui couraient et qui courent encore aujourd'hui, les probabilités d'un futur passage à l'acte par des fous d'Allah obéissant à une fatwa morbide et prêts à massacrer pour laver, par le sang, le nom de Mahomet sali, bafoué, insulté et diabolisé par un… croquis (sic).

Eh bien, nous n'y sommes plus très loin : si aucune fatwa n'a, à ce jour, été lancée depuis Dakar par un sombre illuminé lambda, les menaces de mort ont elles, été bel est bien identifiées.

Et c'est Damien Glez, un confrère célèbre, qui en fait aujourd'hui, à son corps défendant, les frais. Pour un dessin publié dans Jeune Afrique *, le voici sous la vindicte d'un groupe de fanatiques enfiévrés et prêts à faire couler le sang au nom d'Allah… Pardon !... de Mahomet… re-pardon !... au nom d'un certain Cheikh Ahmadou Bamba, ci-devant prophèteau d'une secte sénégalaise dont le troupeau se fait appeler les Mourides, et lequel prophèteau aurait été, comme d'habitude, sali, bafoué, insulté et diabolisé par un… croquis (re-sic). Et, re-comme d'habitude, cet affront doit être lavé par la mort et le sang de l'impertinent blasphémateur.

C'est ce qui se profère, à l'heure où ces lignes sont tapées, comme diableries dans les rues de Dakar, diableries officiellement soutenue par les très hautes sphères politico-économiques du pays. Comme quoi, désormais, n'importe quel gus niaisement béatifié par on ne sait quel esprit malin peut voir, lui aussi, son honneur lavé par le troupeau que lui et son dieu aura amassé au cours des ans. Hum… On est tombé bien bas, bien bas. Quelque part dans les cieux d'Allah, ça doit pas t'y faire des jaloux et des mécontents, que tout ça ?

Ainsi, à ces hurlements au meurtre, auxquelles les plates et malheureuses excuses présentées par Jeune Afrique n'y auront fait que dalle, il faudra ajouter la partition du gouvernement sénégalais qui, par un communiqué, apporte son soutien en exprimant, à la suite du président Macky Sall, "toute son indignation et condamne, avec fermeté, cette maladresse incompréhensible et inadmissible de la part d'un organe de presse qui s'identifie à l'Afrique et censé connaître, défendre et promouvoir la culture et les valeurs africaines». Déjà, on pourrait discuter sans fin de la culture et des valeurs africaines qu'ils évoquent dans un tel contexte, mais on peut surtout en déduire catégoriquement que dans leur entendement, la culture et les valeurs de l'Afrique ne comprennent ni libertés, ni laïcité, ni droits de l'homme, etc. Flatteur ! Tel étant le cas, il faudrait sérieusement se demander ce que les officiels sénégalais font de leur république, de leur démocratie et de tous les droits, valeurs et libertés qu'elles induisent et pour lesquelles ils ne ratent jamais une occasion de nous les rabâcher ? À la poubelle dès qu'il s'agit de secte et/ou de religion ? 'Faut croire que oui.

Passe encore qu'un obscur mouride, punaisé quelque part autour de l'an 1890, n'ait jamais entendu parler de la liberté tout court ou d'expression, ou même de république. Mais que dire lorsqu'un gouvernement tout entier, en 2016, fait preuve des mêmes obscurantismes et soutien allègrement son peuple qui profère des fatwas pour s'auto-rendre justice à propos d'un dessin jugé blasphématoire ?

En fin de compte, l'amateurisme de ce gouvernement irresponsable le pousse à des contradictions finalement imbéciles et nous impose au moins une question dramatique : sans vouloir jouer au prophète de malheur, le Sénégal – à travers Macky Sall lui-même – ayant marché le 11 janvier à Paris pour condamner les assassinats de Charlie Hebdo, quelle serait alors sa position si les cerbères mourides qu'il encourage et encense aujourd'hui rééditaient cette prouesse démoniaque mais à Ouagadougou cette fois-ci, au siège du Journal du Jeudi, où travaille Damien Glez et d'autres dessinateurs ? Où ailleurs dans un autre journal ? Oserait-on, alors, lui nier toute responsabilité ? Quelles seront les conséquences d'un tel acte ? Pourra-t-on empêcher l'escalade de la haine et de la violence qui sans conteste va s'emparer de la rue ouagalaise pour crier vengeance ?



dessin-02
dessin-02
En attendant que le gouvernement sénégalais veuille bien nous fournir réponse à ces quelques questions parmi d'autres, la problématique soulevée dans l'édito évoqué ci-dessus trouve dans ces récents évènements un début de réponse clair : oui, l'Afrique noire, jusque là épargnée par la barbarie satanique et vengeresse dont se réclament les grands justiciers bourreaux de la cause d'Allah et de son prophète, est sur une pente de plus en plus raide. Dès lors, au-delà de ce que notre bien ami Damien Glez, malheureusement, pourrait déjà avoir à craindre pour sa vie, c'est tous les blasphémateurs et autres polémistes africains qui doivent réfléchir à l'idée de voir cette tumeur satanisée et meurtrière se répandre, produire des métastases un peu partout en Afrique et bâillonner la liberté d'expression que déjà nous avons si peu.



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