Confidences de Jules François Bocandé, après son Avc : «J’ai beaucoup souffert ; je reviens de loin»


Confidences de Jules François Bocandé, après son Avc : «J’ai beaucoup souffert ; je reviens de loin»
Le prétexte de notre visite hier chez Jules François Bocandé, dans son appartement sis en ville, c’était de revenir - actualité oblige - sur la brillante qualification des Lions du foot pour la Can 2012. Mais on ne pouvait s’empêcher de parler santé avec l’ancien capitaine de l’Equipe nationale, qui a fait un Accident vasculaire cérébral (Avc) il y a de cela 6 mois. Et comme pour rassurer l’opinion sportive, «Boc», en convalescence à Dakar, tient à informer qu’il va mieux, après avoir «beaucoup souffert». Confidences exclusives. Jules, on dit : «La santé d’abord.» Donc avant de parler de la qualification des Lions à la Can, pouvez-vous rassurer l’opinion sur l’état de votre santé ?

D’abord je rends grâce à Dieu. Concernant ma santé, il faut savoir que j’ai fait un Avc (Accident vasculaire cérébral), en avril dernier à Ziguinchor. Les choses sont allées très vite, avec des maux de tête et une alerte au niveau de mes yeux qui sont tout d’un coup devenus flous. Mais heureusement que le médecin qui m’a prodigué les premiers soins, m’a fait un traitement de choc. Dieu merci, ma santé s’est beaucoup améliorée.

Physiquement, comment vous sentez-vous maintenant ?
Comme je vous l’ai dit ça va beaucoup mieux maintenant ; à part quelques problèmes au niveau d’une de mes jambes. Mais comme vous l’avez constaté, je vais beaucoup mieux et d’ailleurs vous avez constaté que je me déplace en ce moment sans bé­quilles (rire). Donc cela prouve que la forme revient petit à petit. Je suis toujours sous contrôle médical. Et d’ailleurs je dois aller prochainement en France pour poursuivre mon traitement.

On devine que vous avez vécu des moments très durs…
Ah oui ça c’est sûr ! Vraiment c’était très dur, tant au niveau physique que psychologique. J’ai beaucoup souffert. Vous vous rendez compte : vous vous déplacez seul et tout d’un coup vous ne pouvez rien faire. Même pour vous déplacer il faut qu’on vous soulève… Disons que je reviens de loin. Mais grâce à Dieu, ça va mieux. Et c’est l’occasion pour moi de remercier tout le monde, et en premier lieu mon épouse, qui m’a assisté, qui m’a soutenu, je ne cesserai jamais de la remercier. Vraiment c’est une brave dame. Il y a aussi les autres membres de ma famille, mes sœurs et frères, qui m’ont aussi soutenu moralement.

Avez-vous senti le soutien du monde sportif ?
Ah là, oui ! Et je vais vous dire une chose : j’ai été agréablement surpris de toutes ces marques de soutien surtout moral venant du monde sportif. C’est extraordinaire ! Ce soutien m’est allé droit au cœur. Entre les coups de fil et les visites, ils ont tous pensé à moi. Et cela m’a beaucoup marqué et touché. Il y a d’abord le Premier ministre (Souleymane Ndéné Ndiaye) qui a pris en charge tous mes soins ici à Dakar. Je ne cesserai jamais de le remercier lui aussi. J’ai eu d’autres soutiens venant du ministre Abdoulaye Baldé, du président de la Fédé de foot, Me Augustin Senghor, de Cheikh Seck, des membres du staff technique, Amara et Laye. D’anciennes gloires, comme les doyens Yatma Diop, Séga Sakho… Je ne peux pas citer tout le monde. Mais ils sont tous venus me voir où on appelé. Aujourd’hui, Dieu merci le pire est passé.

Descendons maintenant sur le terrain pour parler de la belle qualification des Lions pour la Can 2012. Quel commentaire en faites-vous ?
Je ne trouve vraiment pas les mots pour saluer une telle performance, avec un parcours sans défaite qui plus est. Mais disons que c’est une qualification très importante qui tombe dans un contexte particulier. Car vous le savez, notre football était dans le trou. Je dis donc chapeau à tout le monde. Vous savez, cette équipe me rappelle un peu celle de 2002 qui m’a donné des satisfactions extraordinaires, avec une pace de finaliste de la Can et de quart de finaliste au Mondial asiatique. Une équipe où il y avait des jeunes qui jouaient tous en France, à l’époque. Et que les gens ne connaissaient pas. A l’arrivée, ils se sont fait un nom, en réalisant quelque chose d’extraordinaire dans le monde du football. Aujourd’hui, c’est ce que je vois dans cette équipe. Ce qui est extraordinaire, c’est que le Sénégal n’est pas resté très longtemps pour faire valoir sa relève. Quand on voit la génération de 86, ces jeunes ont fait oublier cette génération. Aujourd’hui, on a tellement de jeunes qui évoluent dans les centres de formation en France. Ce qu’on n’avait pas à l’époque. C’est ce qui a fait que le Sénégal n’est pas resté trop longtemps avant de profiter de sa relève. Quand on voit nos joueurs, ils sont quasiment tous titulaires dans leurs clubs respectifs. C’est cela qui fait la force de cette équipe qui a fait ce qu’il fallait en décrochant d’abord la qualification. Une manière de redonner envie aux gens, dans la mesure où les Sénégalais étaient dégoûtés du football. Et cela avait même poussé l’opinion sportive à dire que la lutte était le sport national. Je disais non, car le football est unique, c’est une discipline mondiale. C’est la discipline reine. Aujourd’hui, l’on constate que les gens commencent à revenir, à croire en notre football. Cette qualification est tellement importante pour le Sénégal. Et je pense qu’on a notre mot à dire dans cette prochaine Can.

A quel moment avez-vous senti que la qualification était en poche ?
Je crois que c’était à l’issue de la victoire (1-0) face au Cameroun à Dakar. C’était le match-référence. Il fallait à tout prix gagner le Cameroun à la maison. Et quand on a gagné, je savais que c’était fini. A partir de là, c’était impossible de nous retenir. Moralement les gosses allaient bien. Cela explique le résultat final. Le Sénégal n’a perdu que deux points. On a vu le match retour contre le Cameroun, les gosses méritaient de le gagner. Mais l’arbitre a saboté le match. Et c’est l’occasion de féliciter le coach Amara Traoré qui a fait du bon boulot avec son staff. Son mérite est d’autant plus grand qu’au début, il n’y avait rien dans cette équipe. Notre football était dans le trou. Et il a pu qualifier cette équipe à la Can. Il mérite d’être félicité. Et ce qui est remarquable dans cette équipe, c’est son mental. Il est vrai que la référence reste toujours la génération de 2002. Mais je sais que cette génération actuelle peut faire oublier celle de 2002. Elle peut et doit effacer l’image de 2002. Si on a effacé l’image de la génération de 86, c’est parce que celle de 2002 a fait plus. C’est au tour de ces jeunes d’aller encore plus loin. C’est beau de voir la relève de cette façon. Mais il faut protéger cette équipe. C’est vrai qu’il faudrait du temps pour que celle-ci puisse s’imposer. Et je pense que cela devrait passer par cette Coupe d’Afrique.

Justement, comment voyez-vous les chances du Sénégal pour cette Can ?
Je crois que le Sénégal a une bonne carte à jouer dans cette Can. Mais ce que je n’aime pas, c’est qu’on parle du Sénégal comme étant le favori de cet­te Coupe d’Afrique. Je n’aime pas trop le mot favori parce qu’il nous porte toujours malheur (rire). J’en sais quelque chose. En tant que footballeur, cela m’avait porté malheur (rire). Tout comme en tant que membre du staff, précisément au Mali, mê­me si on a été en finale. Mais com­me je l’ai dit, on a notre mot à dire. C’est vrai qu’il y a des Equipes com­me la Côte d’Ivoire, le Ghana, la Tu­ni­sie qui ont joué le Mondial. Mais, je trou­ve que cette Equipe du Sénégal est aussi forte que ces équipes-là. En un mot, le Sénégal peut faire très mal dans cette Coupe d’Afrique. Mais il faut être très lucide. Les Sénégalais doivent être très patients. Pour beaucoup de ces joueurs, ce sera leur première Can. Il y a l’expérience qui peut jouer. Tout ce que les gosses vont donner ne sera que du bonus. Donc, il ne faudrait pas trop leur mettre la pression. Beaucoup de gens ne pensaient pas que cette équipe allait se qualifier devant le Cameroun. Aujourd’hui que c’est fait, il faudrait soutenir cette équipe. Et je sais qu’elle est capable de faire un vrai exploit en Guinée Equatoriale et au Gabon. Mais en faisant preuve d’humilité, en gardant les pieds sur terre et en se disant que rien n’est encore fait.

Que répondez-vous à ceux-là qui disent qu’en l’absence de certaines Nations comme le Cameroun, l’Egypte ou encore le Nigeria, on risque d’avoir une Can dévaluée ?
(Catégorique). Ce n’est pas mon avis. Ceux qui avancent de tels propos veulent minimiser la qualification du Sénégal. Et là, je refuse ! Si ces équipes ne sont pas là, c’est parce qu’elles ne méritent pas de se qualifier. Quand on a été éliminés pour la Can et la Coupe du monde, c’est parce qu’on ne méritait pas d’être là-bas. C’est aussi simple que cela. Le Ca­me­roun était dans la même poule que le Sénégal qui a terminé premier. C’est dommage que ces équipes ne soient pas là. Mais c’est la loi de la compétition. Et contrairement à ce que les gens pensent, on n’aura pas une Can dévaluée car il y a des équipes en devenir, comme, entre autres, la Guinée Conakry, le Burkina… Je suis sûr qu’on aura une Can très relevée.

Cette qualification des Lions à la Can intervient avec l’avénement d’une nouvelle équipe fédérale. Qu’est-ce que cela vous inspire ?
Effectivement ! Et je tiens à féliciter Augustin Senghor, le président de la Fédération. Avec son équipe, il est en train de faire du bon boulot. Il a quand même atteint son objectif. Il fallait être là pour redonner envie aux gens d’aller voir les matches de football. Le bilan est positif. Je crois que même si on ne gagnait pas la Coupe d’Afrique, il aura réussi sa mission. Maintenant, les critiques il y en aura toujours. Mais je crois qu’il est sur la bonne voie avec toute son équipe.

On devine que vous avez baigné dans la joie quand le Casa-Sports a remporté la Coupe du Sénégal, 32 ans après votre génération…
(Rire). C’étaient des moments très forts. Je n’ai pas pu aller voir la finale à cause de ma santé fragile, mais j’étais fier de voir les jeunes effacer la génération de 79 en remportant la Coupe du Sénégal 32 ans après. Ce jour-là, j’étais fou de joie. Malgré ma santé fragile, je suis resté debout pendant longtemps alors que je ne pouvais même pas marcher. J’ai fait des choses que je n’arrivais pas à faire avec ma jambe (rire). J’ai dit aux gosses : ‘’Vous m’avez guéri.’’ C’était beau ! Maintenant, il faut avoir des ambitions en gagnant le championnat. Cela n’a jamais été fait au niveau de la Casamance. Et c’est possible, car depuis quatre à cinq ans, le Casa-Sports est toujours parmi les cinq premiers.

Depuis vendredi dernier, Ab­doulaye Makhtar Diop est le nouveau ministre des Sports. C’est une vieille connais­san­ce qui revient aux affaires ?
En effet, et c’est l’occasion pour moi de le féliciter. Abdoulaye Makh­tar Diop a été mon ministre quand je jouais au football, alors que j’étais capitaine de l’Equipe du Sénégal lors de la Can 92. C’est vraiment l’homme qu’il faut. Car premièrement, c’est quelqu’un qui connaît bien le sport de haut niveau, et d’une manière générale les problèmes du sport sénégalais. La deuxième chose : c’est un gagneur. Il sera en tout cas d’un très bon apport pour le sport sénégalais. On a vu les problèmes de primes à Maputo, à Bamako. Même dans le football aussi il y a eu une histoire de primes, de remboursement de billets d’avion… A notre époque, il n’y avait pas tous ces problèmes avec Makhtar (Diop). Tout était réglé. Par exemple lors de la Can 92 de football que nous avons organisée, nous n’avions pas de problèmes de primes. C’est pour cela que je dis que je suis content qu’il soit de retour. Et je crois qu’avec lui, le sport sénégalais va retrouver sa santé.


( Le Quotidien )
Mardi 11 Octobre 2011




1.Posté par thial le 13/10/2011 01:53
Bonne guerison Jules.Tous nos souhait et nos prieres pour uen bonne et rapide guerison.Il faut aussi penser , si ta sante te le permet de te muer en avocat pour la cause de ce qui sont frappe par cette maladie terrible et aussi participer a eduquer le grand public..
Mais en tout cas bonne guerison



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