Une coalition contre les oppositions


Thierno Bocoum, Président du mouvement AGIR a récemment fait une sortie largement reprise par la presse et dans laquelle il dénonce la tentative de mise sur pied d’une « large coalition de l’opposition » par le trio Khalifa Sall, Ousmane Sonko et Karim Wade.
Thierno Bocoum a jugé nécessaire de dénoncer cette « alliance calculée et politicienne contre l’opposition ». Il a parlé d’une coalition de pression mise en place pour des desseins inavoués.
Bien évidemment chaque parti a le droit de former une coalition avec qui il le souhaite, chacun étant libre de les rejoindre ou de créer une autre coalition à sa convenance. Le problème ici réside dans la manière dont on a voulu mettre sur pied cette coalition mais aussi dans les desseins inavoués qui la sous-tendent. Ces desseins qui, si on les laisse prospérer, finiraient par affaiblir l’opposition et faciliter la victoire de Macky Sall lors des élections municipales et législatives à venir.  Il est d’ailleurs intéressant de noter que les deux partis impliqués sont ceux-là même qui sont à l’origine de la cassure de la grande coalition de l’opposition lors des précédentes élections législatives.
Nous savons tous que sans une large union de l’opposition il serait très difficile de battre Macky Sall et sa coalition Benno Bokk Yakar lors des élections de 2022. Cette nécessité d’une union est un constat partagé par l’ensemble des acteurs politiques et des actes ont été posé par les leaders pour aboutir à une union des oppositions en vue d’assurer une défaite de la coalition BBY lors de ces municipales.
Il est très important de comprendre la différence entre « une opposition » et « les oppositions ». Nous parlons ici des oppositions car les forces politiques qui s’opposent au Président Macky SALL et à son équipe sont diverses par leurs formes, par leurs idéologies et aussi par les valeurs qui sous-tendent leurs actions politiques. Nous avons des partis et mouvements politiques, des mouvements de la société civile et dans le cadre des élections nous avons des candidats indépendants qui mettent leurs compétences, leur énergie et leurs moyens au service d’une lutte pour l’amélioration du quotidien des Sénégalais.
Les alliances et coalitions politiques se font parmi ces forces diversifiées au gré de concordances idéologiques ou de concordances sur les idées ou les valeurs. Il arrive parfois que ces alliances électorales se fassent de manière conjoncturelle au gré de circonstances exceptionnelles relevant de l’intérêt supérieur de la nation. Le pacte républicain (union de la Gauche et de la Droite) est utilisé en France pour empêcher l’arrivée au pouvoir de partis de l’extrême. Au Sénégal, le combat contre un troisième mandat du Président Abdoulaye Wade a été l’occasion d’une union sans précédent du monde politique et de la société civile. Nul doute qu’une telle union reverrait le jour si le Président Macky Sall prétendait à un troisième mandat.
Pour revenir à la coalition de pression Sall-Sonko-WadeFils, nous savons qu’au cours de ces derniers mois, une initiative portée par les Présidents Khalifa Sall et Abdoul Mbaye portait sur une large concertation des forces de l’opposition pour la mise en place d’une coalition électorale a même de présenter les meilleurs profils dans chaque localité du Sénégal et capable de battre le Président Macky Sall. Cette concertation avançait très bien et des TDR ont même été initiés et partagés entre les différents leaders. Grande a été la surprise de la plupart des leaders de l’opposition d’apprendre que cette concertation a été supplantée et transformée en une négociation entre trois leaders politiques à l’exclusion de l’ensemble des forces qui ont depuis 2012 été parties prenantes de toutes les luttes et batailles contre Macky Sall.
L’annonce de cette nouvelle coalition a été une double trahison ; ces leaders ont trahi l’idéal d’union siné quanone à une victoire contre Macky Sall, ils ont aussi trahi leur parole car pendant que les autres se concertaient en toute transparence, ils négociaient en douce pour s’arroger la part du roi et s’installer en « opposition large » à l’exclusion de tous les autres acteurs. Avec cette démarche, ces trois leaders ont montré le désintérêt qu’ils ont pour une victoire lors des élections municipales et une insidieuse volonté de diviser l’opposition en « partis forts » et en « partis faibles ».
Certes le champ politique répond à des réalités de rapports de forces mais il est intéressant de noter que ces trois leaders dont les militants accusent aujourd’hui Bocoum et les autres d’être des moins-que-rien politiques ou d’avoir des partis « cabines téléphoniques » ont été très heureux de compter sur leurs supports au cours de bataille contre le pouvoir. Karim, Ousmane et Khalifa comprenaient très bien la nécessité d’une union de toutes les forces de l’opposition au moment de leurs démêlés politico-judiciaire avec le régime. Aucune personne n’est de trop pour lutter contre quelqu’un qui utilise les moyens de l’Etat pour combattre ses adversaires politiques.
Ce coup de gueule du Leader du mouvement AGIR est donc une bonne nouvelle pour les oppositions. Nous avons bon-espoir que les leaders pointés du doigt se ressaisiront et travailleront à une union réelle de l’opposition Sénégalaise pour une victoire lors des élections municipales et une reprise de l’Assemblée Nationale par l’opposition lors des prochaines législatives. Ces leaders peuvent d’ores et déjà compter sur la combativité de tous les Sénégalais pour assurer le remplacement de Macky Sall en 2024 mais en attendant les priorités sont ailleurs.
 
Cheikh T. Cissé
Administrateur du mouvement AGIR
Lundi 23 Août 2021




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