Un ministre sur scène pour un moment de charité (Par Cheikh Yérim Seck)

Infosenegal.fr depuis le Niger : L’analyse pertinente de Mamoudou Bousso.
Les inondations à Dakar. A qui la faute ?
L’averse du 26 Aout à Dakar n’a fait que renouveler les problèmes d’inondation auxquels les populations dakaroises ont l’habitude de rencontrer. Mais cette fois-ci, la grandeur de la pluie (156mm) a fait déborder le trop plein des problèmes, un bilan jugé trop lourd : beaucoup de perte de vies humaines, importants dégâts matériels, habitations et rues submergées, la liste est loin d’être exhaustive. Aujourd’hui, il est temps de réagir pour freiner cette récidive qui va de mal en pire. Etant acteur du génie civil, nous tenterons tant soi peu d’apporter nos analyse et nos résolutions car le problème est en rapport direct avec notre métier.
Quelles sont les racines du problème ?
Le phénomène d’inondation à Dakar et sa banlieue peut être vu sous différents angles. Certaines habitations ont été construites de manière spontanée c’est-à-dire le lotissement n’a pas été fait. Aussi certains édifices ont été érigés sur des points d’eau (zone marécageuse) sans des études préalables. A cela s’ajoute aussi l’ignorance de certaines techniques de construction par les entrepreneures : Nous pouvons citer la mise hors d’eau du bâtiment. Il y’a aussi l’inexistence de systèmes d’assainissement dans certains zones et le versement des ordures ménagères dans les caniveaux empêchant ainsi l’écoulement correct des eaux de pluies.
Quelles sont les analyses et les résolutions du problème ?
La responsabilité doit être située pour décortiquer de bien des manières le problème en sous unités qui permettra une résolution efficace. Cinq acteurs principaux interviennent dans l’exécution des ouvrages de bâtiment : l’Etat, le promoteur, le maître d’ouvrage, le maître d’œuvre et l’entrepreneur. Nous allons essayer de voir la responsabilité de chaque intervenant.
- L’Etat : C’est la structure qui coiffe tous les domaines, naturellement le génie civil y compris. Et par voie de conséquence, il est la première structure pointée du doigt en cas de problème d’inondation.
L’Etat est chargé d’élaborer et de réaliser des projets d’assainissement à Dakar et ses environs comme tout autre endroit du Sénégal, afin que les eaux de pluie entre autres soient évacuées par l’intermédiaire des canalisations. Si ces genres d’ouvrages ne sont pas mis en place, il est de toute évidence qu’en cas de pluies intenses, les eaux déborderont vers les habitations. Et en plus à Dakar, la nappe phréatique est trop proche du terrain naturel, ce qui ne favorise pas à un ruissellement des eaux de pluies.
Parfois aussi, l’Etat bâcle le financement de routes, et au finish, il n’y pas de système d’assainissement, vous n’êtes pas s’en savoir que le niveau de la route est plus élevée que le terrain naturel, la route étant en pente, en cas de pluies, les eaux vont déborder. Maintenant si le niveau des dallages des maisons mitoyennes à la route est en dessous du niveau de la route, les eaux vont converger vers les habitations. C’est ce qui s’est passé dans un quartier de Grand YOF, le niveau fini de la nouvelle route construite dans le quartier dépassait celui des maisons contiguës et ceci a entrainé des inondations au niveau des maisons du fait que la route n’avait pas de système d’évacuation des eaux. Autre exemple, la nouvelle autoroute qui s’est noyée sous les eaux alors qu’elle vient d’être provisoirement réceptionnée, autant en dire que le système d’évacuation pose problème.
L’Etat doit aussi élaborer des programmes pour le recasement des personnes vivant dans les habitations spontanées, car ses zones ne font l’objet d’aucun lotissement, ni système d’assainissement et de ce fait elle devient une zone de cible des eaux de pluie. L’Etat est aussi la structure via le service d’urbanisme, chargé de délivrer les autorisations de construire. Pour donner son accord, des plans de situations, des plans archi sont mis à sa disposition pour qu’il vérifie si les conditions sont conformes à la réglementation. L’Etat doit aller au-delà de ce qu’on fait actuellement et vaincre la corruption qui sévit dans ce domaine. Il doit faire son boulot vérifier les règles de construction et en sus vérifier si l’édifice ne se construit pas sur un point d’eau ou non. Bref l’Etat, pour dégager sa responsabilité face à l’inondation doit assurer le système d’assainissement, lutter de manière catégorique contre les habitations spontanées par un lotissement adéquat à la réglementation, rénover son système de délivrance des autorisations de construire en prenant en compte tous les aspects du bâtiment (Site, environnement et édifice)
- Le promoteur : j’appelle promoteur celui qui vend des terrains, des villas en zone de viabilité existante ou en zone dont la viabilité est faite par ce dernier ou autres intervenants. Comme tout vendeur, il doit assurer la qualité de son produit c’est ainsi qu’il pourra dégager sa responsabilité en cas de problème. S’il entreprend de rénover des zones d’aménagement, il doit assurer à ses clients la viabilité nécessaire (Mise en place des systèmes d’assainissement, d’adduction d’eau), au cas contraire, les clients ne doivent en aucun cas adhérer à son projet.
- Le maître d’ouvrage: Le maître d’ouvrage est le propriétaire du bâtiment. Il doit trouver un maître d’œuvre (Architecte ou autre) pour élaborer ses plans et le suivi de ses travaux. Le maître d’ouvrage doit se renseigner pour connaître si le terrain est propice à la construction ou non, si le terrain est une zone marécageuse ou non. Pour ce faire, il doit engager un géotechnicien qui lui informera sur toutes les propriétés du sol et les dispositions requises pour construire. S’il n’a pas les moyens de procéder ainsi, il peut faire des études empiriques, se renseigner au près de ses voisins ou toute autre personne susceptible de lui fournir des informations fiables. Si on nous fait savoir que le bâtiment est inapte à la construction, il faut chercher ailleurs au lieu de forcer la construction qui va t’entrainer dans des problèmes dont les coûts dépasseront même l’acquisition d’une nouvelle propriété. Donc restons vigilant sur ça !
- Le maitre d’œuvre : il est le plus souvent un architecte. C’est lui qui est chargé de faire les plans auxquels il soumettra à l’entrepreneur pour l’exécution. Il assure généralement le suivi des travaux, il doit assurer que le bâtiment soit mis hors d’eau (mettre le niveau du dallage fini supérieur au niveau de la route, au cas inexistant, faire des études empiriques : exemple se référer à un niveau d’une habitation ancienne qui ne s’inonde pas en temps normal…)
Mais à cause d’un fond trop juste, le maître d’ouvrage va directement à l’entrepreneur, en faisant fi du maître d’œuvre, pour l’exécution de son bâtiment, et ce dernier par négligence ne prend pas en compte tous les éléments pour la mise hors d’eau du bâtiment. En cas de pluies torrentielles, le bâtiment ne peut s’empêcher de s’inonder. Voici l’utilité de choisir un maître d’œuvre.
- L’entrepreneur : il est chargé d’exécuter le bâtiment selon les règles de la construction. Il englobe une part de responsabilité énorme à ce problème car il est le garant de la construction. Pour reprendre les termes d’ALE DIOUF dans discours sur la construction « Que chacun fasse le travail pour lequel, il est jugé compétent », bons nombres sont les entrepreneurs ignorant le métier qui se lancent dans la construction, ne respectant aucune règle de construction. Ce qui a pour conséquence les écroulements de bâtiments, les inondations dans les bâtiments car des techniques d’exécution dans cette lancée ont été ignorées. Le minimum des choses pour l’exécution d’un bâtiment est de le mettre hors d’eau. Les constructeurs doivent savoir qu’ils construisent un patrimoine gravé en leur nom et que tout problème remet en cause leur compétence.
Bien entendu, toutes mes analyses précédentes ont été soulevées sur la part de responsabilité des intervenants de la construction, mais n’en demeure pas moins que j’ai pu analyser d’autres facteurs qu’émanent de règles de bonnes conduite. A ce sens j’invite les personnes à ne pas verser les ordures ménagères sur les caniveaux qui empêchent les eaux de s’écouler, ceci à pour effet de favoriser la stagnation des eaux.
A chaque approche de saisons des pluies, les caniveaux doivent être nettoyés et dépourvus de tous déchets empêchant l’écoulement des eaux.
Pour conclure
Nous déplorons de manière catégorique ce désastre qui s’est abattu à Dakar et les autres contrées concernées. Nous inclinons devant la mémoire des victimes et présentons nos sincères condoléances aux familles des victimes.
Nous invitons le gouvernement à prendre des mesures drastiques pour que le phénomène soit railler de la vie des dakarois.
Mamoudou Bousso (conducteur de travaux génie civil SOGEA SATOM)

bravo youssou longue vie et santé

A Monsieur le soit disant conducteur des travaux (BOUSSO) je vous pose la question de savoir , le rôle et la responsabilité du chargé de l’étude de structure et du contrôle.