Un 33ème terroriste présumé renvoyé devant la chambre criminelle de Dakar : Boukhary Bah livré aux juges

Libération révèle en exclusivité qu’un trente-troisième terroriste présumé sera jugé dans les prochains jours par la Chambre criminelle de Dakar, siégeant en formation spéciale. Il s’agit du ressortissant malien Boukhary Bah qui était de passage au Sénégal lors de son interpellation. Grâce à la coopération avec les services de renseignements maliens, il a été établi un lien formel entre Bah et le Front de libération du Macina. Pour ne pas arranger les choses, la CENTIF a produit un rapport révélant un réseau de financement du terrorisme grâce au système ‘’Hawala’’ très prisé par les jihadistes. Bah est tombé après avoir oublié son téléphone portable dans une agence de la Banque of Africa (BOA). Le reste se passe de commentaire...


Un 33ème terroriste présumé renvoyé devant la chambre criminelle de Dakar : Boukhary Bah livré aux juges
Alors que les procès de Ibrahim Ly et Assane Kamara s’est ouvert devant la Chambre criminelle de Dakar après le renvoi en avril du jugement de Makhtar Diokhané et Cie, Libération apprend que le parquet allait, dans les prochains jours, saisir la même formation spéciale pour juger un trente-troisième terroriste présumé : Boukhary Bah, un ressortissant Malien de passage à Dakar au moment de son interpellation.
Ce dernier a été renvoyé devant la chambre criminelle pour association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste. En effet, au terme d’un travail remarquable des services sénégalais et maliens, il a pu être établi des liens formels entre Boukhary Bah et le groupe terroriste ‘’Front de libération du Macina’’ (Flm).
L'affaire en question débute le 12 août 2017, lorsque T.C, se présentait au commissariat central de Dakar pour mettre à la disposition des policiers un téléphone portable contenant des images et vidéos jihadistes oubliées par Boukhary Bah à l’agence de la Banque of Africa (BoA) sise à l’avenue Lamine Guèye.
T.C précisait que le téléphone lui avait été remis par son directeur qui lui avait expliqué qu’un des clients de la banque l’avait oublié sur place le même jour. L’agent de sécurité ajoutait que quelques instants plus tard, il a reçu un appel troublant sur le même téléphone de quelqu’un qui s’exprimait en arabe.
Troublé, l’agent de sécurité a manipulé le téléphone avant de tomber sur les terribles photos et vidéos se trouvant dans la « galerie ». Il s’agissait pour l’essentiel de personnes encagoulées et tenant des armes de guerre. c’est ainsi qu’après avoir informé son directeur, il s’est rapproché des policiers qui, convaincus que le propriétaire du téléphone, allait revenir à la banque pour récupérer son appareil, ont mis en place une souricière qui allait porter ses fruits.
Comme le présageaient les policiers, un certain S. Barry est venu récupérer le téléphone. Il sera automatiquement placé en garde à vue. Mais celui-ci soutient avoir été envoyé par Boukhary Ba avec qui il s’était rendu à la banque pour faire un dépôt.
Par la suite, ils sont retournés au foirail sis à Sicap Mbao et c’est en cours de route que son compatriote l’a informé de la perte de son téléphone. Sans désemparer, les enquêteurs en civil effectuent une descente au foiral où Bah sera cueilli et interrogé sous le régime de la garde à vue.
Dans un premier temps, il déclare être venu au Sénégal pour vendre du bétail et que c’est dans ce cadre qu’il s’est rendu à la banque pour déposer la somme de 10 millions de FcFA. Il a ajouté avoir remis l’argent à un de ses compatriotes, un homme d’affaires du nom de Dassy qui l’aurait utilisé pour acheter du ciment à charge pour lui de le rembourser.
Au total, il affirme avoir fait convoyer au Mali, à travers Dassy, la somme de 20 millions de FcFA. Pour les images retrouvées dans son téléphone, il prétend ignorer leur origine. tout au plus reconnaît-il être membre d'un groupe WhatsApp appelé ‘’Andal pulaaku ctl Mali’’ qui comprenaient plusieurs membres de Nampala, son village d’origine. Bah prétendait ne pas connaître l’identité des autres membres du groupe à l’exception d’un certain Atoumane.
Grâce au service de renseignement malien, la police sénégalaise a pu établir que derrière Atoumane se cachait H. B, chef du Front de libération du Macina. Un autre numéro correspondait à celui d’un membre très actif du même groupe terroriste.
Par ailleurs, la cellule nationale de traitement des informations financières (ceNtiF) a enquêté sur cette affaire et ses agents ont conclu que Bah était au cœur d’un système rôdé et discret de financement du terrorisme.
Vendredi 16 Mars 2018




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