Similitudes avec l'affaire Karim Wade : Au procès de Khalifa Sall, une sensation de déjà-vu


Le procès de Khalifa Sall s’est ouvert ce jeudi et le problème reste entier pour le parquet, dont on se demande comment il va parvenir à prouver la culpabilité du Maire de Dakar. Il a fallu une enquête d’un peu plus de sept mois pour boucler la procédure ouvrant la voie à un "procès politique", comme disait-on à l'ouverture du procès de Wade-fils, devant la Cour de répression de l'enrichissement illicite (Crei). 

Les deux affaires se ressemblent pour l’instant curieusement, avec cette similitude au-dessus de toutes les autres : une vive tension entre la poignée d’avocats de la défense et le parquet d’un côté, l’armée d’avocats de la partie civile et l'agent judiciaire de l'État (Aje) de l’autre, forment une équipe. Antoine Diome, ancien et redoutable procureur spécial près de la Crei, sous ses habits d'Aje, est prêt à aller en procès contre Khalifa Sall, après avoir bouclé l'affaire Karim Wade. 

Le procès du socialiste est donc presque semblable à celui du libéral, du moins si on se limite aux différents acteurs juridiques qui se côtoient. En conférence de presse, l'avocat Me Ciré Cledor Ly, qui défendait les intérêts de Wade-fils, s'était notamment appuyé sur l'affaire Karim, où un adversaire politique avait été jugé et condamné, en pensant à l'instrumentation de la justice au profit de l'exécutif. 

Le procès de Khalifa Sall, tout comme celui de l'ancien ministre des infrastructures, s’est ouvert dans un climat très tendu. Les échanges ont été houleux entre différentes parties au procès. À ces échanges vifs, s’est ajouté le comportement de certains dans la salle d'audience. L'on se souvient de Moïse Rampino, jugé pour trouble à l'audience, en marge du procès de Karim Wade. 

Comme ce fut le cas devant la Crei, les vices constatés tout au long de la procédure intentée contre Khalifa Sall seront immanquablement évoqués en audience correctionnelle. En attendant, les témoignages des partisans de Khalifa Sall sont influencés par leur certitude que l'on veut faire de leur candidat comme on a fait avec le fils de Abdoulaye Wade. Même si le ministre Sidiki Kaba a rappelé que le Maire de Dakar était "présumé innocent" jusqu'à ce que le Tribunal en décide autrement. Cette même version avait été donnée, concernant l'initiateur de l'Anoci, par les autorités judiciaires, du temps de Mimi Touré, ministre de la justice d'alors. 
Jeudi 14 Décembre 2017




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