SENEGAL : Honte à notre élite politique

Tous les citoyens ont mal. Pas parce que la loi sur le parrainage a été votée ou bien parce que des opposants et des jeunes ont été brutalisés. Non ! Ils ont mal parce qu’ils se rendent compte que l’élite politique sénégalaise n’est pas à la hauteur de leurs attentes. Le Sénégal est indépendant en 1960. Et depuis, les citoyens vivent les mêmes travers, les mêmes difficultés, les mêmes échecs d’une classe politique ingrate à leur égard.


SENEGAL : Honte à notre élite politique
Nous vivons un cycle de trahisons, de règlements de compte, de détournements de deniers publics, de complots et d’assassinats politiques etc… Et les uniques responsables des échecs répétés dans l’application des politiques publiques sont les acteurs politiques qu’ils soient de l’Ups, du Ps, du Pds, du Pit, du RDN, de l’Apr ou d’ailleurs.

Senghor est un produit de l’Ups devenue le Ps. Abdou Diouf a fait ses premiers pas en politique au Ps. Me Abdoulaye Wade fut responsable socialiste à Kébémer avant la naissance du Pds. Macky Sall a quitté l’Aj pour militer au Pds avant de fonder l’Apr. Ne cherchez pas loin pour identifier les visages des principaux responsables de l’échec de l’élite politique au Sénégal. 

Alors, pourquoi, les opposants, depuis les années 80, cherchent toujours à déstabiliser le pays pour accéder au pouvoir ? Ils s’insultent, ils brûlent et ils tuent. Wade fut accusé d’atteinte à la sureté de l’Etat par le régime de Diouf. En 2011, Macky Sall, Moustapha Niass, Idrissa Seck, Ousmane Tanor Dieng et leurs complices ont tenté de déstabiliser le pays. L’opposition aujourd’hui, semble s’engager sur cette voie du chaos.

Le 15 Mai 1993, le Juge Me Babacar Sèye a été tué pour des raisons politiques entre le Ps et le Pds. En 2011, les tenants du pouvoir d’alors avaient sévèrement réprimé la marche des opposants. On se rappelle Macky Sall avait pris la fuite pour sauver sa peau lors d’une manifestation à la Place de l’Obélisque. L’ancien patron de la Raddho Alioune Tine caché chez son avocat Me Boucounta Diallo,  a été lui aussi arrêté par la police de Me Ousmane Ngom. Plusieurs des jeunes membres de Y’en a marre ont fait la prison entre 2011 et 2012. Le bilan a été alourdi par la mort de Mamadou Diop, Ndiaga DIOUF et le policier Fodé Ndiaye tués. Ce 19 Avril 2018, c’est au tour des candidats à la présidentielle de 2019 : Idrissa Seck, Malick Gackou de faire la prison.

Pour accéder au pouvoir, les acteurs politiques sont prêts à faire don de leur liberté. Mais tous, se détournent des questions sociales : crise dans les secteurs de l’Education, de la Santé etc… Pourquoi les acteurs politiques n’ont pas organisé de manifestations de rue lorsque la machine de la radiothérapie était tombée en panne ? Pourquoi les acteurs politiques ne manifestent pas pour exiger le respect des accords entre l’Etat et les Enseignants ? Pourquoi les opposants, depuis toujours, n’ont jamais organisé une manifestation contre les inondations dans la banlieue ? Pourquoi les opposants ne se manifestent jamais contre les rebelles du Mfdc qui ont tué 14 citoyens sénégalais ? Tout ce qui les intéresse c’est le processus électoral et la date des élections. Pas plus ! Et pourtant, les acteurs politiques n’ignorent pas les difficultés que vivent les paysans, la jeunesse, les femmes. Mais ces citoyens ne méritent pas qu’ils aillent en prison pour défendre leurs causes. Ils ne pensent à eux que durant la campagne électorale.

L’ELITE POLITIQUE SENEGALAISE A ECHOUE

En 2000, en quittant le pouvoir, le président Abdou Diouf nous avait laissé le Document Stratégique pour la Réduction de la Pauvreté (DSRP). Ce document symbolisait solennellement la mauvaise gestion des 40 ans de l’Ups/Ps.

En 2012, Me Abdoulaye Wade a laissé à Macky Sall la Stratégie de la Croissance Accélérée et le Plan Stratégique Sénégal  2035 avec une dette insolvable en 100 ans. Macky SALL lui, a lancé son PSE déjà plombé par un surendettement sauvage. Le résultat de la gestion de l’ensemble des régimes se traduit par un échec attesté par le classement du Sénégal parmi les Pays Pauvres Très Endettés (PPTE). Notre pays est toujours le dernier de la classe en Afrique de l’Ouest derrière la Côte d’Ivoire, le Ghana, le Cap Vert, le Nigéria etc…

Aujourd’hui, la mal gouvernance politique est la chose la mieux partagée entre les différents régimes qui ont dirigé ce pays depuis 1960. Chaque Président élu gère ses scandales financiers et protège ses voleurs.

De Senghor à Macky en passant par Diouf, Wade sans oublier les leaders intermédiaires à l’instar de Lamine Guèye, Ngalandou, Habib Thiam etc… tous ont échoué dans leur gestion du pays. Car malgré tout, les sénégalais continuent à subir les conséquences de leur mauvaise gestion.  

Depuis 1960, tous les anciens présidents, les anciens premiers ministres, les anciens présidents d’Institution (Assemblée nationale, Sénat, Conseil Economique) sont de purs produits des partis politiques. Ils ont tous échoué car notre système politique n’a produit que des gens incapables d’écourter la souffrance des sénégalais.

Ce sont les mêmes personnes qui se succèdent à la tête du pays depuis 58 ans. Les personnes condamnées depuis 1960 pour détournement de deniers publics ou pour enrichissements illicites sont pour la majeure partie des acteurs politiques qui ont fini de plonger le Sénégal dans un  gouffre social.

On se rappelle Senghor qui avait mis Mamadou Dia en prison. Abdou Diouf avait plusieurs fois arrêté son opposant d’alors Me Wade. En 2005, le Pape du Sopi avait envoyé Idrissa Seck en prison. Macky Sall a fait séjourner Karim Wade et Khalifa Sall à Rebeuss. Lorsque Diouf envoyait Me Wade en prison, Khalifa Sall et Ousmane Tanor Dieng applaudissaient des dix mains. Lorsque Me Wade jetait Idrissa Seck dans la prison de Rebeuss, Macky Sall et Karim Wade avaient du mal à dompter leur joie. Sous Macky Sall, Karim Wade et Khalifa Sall sont envoyés à Rebeuss et ce fut un moment de fête pour tous les partisans du Président de l’Apr incapable d’étouffer leur enthousiasme ce jour.

Le Sénégal vit dans un cycle de règlements de comptes entre acteurs politiques et les préoccupations du citoyen qui leur accorde sa confiance, ne sont jamais prises en compte.   Tous les procès politiques qu’ils portent sur un assassinat politique ou un détournement de deniers politiques, finissent toujours par des arrangements au détriment des intérêts du citoyen.

Toujours, ce sont les citoyens, surtout la jeunesse qui paie les conséquences des échecs de l’élite politique. Les enfants d’Abdou Diouf, de Me Abdoulaye Wade, d’Idrissa Seck, de Macky Sall, de Moustapha Niass, d’Ousmane Tanor Dieng etc… n’ont aucune difficulté à payer leur scolarité dans les grandes universités occidentales ou à se faire soigner dans les hôpitaux français ou américains. Et pourtant, jamais ces derniers ne pensent au paysan Galaye Ndiaye de Thiénaba ou au pêcheur Pathé Seck de Guet Ndar, qui n’arrivent pas à payer les frais d’inscription de leurs enfants souvent brimés par la Police dans les couloirs de l’Ucad. Galaye Ndiaye et Pathé Seck se heurtent à des difficultés existentielles élémentaires, parce qu’ils n’ont jamais été ni Président de la République, ni Ministre ou Directeur… Ils n’ont pas volé les deniers publics aussi.

Mais aussi, reconnaissons que les peuples n’ont que les dirigeants qu’ils méritent. Cela est une vérité inoxydable. Les sénégalais n’ont que les dirigeants à leur image. Il sera donc difficile de changer la donne parce que les sénégalais tombent souvent sous le charme des imposteurs politiques. Ce fut le cas sous Senghor, sous Diouf et Wade, et c’est le cas aujourd’hui avec Macky. Et demain sera comme aujourd’hui parce que tous les acteurs politiques sénégalais ont la même ADN. Ils trahissent, ils volent et ils mentent ! Pourtant les sénégalais leur font confiance malgré tout.

Tous les partis politiques ont les mêmes origines parce que ce sont les mêmes personnes sorties des mêmes écoles politiques. Ils se battent pour leur propre ventre. Au Sénégal, tout est question de position, car nous avons tout remarqué que les imposteurs d’aujourd’hui, seront les opposants de demain et vice versa.

Nous sommes en face d’une opposition désunie  qui se bat sans organisation, ni planification et sans aucune conviction, et un pouvoir prêt à tout. Sur les 15 millions de sénégalais, les acteurs politiques ne font pas 200.000 et ce sont eux qui dirigent le reste et régentent la République depuis 1960. Cela doit cesser. C’est une exigence sociale et politique.  Mamadou Mouth BANE
Vendredi 20 Avril 2018




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