À Ouakam, la gestion des déchets demeure un véritable défi pour les habitants comme pour les agents chargés de la collecte. Malgré la présence de nombreuses bennes et points de dépôt, le quartier peine à retrouver un environnement propre, en raison des comportements inciviques et des limites des moyens logistiques et humains. Nous sommes allés à la rencontre d'habitants et d'agents en charge de la collecte des ordures pour comprendre les difficultés persistantes.
Un quartier constamment envahi par les déchets
Pour Moustapha Sow, habitant de Ouakam, le constat est sans appel : le manque de civisme est l’une des causes principales de l’insalubrité.
« Malgré 15 à 19 bennes à ordures ménagères, le quartier reste toujours malpropre », déplore-t-il. Selon lui, beaucoup de riverains ne mettent pas leurs déchets dans des sacs poubelles, mais les déversent directement dans les bennes, rendant la collecte plus lente et plus difficile.
À cela s’ajoutent les dépôts sauvages installés un peu partout dans le quartier, malgré la présence de bacs à ordures. « Ceux qui ne peuvent pas se permettre d’acheter des sachets peuvent attendre les camions à l’heure de collecte. Cela pourrait éviter les débordements », ajoute-t-il.
Les agents de collecte débordés et confrontés à l’incivisme
Depuis trente ans, Issa Guèye, habitant et agent de collecte d'ordures, observe le même scénario : « Beaucoup d’habitants préfèrent déposer leurs déchets très tôt le matin dans les rues plutôt qu’aux points de dépôt. Cela complique notre travail et rend le quartier impropre », explique-t-il.
Il souligne aussi le manque fréquent de respect envers les agents.
« Parfois, même quand on fait appel à la loi, c’est nous qui avons des problèmes. Certaines femmes déversent sur nous leur colère quotidienne. Mais je fais avec, j’ai l’habitude », a-t-il confié.
Issa estime que la proximité avec les habitants réduit parfois l’incivisme :
« Certains évitent de mal jeter leurs déchets quand ils savent que je suis du quartier », dit-il.
Des conditions de travail difficiles
Un autre agent, ayant requis l’anonymat, évoque des difficultés plus profondes.
« Il manque de tenue, de matériel, et beaucoup d’agents ne sont pas respectés. Certaines personnes ignorent totalement les consignes », déplore-t-il. Ce dernier souligne que presque chaque rue dispose d’un point de dépôt, mais les dépôts sauvages persistent.
« La sensibilisation existait : un groupe de 6 à 7 personnes passaient dans les quartiers pour informer. Mais le comportement n’a pas changé », regrette-t-il.
Il évoque également la précarité du personnel. « Certains agents sont là depuis plus de cinq ans sans être recrutés, toujours sous contrat. Beaucoup complètent leurs revenus en recyclant des déchets comme les bouteilles, les canettes ou la ferraille », souligne-t-il.
Issa Diallo, superviseur de l’unité communale de Ouakam, appelle à un renforcement des actions de sensibilisation. Il invite l’État, les collectivités et les acteurs des médias à s’impliquer davantage à travers des campagnes, des vidéos pédagogiques et des initiatives sponsorisées.
Pour lui, la solution passe avant tout par un changement de comportement :
« Si les populations ne s’impliquent pas, aucun système de collecte ne pourra fonctionner durablement. »