Le ministre de l'Enseignement supérieur, de la Recherche et de l'Innovation - qui était l'invité du Débat BBC Afrique (Radio) - a magnifié le rôle que les chercheurs africains sont en train de jouer dans la riposte contre le coronavirus, avant de faire un vibrant plaidoyer en leur faveur. À la question de savoir si la Covid-19 n'est pas en train de faire du bien aux chercheurs africains en réveillant leur passion, le ministre Cheikh Oumar Anne a d'emblée indiqué : « nous avons constaté que les chercheurs ont, cette-fois-ci, eu droit à la parole. Ils ont été écoutés et consultés par les pouvoirs publics. Ils ont été écoutés par les populations. Ils ont réglé des problèmes en mettant à la disposition des populations du gel hydro alcoolique. Il faudra analyser fondamentalement cette question. Non seulement, ils ont fabriqué, mais ils ont aussi fait du transfert de technologies ».
Il a ensuite souligné qu’ « il y a eu une dynamique internationale pour faire confiance aux scientifiques ».
« Partout, des chefs d'État se sont donnés les moyens d'avoir des conseillers scientifiques, qui ont été au-devant de la scène. C'est peut-être aussi parce qu'ils ont eu à proposer des choses pertinentes par rapport à la situation et ils ont convaincu. En tout cas, ils ont pris la parole. Les chercheurs ont réussi partout. On a vu, en France ou ailleurs, des chefs d'État se déplacer pour aller à la rencontre de chercheurs qui avaient souvent des difficultés pour être entendus ».
« Les chercheurs ont eu droit à la parole, ils ont été au-devant de la scène »
Selon lui, « en Afrique, cela a permis aux chercheurs, à l'Université, de montrer leurs compétences ». « Ils ont beaucoup innové. L'innovation, c'est prendre le savoir, le transformer en savoir-faire, le faire accepter par les populations et en produire suffisamment », a indiqué celui qui préside également aux destinées de la mairie de Ndioum.
Et d'après toujours le Dr ingénieur en Sciences physiques, « il y aura nécessairement des retours bénéfiques ». « J'en suis sûr », a-t-il déclaré. Avant d'affirmer : « Le pouvoir, on l'obtient aussi par la communication en nous appuyant sur nos recherches. Les gens, quand ils chercheront des solutions, ils retourneront vers les laboratoires de recherche. Et à partir de ce moment, comme on a les capacités de proposer de bonnes solutions, ça va s'inverser ». Mais, pour que « ce soit davantage bénéfique », Dr Anne estime « qu'il faudra une modification structurelle ».
Les fonds alloués à la recherche sont-ils à la hauteur des besoins, notamment au Sénégal ? À cette question, le ministre a soutenu « qu'il y a des secteurs de la recherche qui ont bénéficié de moyens suffisants et qui ont eu à faire de bons résultats ».
Et de renchérir : « nous nous appuyons sur les moyens nationaux et ceux de la coopération internationale. On a eu quelques initiatives africaines. Des études ont été produites dont les résultats ont servi à former beaucoup d'enseignants. Le transfert vers la production a posé problème. Nous avons un savoir-faire qui fait que, si on a davantage de moyens, on peut aller de l'avant ».
« L'autorité politique écoutera davantage les universitaires après la Covid-19 »
À l'en croire, « au Sénégal, l'essentiel de la recherche est portée par des professeurs d’universités. Les autonomies des universités font que le gouvernement donne une subvention. Il y a une partie qui devrait servir à la recherche ».
Mais il relève que « les problèmes de budget qui se posent souvent dans les universités, font que ce qui devait être alloué à la recherche, est surtout utilisé dans la gestion du social des étudiants ».
Sur sa lancée, Dr Cheikh Oumar Anne de prédire que « l'autorité politique écoutera davantage les universitaires après la Covid-19 ».
« Les chercheurs ont répondu présent et donné de bonnes propositions, quand on les a consultés. On ne change pas un cheval qui gagne. Il appartiendra à l'autorité politique de mettre des moyens. Il appartiendra aussi à la communauté des chercheurs de faire de grandes propositions. Je proposerai de créer des projets de recherche qui ont la masse critique de faire bouger les choses », a également déclaré le ministre de l'Enseignement supérieur, de la Recherche et de l'Innovation.
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