RÉSUMÉ : Tout ce qu'il faut retenir de la première semaine du procès du double meurtre de Médinatoul Salam

Les thiantacounes impliqués dans le double meurtre de Médinatoul Salam, ont été entendus de mardi à jeudi dernier devant la Chambre criminelle du TGI de Mbour. Entre cafouillages et déclarations surprenantes, le procès s'est éternisé. L’audience reprend ce lundi avec les plaidoiries et réquisitoires du procureur de la République.


RÉSUMÉ : Tout ce qu'il faut retenir de la première semaine du procès du double meurtre de Médinatoul Salam
Durant cette première semaine, 38 personnes ont été auditionnées dont les accusés d'abord (18), des témoins oculaires, deux épouses du Cheikh, deux proches parents des victimes, un expert en balistique, un expert en biologie animale, un expert psychiatrique ayant eu à traiter une des victimes. Beaucoup de détails qui semblaient flous jusque là parce que les éléments de l'enquête ne filtraient que très peu, s'éclaircissent avec cet acte ultime et décisif pour l'avenir des mis en cause. Il en ressort un parfum de forte présomption d'innocence sur la personnalité de Cheikh Béthio jugé par contumace.
 
La bagarre décrite s'est déroulée sur la grande place du village de Médinatoul Salam, en face de la concession de 7 hectares du marabout et non à l'intérieur de la maison. Une distance d'environ un km, ponctuée par des murs en bétons répartis en appartements, séparait Cheikh Béthio du point des échauffourées. C'est ce que confirment les dires des protagonistes, les témoins oculaires et l'évocation de la reconstitution des faits.
 
Les 18 accusés ont été questionnés rudement pendant des heures à tour de rôle, par le tribunal de Mbour relayé par les différents avocats des différentes parties. Sur ces 18 accusés qui donnent presque tous les détails sur cette soirée du 22 Avril 2012, aucun n'évoque la responsabilité du marabout, ni une quelconque communication avec lui avant, pendant la bagarre et sur l'issue réelle de celle-ci.
 
Deux des accusés reconnaissent avoir été questionnés par Cheikh Béthio dans la soirée (vers 23h), quand il a été informé de la bagarre avec d'éventuels blessés par le chef du village de Keur Samba, mais affirment lui avoir dissimulé la vérité en lui parlant de légers blessés dans le camp des disciples de Madinatoul Salam et non des morts qu'ils avaient par ailleurs déjà enterrés.
 
Le véhicule L200 suspecté avoir transporté les dépouilles, appartenant à Cheikh Béthio a donné des résultats négatifs quant aux traces de sang relevés dessus qui étaient d'origine animale et non humaine. Les corps avaient donc été transportés par une charrette appartenant à un des accusés, sur laquelle les traces de sang des victimes ont été formellement identifiées. Toutes les expertises biologiques ont été effectuées par le docteur Cheikh Tidiane Sy.
 
Le fusil utilisé par l'un des accusés, lui avait été remis par Cheikh Béthio (qui détenait une autorisation administrative), mais quelques mois plus tôt, en sa qualité de berger qui s'occupait de garder nuitamment le troupeau de bovins fort d'une centaine de têtes, parqué dans un enclos du village de Médinatoul Salam. Le berger déclare à la barre avoir tiré à 4 reprises dont trois à titre de sommation et un dernier tir mal maîtrisé, pour intimider. Il dit avoir ensuite, quand il s'est rendu à l'évidence, voulu se débarrasser du fusil en se faisant aider par un condisciple aussi présent parmi les accusés. La balistique confirme qu'une balle provenant de ce fusil entre les mains du berger a atteint feu Ababacar Diagne.

Il apparaît lors des confrontations entre témoins du côté du groupe qui avait accompagné les deux victimes et accusés, qu'il s'agissait de deux groupes de talibés qui se sont souvent regardés en chiens de faïence, et qui en sont même venus aux mains une fois à Thiès, une autre fois à la cité Gadaye. Il en résulte qu'aucune personne n'était  singulièrement visée, mais que la bagarre a dégénéré ce 22 Avril entre 19h30 et 21h30.
 
L'expert psychiatrique qui a eu à soigner le nommé Bara Sow pendant 3 ans décrit un homme malheureusement atteint de paranoïa, avec un caractère fort, qu'il devait revoir un mois avant la tragédie pour poursuivre un traitement payé par Cheikh Béthio. Les plaidoiries démarrent ce lundi, suivies des réquisitions du procureur de la République...
Dimanche 28 Avril 2019




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