RDC : pour avoir manifesté pour le départ de la Monusco, 8 militants du mouvement citoyen "Lucha" risquent 10 ans de prison.


Arrêtés le 19 décembre alors qu'ils manifestaient à Beni, dans le Nord-Kivu à l'est de la République Démocratique du Congo (RDC), 8 militants du mouvement citoyen "Lutte pour le Changement" (Lucha) risquent de croupir les 10 prochaines années en prison, a appris Dakaractu.
Jugés par le tribunal militaire de garnison de Béni dans l'est du pays, les militants arrêtés de la Lucha protestaient contre le renouvellement du mandat de la Mission des Nations unies en RDC (Monusco), théâtre de massacres récurrents de civils.
Dans son réquisitoire, le ministère public a estimé que les fautes commises par ces militants, notamment « violence et insultes à l’encontre d’une sentinelle et le sabotage » méritent 10 ans de prison. À savoir 5 ans pour sabotage et 5 ans pour violence et insultes à l’encontre d’une sentinelle.
Le réquisitoire jugé sévère de la cour militaire contre les manifestants pro-démocratie a suscité l'émoi dans le pays et un tollé de critiques de la part de personnalités.
La Lucha, l'un des principaux mouvements citoyens de la RDC, apolitique et connu pour ses positions républicaines, a démenti les accusations et parle de manifestation à caractère pacifique et non violente.
« Nos camarades ne tenaient que des calicots au moment de leur arrestation », a confié Bienvenu Matumo, un responsable du mouvement. « Dix ans de prison juste pour avoir manifesté? », s'est interrogé sur twitter le ministre de la Jeunesse, Billy Kambale qui semble croire que de tels agissements ne favorisent pas le respect des institutions du pays.
« Nous devons à chaque fois quand nous posons des actes, nous interroger sur les conséquences. Comment les jeunes feront confiance aux institutions? », a-t-il mentionné.
Arrivé deuxième à la présidentielle de décembre 2018, l'opposant Martin Fayulu a, également, manifesté son inquiétude sur les réseaux sociaux. « Les citoyens qui se lèvent contre l'injustice et les tueries doivent être protégés et honorés. Surtout pas être traités comme des malfrats alors que ceux qui tuent et pillent le pays circulent librement », a-t-il écrit.
 
 
 
Pour sa part, le prix nobel de la paix congolais, Dr Denis Mukwege, a réagi au réquisitoire en soutenant que « le militantisme n'est pas un crime! » Selon lui, les 8 militants de Lucha considérés comme des défenseurs des droits humains sont détenus de façon arbitraire à Beni au Nord Kivu depuis 21 jours.
« Nul ne devrait être privé de sa liberté pour avoir exercé son droit à participer à une manifestation pacifique », avait-il commenté dans son post en fin de semaine.
« Arrêter, juger et condamner à 10 ans de prison les militants de la Lucha est une aberration et un déni des réalités qui contribue à brouiller la ligne de l’État de droit. Autant condamner tous les Congolais ahuris par l’inaction avérée de l’Etat dans les tueries de l’Est du pays », s’est indigné André Claudel Lubaya, un député national du parlement congolais.
Dimanche 17 Janvier 2021




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