Quelques outils -vecteurs de durabilité pour la mise en œuvre du protocole d’installation de « fermes agricoles autonomes et durables », Par Omar SECK Ingénieur agrozootechnicien/Pastoraliste/Environnementaliste à la retraite



Préambule

 Cette humble contribution résume une modeste expérience d’une douzaine d’années de service à la Présidence de la République comme Conseiller Technique, puis Conseiller Spécial, Chargé de l’Agriculture, l’Elevage et la Pêche, ainsi que de quatre ans au Ministère de l’Agriculture et de l’Equipement rural et enfin, de près d’une décennie au Centre de Suivi Ecologique. Cette expérience est jalonnée de formations, au Sénégal (UCAD/EISMV Postuniversitaire en Aménagement Pastoral), en France (Postuniversitaire en Développement agricole et rural) en Thaïlande (Vulgarisation et communication agricoles) et aux USA (Training en Gestion des ressources naturelles). Au cours de cette chevauchée, j’ai eu l’honneur de présider six (06) Conseils de surveillance, Comités de pilotage de projets/programmes et Comité de gestion, ce qui m’a permis de mieux renforcer et valoriser mes modestes connaissances. Ce sont les acquis de ce parcours que j’essaie de traduire à travers les « Fermes agricoles autonomes et durables », pour tenter de contribuer à susciter un nouveau paradigme, afin de sortir notre agriculture du joug de la pluviométrie, elle-même ébranlée par le changement climatique. A cet effet, pour marquer ma foi en la mise à l’échelle des bonnes Pratiques agricoles, j’ai rassemblé quelques outils vecteurs de durabilité, en les affutant parfois et en explorant quelques domaines non encore explorés à suffisance, sous nos cieux. En guise de Mémoires, voilà ce que je souhaite restituer ultimement, après m’être préparé à servir mon pays en étudiant à outrance et donné autant que possible, dans mes diverses fonctions.
 
1) Approche agroécologique, pour le respect de l’équilibre des écosystèmes Les exploitations privilégient les énergies propres (solaire et biogaz), les engrais organiques avec l’installation de biodigesteurs, et la préservation optimale de la flore arborée.

2) Choix d’un partenaire unique pour installer et sécuriser le réseau de transfert d’eau Pour des raisons de célérité, de cohérence, d’harmonie et de sécurité, une seule entité assure les services suivants : construction des plateformes devant recevoir les réservoirs, fourniture et pose des réservoirs et de la tuyauterie, protection et surveillance du réseau, aménagement de cuvettes et portions de vallées, cartographie du réseau et des sites desservis.

3) « Conseil agricole internalisé » Des bénéficiaires diplômés (agronomes, techniciens horticoles…) sont attributaires, chacun, d’une parcelle d’un (01) ha, au même titre que les bénéficiaires simples. En sus, chaque technicien supervise un « champ-école » d’un (01) ha contigu à sa propre parcelle et où il inculque les Bonnes Pratiques agricoles à un groupe de bénéficiaires simples qu’il appuie dans leurs propres parcelles, veillant sur l’application convenable des Bonnes Pratiques apprises : c’est l’« école au champ ». La rémunération de chaque technicien est tirée du « champ-école » dont les revenus en issus sont ainsi partagés : 50 au technicien, 30% aux bénéficiaires simples et 20% pour les charges diverses (amortissement, réplication, intrants,…)

 4) Partenariat avec des structures pérennes Les performances des équipes sont suivies périodiquement par une ou plusieurs institutions de formation agricole liées à la ferme par une convention. L’expertise exogène sert de contrôle passif et crée une saine émulation entre les techniciens et entre les équipes. En retour, ces institutions envoient leurs étudiants en sorties pédagogiques, stages, mémoires/thèses, au niveau des fermes.

 5) Transfert massif d’eau par système de vases communicants Une série de réservoirs modulables inoxydables, pouvant stocker un (01) m³ à plus de cinquante mille (50.000) m³ d’eau, autorise ce transfert par un système de vases communicants, donc, sans énergie exogène et sans entrave à la circulation des personnes et des animaux, la tuyauterie entre les réservoirs étant enterrée. Seul le premier réservoir connecté à la source d’eau requiert du pompage. Cette capacité de stockage ne peut être obtenue avec un château d’eau et offre un cout moins élevé du m³ d’eau stocké. Le réseau, géoréférencé, est soumis à un mode de surveillance local et à distance.

 6) Organisation des bénéficiaires et constitution des chaines de valeurs Les intervenants stratégiques directs et indirects, d’amont en aval des activités de production (fournisseurs d’intrants divers : semences certifiées, engrais, information climatique et de marché, assurance agricole, crédit, emballages, transformation, distribution…), sont identifiés et mis en relation avec les producteurs. Des Tables-filières sont créées. Les producteurs sont organisés autour des techniciens pour atteindre, le plus rapidement possible, leur autonomie organisationnelle et fonctionnelle.

 7) Réplication
 Chaque ferme, pendant la période de croisière, accepte des organes de gestion qu’ils ont mis en place, des prélèvements sur leurs revenus, jusqu’à hauteur des sommes à déterminer, pour qu’à terme (2 à 3 ans), une nouvelle ferme de même dimensions soit financée, dans le même environnement.

NB. Autres applications du transfert d’eau par le système de vases communicants

- Revitalisation des vallées fossiles Au début des années 1990, le projet de revitalisation des vallées fossiles du Ferlo par écoulement gravitaire a avorté, avec la nécessité de pompages couteux, pour franchir certains points de variation du relief, notamment. Aussi, par endroits, il y avait de lourdes entraves à la circulation des personnes et des animaux (longs détours, noyades…). Avec ces réservoirs, la possibilité de transfert d’eau massifs sur de longues distances, sans pompage intermédiaire, permettrait la reprise de ce processus par portions aménagées, alimentées par des réservoirs laissant des espaces de libre circulation.

- Cultures fourragères, maraichage, aquaculture, irrigation d’appoint
Avec ce système, l’eau peut être amenée partout où de besoin, sans incidence sur la mobilité, contrairement à l’écoulement gravitaire. De grandes parcelles de cultures fourragères peuvent être prévues à des points stratégiques comme à proximité des villages abritant les loumas hebdomadaires, pour contribuer à la sédentarisation de l’élevage. Même des bois fourragers pourraient être érigés autour des villages. Certaines mares peuvent être aménagées et permettre diverses activités, selon les endroits : cultures fourragères, maraichage, aquaculture, irrigation d’appoint…

- Réponse à la contamination et à la raréfaction de l’eau productive dans les Niayes.
Les industries extractives imposent une forte concurrence à l’horticulture, dans le cadre de l’exploitation des nappes souterraines qu’elles contaminent dangereusement, mettant en danger la santé des populations, par déperdition de l’innocuité des produits agricoles y générés. Ce mode de transfert d’eau en vases communicants constitue une solution à ce problème de grande acuité, pour ce réservoir légumier du pays.
 Omar SECK
Lundi 26 Août 2019




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