Prostitution forcée : Le triste sort de femmes victimes d’exploitation sexuelle à Kédougou.


La traite des personnes est un fléau qui continue de faire des millions de victimes en Afrique. Ce problème si combattu dans le monde est aussi vécu par plusieurs centaines de femmes à Kédougou. Dans cette région orientale, un film relatant le calvaire de ces femmes, essentiellement venues de la sous-région, a mis cette histoire sur la table. Il s’agit du film réalisé par deux journalistes Sénégalais que sont Ndaté Diop (Rfm) et Jean Paul Ndour (Mehdi1tv).
 
Voilà plus d’une semaine que ce film a fait l’objet d’une première diffusion en public. Dans les faits relatés, il est apparu près d’un millier de femmes contraintes de pratiquer la prostitution. Et ce, de façon innocente dans la peur et la violence. Cela est ressorti des propos de notre confrère Ndaté Diop qui entendait avec son confrère J. P. Ndour, mettre en exergue le sort de ces ressortissantes de pays voisins. ‘’On abuse d’elles. Ce sont des filles que des gens ont fait venir du Nigeria, du Togo, du Mali et d’autres pays de la sous-région en leur faisant miroiter un voyage à l’étranger. Eh oui, ils leur ont fait croire qu’elles allaient être conduites en Europe ou bien aux États-Unis .’’ 
 
Obnubilées par leur fort désir d’aller hors du continent africain, ‘’ne connaissant ni les tenants ni les aboutissants de ce voyage, elles se sont engagées. Ce sont des passeurs qui les ont engagées et ont abusées d’elles après leur avoir promis l’Eldorado. Ces filles se retrouvent depuis, dans la forêt de Kédougou où elles sont exploitées sexuellement. Parce qu’ils les obligent à se prostituer pour pouvoir rembourser le prix du transport. C’est-à-dire l’argent dépensé pour leur venue au Sénégal. Et seules celles d’entre elles qui ont pu rembourser ce prix ont été affranchies. Elles sont exploitées de façon inhumaine. La passe pour entretenir des relations sexuelles avec elles est facturée à 2 000 F, raison pour laquelle on les appelle les ‘’Kemenany’’ qui veut dire 2 000 à Kédougou dans leur langue locale. Et elles sont obligées de se livrer quotidiennement aux clients, de jour comme de nuit pour pouvoir sortir de ce carcan où elles sont prises en otage du fait de passeurs qui les exploitent’’, a confié M. Diop.
 
Et c’est grâce à l’initiative de France Terre d'Asile, une Ong qui a lancé le projet Recolteha (Rencontre avec les acteurs de la société civile, des journalistes et des professionnels luttant contre la Traite des Êtres Humains en Afrique) que ce film a pu être réalisé. Cette réalisation a  valu à nos deux confrères une distinction : C’est le prix Recolteha qui honorait le travail fait sur ‘’la prostitution forcée des étrangères dans les site d’orpaillage de Kédougou’’. 
 
Interrogé, un des lauréats de ce prix, Ndaté Diop, a déploré cette ‘’traite des personnes qui est une réalité dans cette zone orientale’’. Au micro de Dakaractu, celui-ci a précisé d’ailleurs que l’existence de ce trafic ‘’n’est pas méconnue des autorités administratives ou judiciaires de ladite localité qui se sentent impuissantes face au phénomène. Parce que c’est un réseau international. Il y a des gens qui ont été arrêtés pour des faits portant  sur la traite de personnes ou pour proxénétisme. Mais, cela est trop peu pour freiner le fléau qui est une réalité dans cette zone. Elles sont nombreuses à Kédougou où il y a plus de 80 sites d’orpaillage. Et comme dans les coutumes et les croyances des orpailleurs, la recherche de l’or va avec l’impureté, cela fait de la prostitution une activité permanente dans ces sites d’orpaillage. Le sexe y est banal. Et ces filles qui viennent là-bas sont plus d’une centaine, d’une localité à une autre. Par exemple, à Tenkoto ou à Bankoto (des localités situées dans la région de Kédougou), là où nous avons réalisé notre reportage rien que la communauté nigériane qui est là-bas dépasse la cinquantaine. Et cela, sans parler des ressortissantes des autres pays voisins. Dans d’autres sites aussi, on peut compter le même nombre ou même plus. Ce qui fait un effectif de plus d’un millier de filles qui travaillent dans ces sites d’orpaillage en faisant la prostitution forcée’’, renseigne le co-réalisateur.
 
 
Lundi 17 Février 2020




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