Prévention de l’extrémisme violent en Afrique de l’Ouest : les religieux invités à « déconstruire les discours radicaux »


Dans la lutte contre le terrorisme dans l’espace sahélien, le tout sécuritaire a montré ses limites, d’où l’urgence d’explorer d’autres pistes pour faire taire les armes. Ces différentes approches pour venir à bout de l’insurrection jihadiste incluent une réponse religieuse solide qui agit en amont dans la prévention de l’extrémisme violent.

Dans ce contexte, le séminaire régional sur la contribution des légitimités religieuses et traditionnelles à la consolidation de la paix, la prévention et la résolution des conflits en Afrique de l’Ouest, accueilli les 16 et 17 décembre par la capitale du Sénégal, trouve tout son sens.

Organisée par le bureau des Nations-Unies en Afrique de l’Ouest et du Sahel, cette rencontre qui est une « grande première », selon Bakary Sambe qui en est le facilitateur, sera de ce qu’en conçoit Mahamat Saleh Annadif, « l’occasion pour les religieux de clarifier un certain nombre d’assertions telles que « les djihadistes alors que ce sont des terroristes... »

D’après le représentant spécial du secrétaire général des Nations-Unies pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel, « il n'y a pas mieux placés que les religieux pour déconstruire le discours de la haine qui se base sur la religion et qui fait d’elle un facteur de violence au lieu que ça soit un facteur de paix ».

Spécialiste des groupes djihadistes sahéliens, Mahamoudou Sawadogo considère que « les religieux ont une place primordiale » dans le dispositif de riposte contre les groupes djihadistes. Un rôle qui consiste à l’en croire à « rassembler les populations, déconstruire les discours radicaux des groupes armés terroristes mais aussi de donner l’espoir en remplaçant l’État dans la conscientisation des masses et en rendant justice ». Mais n’est-il pas tard si l’on sait que les groupes armés terroristes ont sous leur joug une bonne partie du Sahel Central ?

Le chercheur reconnaît que du retard est accusé et prend l’exemple du Burkina Faso où, fait-il constater, « les religieux sont aux abonnés absents ». 

Mahamadou Sawadogo estime qu’ils devaient s’impliquer davantage pour tenir un autre discours aux populations laissées à la merci des groupes armés. « Ils doivent aussi se positionner clairement dans la lutte contre l’extrémisme violent. Or ce manque de positionnement fait que les groupes armés sont en train de gagner du terrain et les cœurs des populations qui n’ont plus de facteur de résilience et de poids sur lequel elles peuvent s’appuyer pour résister », regrette le chercheur qui n’enterre pas tout espoir de revoir ces voix autorisées mouiller pleinement le maillot. Car à son avis, « il y a encore des jeunes qui les écoutent ».

En tout cas, ces deux jours sont une occasion en or pour ces acteurs venus de la sous-région pour se repositionner dans les stratégies de recherche de la paix en Afrique de l’Ouest. C’est d’autant plus nécessaire que la menace terroriste qui était confinée dans le Sahel est en train de se déplacer vers les pays côtiers. 
Jeudi 16 Décembre 2021




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