Présidentielle 2024 : quand Wade démarre la campagne de Karim en fragilisant le reste de l’opposition


« Wade-Sonko-Karim : le vieux crocodile, le capitaine et le dauphin », titrait Dakaractu le samedi 9 février 2019, coïncidant avec la rencontre entre le pape du Sopi et Ousmane Sonko. « Le candidat de Pastef doit éviter d’être « bouffé » comme un capitaine (nom de poisson) dans ce jeu d’ombre avec l’ancien président de la République, dont tous les faits et gestes visent à mettre Karim sur orbite. Icare s’est brûlé les ailes en volant trop près du Soleil ! », alertait notre chronique.

Le temps semble nous donner raison : non seulement le leader de « Sonko Président » n’a pas décroché le soutien escompté au sortir de son entrevue avec l’homme au génie au-dessus des normes que Senghor surnomma « Laye Ndiambour » ; mais depuis ces pourparlers, l’entourage de premier cercle de l’ex-inspecteur des impôts et domaines tente de remettre à l’endroit ce qui a été mis à l’envers. C’est par ce prisme qu’il faut analyser le rétropédalage de Pierre Atepa Goudiaby sur les ondes de i Radio, quand l’architecte précise qu’il n’a y a « rien qui se trame entre Wade et Sonko ».     
En fait,  une défaite du président de la République sortant induira une redistribution des cartes. Car, le tombeur de Macky Sall pourrait constituer une nouvelle majorité qui va isoler Karim Wade, alors que l’Alliance pour la République, cette armée mexicaine qui ne  saurait survivre à une chute de son indispensable fondateur, aura presque disparu du landernau. C’est donc un instinct de survie politique qui incline le leader sopiste, depuis son retour, à vouloir fragiliser l’opposition qui participe à cette présidentielle en se rendant dépositaire de l’agenda de la communication. N’étant pas né de la dernière pluie, Wade est convaincu qu’aussi bien Idrissa Seck (qui n’avait obtenu qu’un score autour de 7% en 2012), Khalifa Sall et Ousmane Sonko doivent leur popularité aux circonstances de l’heure et qu’ils pourraient la perdre si le chef de l’Etat sortant rempile.

En outre, en théorisant le chaos, le secrétaire général national du Pds cherche à prendre en otage Macky pour, par un jeu de la Barbichette, obtenir la libération totale de Karim Wade. C’est par ces manœuvres à la florentine que le charismatique opposant avait, au lendemain de la présidentielle de 1988, créé les conditions d’un dialogue avec Abdou Diouf pour amener celui-ci à poser les conditions de transparence qui permirent sa victoire en 2000. Adepte du jeu d’échecs et du compromis, Wade sait quand il faut quitter la peau du lion pour prendre celle du renard. A cet égard, il a franchi un obstacle avec l’implication d’un chef d’Etat étranger, Alpha Condé en l’occurrence, dans ce dossier.

En définitive, s’il rentre de Conakry avec la caution que son fils a recouvré tous ses droits politiques, il pourrait s’emmurer dans un silence, en maintenant son mot d’ordre de boycott. Reste maintenant à savoir si le Pds a compris.      
Lundi 18 Février 2019




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