
DAKARACTU.COM L’homme tient en ce moment le haut du pavé médiatique. Et pour cause, il est le porte-parole du chef de l’Etat, donc il est très sollicité. Son rôle, il le tient à merveille, il est capable sans sourciller de défendre l’indéfendable, avec ses airs de boutefeu implacable mêlés à ses allures de play-boy invétéré. Il a dans ce job, pour lequel il a d’extraordinaires dispositions, fait ses armes aux côtés d’un certain Abdourahim Agne, qui fut le plus déroutant des porte-paroles du monde. Le meilleur que le PS ait eu, capable de vous faire prendre toutes formes de vessies pour toutes sortes de lanternes. Sauf que Serigne Mbacké Ndiaye n’a pas la densité intellectuelle de son ex-mentor. Mais dans la galaxie libérale, cet homme arrive à vous expliquer la politique libérale mieux que les libéraux eux-mêmes. Ce militant est revenu dans le parti libéral après y avoir milité de 1975 à 1985. Serigne Mbacké Ndiaye a un flair du tonnerre pour sentir le vent de ses intérêts tourner, afin d’en épouser opportunément la courbe, même si cela l’oblige à opérer des virages à 360°. Il faut avoir un fort instinct de survie pour passer sans frémir du PS en 1988, où il fut le protégé de Mamadou Diop Le Maire, aux contours de l’URD de Djibo Kâ, puis aux supposées aisances de Moustapha Niasse de l’AFP. Cet homme aujourd'hui âgé de 56 ans est singulier dans le landernau politique. Il atterrit chez Agne, et son Parti de la réforme, y est considéré comme boutefeu, celui qu’on envoie au combat oratoire, ce qui lui va comme un gant. Il est au G10, et fait partie de ceux qui lancent l’Initiative pour le départ de Wade (Idewa). C’était le bon vieux temps où Serigne Mbacké Ndiaye tançait Abdoulaye Wade, lui demandant vu son grand âge de débarrasser le plancher, tout de suite sans conditions. Il propose des marches devant le palais pour faire partir le président, chauffe la rue dans ce but, avant de renoncer en allant se réfugier penaud sous l’aile protectrice et rémunératrice de celui-ci, bien au chaud dans sa station de PCA de la CNCA. Depuis, il nous serine le même Serigne que, tout bien pesé, Wade peut rester jusqu’en 2019. Il est prêt à tout pour faire de Wade un président à vie, il donne même des raisons à ses choix, disons plutôt des motifs. N’est-ce pas lui qui expliquait publiquement qu’il fallait absolument que Wade soit réélu, pour protéger la majorité des hommes de son camp des affres de la prison ? Il est franc du collier et finit même, à force d’osmose forcée, par ressembler à son Maître Abdoulaye Wade. Il en a adopté jusqu’à la calvitie et le phrasé. Les termes qu’il utilise sont calqués sur ceux du président, il précède les pensées du patron et s’embourbe parfois dans des démentis oiseux comme celui si fameux de l’affaire Ségura, affaire dans laquelle visiblement il n’avait pas été mis au parfum. Comme le régime qu’il doit défendre et dont il doit porter la parole est toujours vautré sur les sellettes de l’actualité, Serigne Mbacké Ndiaye ne chôme pas. Il explique, porte les propos, rapporte les paroles, déporte le bon sens, et colporte les mots. Il est celui qui, en ce moment, apporte au président des transhumants et « ralliés » par wagons entiers, toujours fier de montrer ses prises au chef libéral. Il doit avoir les mots pour les convaincre. Comme il a fait le tour de toutes les formations politiques, on comprend mieux qu’il souhaite et implore que Wade soit là jusqu’en 2019. Il y est amarré. Comme à un radeau.
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