Portrait de la semaine: Benoît, l’autre Sambou

On connaissait le Gouverneur Sambou. Pour sa rigueur et sa détermination à rester droit dans ses bottes, et fier de ses principes, Benoît Sambou lui ressemble. Notre nouveau ministre de l’Agriculture est actuellement sous les feux de la rampe médiatique et politique, et il s’en serait bien passé, sans pour autant craindre quoique ce soit de ces boules puantes glissées sous ses pas, et sous le nez des sénégalais qui savent quand même fleurer les bonnes effluves et faire le distinguo entre odeurs et parfums. Benoît Joseph Sambou dit Benjo, s’est fait connaître politiquement aux côtés de l’emblématique jeunesse qui entourait un des espoirs de la politique sénégalaise, en l’occurrence Talla Sylla, dont le Jëf-Jël dynamisait, voire dynamitait par ses audaces le paysage politique sénégalais de l’après 2000, surveillant de près, même de trop près ce que Wade et sa bande d’alors allait faire des acquis de l’Alternance. Cela leur coûta la disgrâce et l’éloignement des ors corruptifs de cette troisième République. Benoît rompt ensuite avec Talla Sylla aux détours flous dans sa trajectoire d’enfant gâté et surdoué de la politique, et intègre l’équipe municipale de la ville de Dakar avec Khalifa Sall, pour ensuite rejoindre Macky Sall tout neuf banni de la Cour du Roi Wade, et adhère à son parti tout aussi neuf comme chargé des élections, et participe à rompre par son entregent et son engagement ce halo d’ethnicisme qui flottait alors sur la bannière de l’Apr. Chez ce diola, est ancré, initiation oblige, le sens du défi. On le chambre en lui disant qu’il a été piètre étudiant, il répond qu’il a pris son temps, ce n’est pas la tête d’œuf à la Juppé ou Souleymane Bachir Diagne, mais il a d’autres atouts à revendre. Ce sont sa droiture, sa courtoisie et son accessibilité. Benoît ne « se la pète pas » comme on dit, le costume trois-pièces n’est pas sa tasse de thé, malgré un goût prononcé pour l’élégance décontractée de la chemise Lagos jetée sur un jean’s, l’habit faisant le moine sous nos contrées de parvenus, il se fait reconnaître autrement. Par son allant, sa dégaine alerte et sa foi catholique revendiquée, là où ses coreligionnaires ont tendance à s’excuser d’être chrétiens et à chuchoter leur foi, il détonne dans le milieu politique. Ce caractère trempé dans les encres indélébiles de la fidélité est un croisé de la parole donnée, jusqu’à preuve du contraire des raisons pour lesquelles il l’a justement donnée. Homme de principes, il adhère par passion et par convictions et vous quitte parce que justement un petit rien a ébranlé cette conviction. C’est peut-être là l’origine de la cabale qui se fait jour contre cet homme qui vient par pure cohérence de refuser un agrément à Cheikh Amar du fait des soupçons qui pèseraient sur lui, dans l’attribution des semences et des intrants agricoles. Benoît Sambou n’est ni charmeur de serpents ni avaleur de couleuvres, et si cette fronde qui monte contre lui laisse si aisément deviner son origine, elle explique en creux, que c’est un homme qui n’accompagnera jamais Macky Sall juste pour garder son poste, et préférera l’abandonner à de plus opportunistes. Si Macky Sall doit dévier de la ligne qui l’a fait adhérer à son projet, ce sera sans lui, et Benoît Sambou ne laissera jamais les manipulateurs politiques professionnels, considérer le chef de l’état comme une marionnette entre leurs mains. La vérité, il la dira quoiqu’il lui en coûte. Et en ce sens, il peut déranger par son côté « obtu de la ligne ». Macky Sall a confiance en lui, c’est un homme de défis, il peut légitimement faire et de l’ombre et peur à certains hommes du déni. Quant à sa vie privée, largement évoquée à faire respirer avec une pince à linge dans le nez, ce beau gosse de 45 ans a un faible pour les belles femmes. Et alors ? la femme, pour pasticher Aragon, le poète, pas l’orchestre, n’est-elle pas…. « L’Avenue » de l’homme ? Avec des trottoirs pavés d’excroissances sur lesquelles parfois les hommes butent et …trébuchent. On va pas tout de même en faire un fromage !!! Si ? Alors un « caprice des Dieux » ou alors un « Pont l’Evêque » !!!