Elle n’aura répondu au titre d’«Honorable député» que pendant une courte semaine. Aminata Guèye, 56 ans, a siégé lors de la première session de la 12ème Législature, par la faute d’une homonymie avec la native de Saint-Louis. Une confusion troublante puisque la fausse n’a même pas été investie sur la liste de Benno bokk yaakaar.
Par Hamath KANE
C’est presque insolite. L’Assemblée nationale a compté… 151 députés au lieu de 150 le 1er juillet. Et même jusqu’à hier. En effet, une confusion s’est installée au sein la majorité présidentielle le lundi 30 juillet 2012, jour de l’installation de la douzième Législature. L’administration de l’Assemblée nationale s’affaire autour de l’installation du Bureau d’âge composé de l’aîné des députés et de ses deux benjamines pour l’élection du président de l’Assemblée nationale. Alors que Fatou Thiam du Parti démocratique sénégalais (Pds) attendait l’autre plus jeune député de Benno bokk yaakaar (Bby), Aminata Guèye, une autre du même nom s’apprêtait, non pas à siéger à sa place, mais à s’installer confortablement sur un fauteuil de l’Hémicycle. La vraie est celle élue sur la Départementale de Saint-Louis et née le 2 janvier 1981. La fausse, elle, a vu le jour en 1956.
Du coup, elle est exclue du bureau d’âge, mais garde jalousement sa place aux côtés des officiels listés par le Conseil constitutionnel. La Saint-louisienne, qui avait, dans un premier temps, nié une quelconque confusion, confirmera, quelques minutes plus tard, cet imbroglio. «Elle (son homonyme) s’apprêtait à voter», laisse-t-elle entendre. L’élue de Bby avait pourtant été frappée par l’appel d’une autre Aminata et l’aurait soufflé à certains de ses collègues du même groupe. Mais, le vote se poursuivra. Celle qui se voyait déjà député, sans être investie sur quelque liste que ce soit, vivait ses premiers moments d’un «sacre» venu du ciel.
«ELLE A MÊME RéCUPéRé MES CLéS»
Jusqu’au matin du lundi 6 août (hier), Aminata Guèye, native de Kaolack, mais militante de l’Apr à Dakar, était le 151e député que ni l’administration de l’Assemblée nationale ni son groupe parlementaire ne pouvaient imaginer. C’est d’ailleurs au moment où le groupe parlementaire Benno bokk yaakaar se concertait dans les couloirs de l’Hémicycle, attendu par l’opposition parlementaire, que les responsables se sont rendu compte de cette rocambolesque «erreur».
Séance tenante, le président de l’Assemblée nationale et le groupe de Bby dirigé par Moustapha Diakhaté ont voulu remettre les choses à l’endroit. Mais déjà, le député de plus- de trop- était en plein exercice puisqu’elle a même récupéré les clés du casier qui revenait plutôt à la benjamine de Saint-Louis. «Ce matin (hier), on m’a dit que quelqu’un a récupéré les clés de mon casier. La dame (l’autre Aminata Guèye) est venue les prendre», précise-t-elle.
L’ACCUSéE MARIèME BADIANE NIE
Si cette confusion monumentale a eu lieu c’est, selon l’éphémère député, à cause de la présidente des femmes de l’Alliance pour la République (Apr). «Je croyais que j’étais investie à Dakar parce qu’on me l’avait promis. Il se trouve que j’étais malade et alitée. Je souffrais d’une douleur au genou. Alors, c’est ainsi qu’après avoir appris que j’ai été investie, j’ai appelé Marième Badiane pour vérification. Le dimanche 29 juillet, veille de l’installation de la nouvelle Assemblée nationale, à 18h, Mme Badiane était au Cices pour représenter la Première dame. Je l’ai rappelée et elle m’a dit : «Cette Aminata Guèye, c’est toi ; il faut aller à l’Assemblée nationale demain (lundi).» Joint par téléphone, la présidente des femmes de l’Apr, parti présidentiel, en rit d’abord, avant de botter en touche. «Je ne connais même pas une autre Aminata Guèye que celle de Saint Louis. Encore que je ne la connais pas parfaitement», rétorque-t-elle.
MOUSTAPHA DIAKHATé : «C’EST L’éVéNEMENT DU SIèCLE»
Ce qui paraît insolite est finalement, pour le président du groupe parlementaire Benno bokk yaakaar, «l’évènement du siècle». Au téléphone, Moustpaha Diakahté est dans du tragicomique. Il en rit, puis, en pleure. Surtout pour une «député» qui n’a été investie ni sur les Départementales ni sur la Nationale. «Elle n’est investie nulle part», s’étonne M. Diakhaté. Pour lui, c’est invraisemblable. «Nous devons être encore plus regardants», conseille-t-il à son groupe. Comment se fait-il que l’administration de l’Assemblée nationale n’ait pas pu éviter cette confusion ? A-t-on effectivement contrôlé les identités des uns et des autres, ce jour-là ? Autant d’interrogations qui méritent réponses. Mais, Diakhaté se dit «meurtri par ce rebondissement, pour quelqu’un qui avait commencé à goûter à une nouvelle vie et à nourrir beaucoup d’espoir pour sa famille». Il entend d’ailleurs, dans les prochains jours, aller rendre visite à la malheureuse pour lui remonter le moral. La fausse députée n’aura vécu qu’une séance parlementaire. Une semaine et tout a basculé.
Par Hamath KANE
C’est presque insolite. L’Assemblée nationale a compté… 151 députés au lieu de 150 le 1er juillet. Et même jusqu’à hier. En effet, une confusion s’est installée au sein la majorité présidentielle le lundi 30 juillet 2012, jour de l’installation de la douzième Législature. L’administration de l’Assemblée nationale s’affaire autour de l’installation du Bureau d’âge composé de l’aîné des députés et de ses deux benjamines pour l’élection du président de l’Assemblée nationale. Alors que Fatou Thiam du Parti démocratique sénégalais (Pds) attendait l’autre plus jeune député de Benno bokk yaakaar (Bby), Aminata Guèye, une autre du même nom s’apprêtait, non pas à siéger à sa place, mais à s’installer confortablement sur un fauteuil de l’Hémicycle. La vraie est celle élue sur la Départementale de Saint-Louis et née le 2 janvier 1981. La fausse, elle, a vu le jour en 1956.
Du coup, elle est exclue du bureau d’âge, mais garde jalousement sa place aux côtés des officiels listés par le Conseil constitutionnel. La Saint-louisienne, qui avait, dans un premier temps, nié une quelconque confusion, confirmera, quelques minutes plus tard, cet imbroglio. «Elle (son homonyme) s’apprêtait à voter», laisse-t-elle entendre. L’élue de Bby avait pourtant été frappée par l’appel d’une autre Aminata et l’aurait soufflé à certains de ses collègues du même groupe. Mais, le vote se poursuivra. Celle qui se voyait déjà député, sans être investie sur quelque liste que ce soit, vivait ses premiers moments d’un «sacre» venu du ciel.
«ELLE A MÊME RéCUPéRé MES CLéS»
Jusqu’au matin du lundi 6 août (hier), Aminata Guèye, native de Kaolack, mais militante de l’Apr à Dakar, était le 151e député que ni l’administration de l’Assemblée nationale ni son groupe parlementaire ne pouvaient imaginer. C’est d’ailleurs au moment où le groupe parlementaire Benno bokk yaakaar se concertait dans les couloirs de l’Hémicycle, attendu par l’opposition parlementaire, que les responsables se sont rendu compte de cette rocambolesque «erreur».
Séance tenante, le président de l’Assemblée nationale et le groupe de Bby dirigé par Moustapha Diakhaté ont voulu remettre les choses à l’endroit. Mais déjà, le député de plus- de trop- était en plein exercice puisqu’elle a même récupéré les clés du casier qui revenait plutôt à la benjamine de Saint-Louis. «Ce matin (hier), on m’a dit que quelqu’un a récupéré les clés de mon casier. La dame (l’autre Aminata Guèye) est venue les prendre», précise-t-elle.
L’ACCUSéE MARIèME BADIANE NIE
Si cette confusion monumentale a eu lieu c’est, selon l’éphémère député, à cause de la présidente des femmes de l’Alliance pour la République (Apr). «Je croyais que j’étais investie à Dakar parce qu’on me l’avait promis. Il se trouve que j’étais malade et alitée. Je souffrais d’une douleur au genou. Alors, c’est ainsi qu’après avoir appris que j’ai été investie, j’ai appelé Marième Badiane pour vérification. Le dimanche 29 juillet, veille de l’installation de la nouvelle Assemblée nationale, à 18h, Mme Badiane était au Cices pour représenter la Première dame. Je l’ai rappelée et elle m’a dit : «Cette Aminata Guèye, c’est toi ; il faut aller à l’Assemblée nationale demain (lundi).» Joint par téléphone, la présidente des femmes de l’Apr, parti présidentiel, en rit d’abord, avant de botter en touche. «Je ne connais même pas une autre Aminata Guèye que celle de Saint Louis. Encore que je ne la connais pas parfaitement», rétorque-t-elle.
MOUSTAPHA DIAKHATé : «C’EST L’éVéNEMENT DU SIèCLE»
Ce qui paraît insolite est finalement, pour le président du groupe parlementaire Benno bokk yaakaar, «l’évènement du siècle». Au téléphone, Moustpaha Diakahté est dans du tragicomique. Il en rit, puis, en pleure. Surtout pour une «député» qui n’a été investie ni sur les Départementales ni sur la Nationale. «Elle n’est investie nulle part», s’étonne M. Diakhaté. Pour lui, c’est invraisemblable. «Nous devons être encore plus regardants», conseille-t-il à son groupe. Comment se fait-il que l’administration de l’Assemblée nationale n’ait pas pu éviter cette confusion ? A-t-on effectivement contrôlé les identités des uns et des autres, ce jour-là ? Autant d’interrogations qui méritent réponses. Mais, Diakhaté se dit «meurtri par ce rebondissement, pour quelqu’un qui avait commencé à goûter à une nouvelle vie et à nourrir beaucoup d’espoir pour sa famille». Il entend d’ailleurs, dans les prochains jours, aller rendre visite à la malheureuse pour lui remonter le moral. La fausse députée n’aura vécu qu’une séance parlementaire. Une semaine et tout a basculé.
Aminata Guèye, fausse député, a voté : La légalité du bureau en question
C’est une affaire qui risque de polluer pendant plusieurs semaines l’ambiance et la quiétude de l’Assemblée nationale. En reconnaissant sans ciller qu’elle a voté, cette fausse députée de l’Alliance pour la République (Apr) risque de secouer l’institution dans les prochains jours.
Aminata Guèye, dont la présence dans l’antre de l’Hémicycle est plus que rocambolesque, pourrait remettre même en cause la légitimité et la légalité du vote du Bureau de l’Assemblée nationale. Quelle est la légalité de ce bureau élu aussi par une intruse dans cette institution suffisamment organisée ? Son vote sera-t-il considéré comme un simple fait inédit et traité comme les cas de fraude orchestrés lors des grandes élections comme la Présidentielle et les Législatives ? Il est clair que l’Assemblée nationale n’a pas sans doute prévu dans son mode d’élection ce cas de figure inédit, se trouve dans un cas de jurisprudence. Selon son règlement intérieur, «au jour et à l’heure fixés pour l’ouverture de la session, le président fait procéder à l’appel nominal des députés. Après avoir fait constater que le quorum fixé à l’article 6 est atteint, il déclare la session ouverte. Il est ensuite procédé à l’élection du Bureau…» Evidemment, il n’a pas spécifié ce qui remet en cause la légitimité ou la légalité de son bureau.
Par ailleurs, le laxisme de l’administration de l’Assemblée nationale est inexplicable. Lors de l’installation du Bureau, il a été constaté 146 députés présents dans l’Hémicycle. Au moment du vote, les préposés au dépouillement devraient se rendre compte d’une voix supplémentaire (147) au lieu du nombre énoncé ci-haut. Même si les absents (4) ont voté par procuration, il y a toujours le bulletin d’une intruse (151). Pis, Amina Guèye s’est même procuré les clés de…. «son casier» à la place de la véritable députée. Agée de 56 ans alors que son homonyme (31ans), investie à Saint-Louis, cette dame ne figure sur aucune liste de Benno bokk yaakaar. Un simple contrôle d’identité aurait pu régler l’affaire.
Ces impairs constituent de véritables manquements qui remettent en cause la rigueur de la Place Soweto.
Moustapha Diakhaté, président du groupe parlementaire de la majorité, s’est surtout préoccupé de la sécurité des députés. Désormais, la salle des Plénières n’est plus une place inexpugnable. Aminata Guèye, sans être députée, a siégé, et a voté tranquillement comme si de rien n’était. Comme une honorable députée.
Aminata Guèye, dont la présence dans l’antre de l’Hémicycle est plus que rocambolesque, pourrait remettre même en cause la légitimité et la légalité du vote du Bureau de l’Assemblée nationale. Quelle est la légalité de ce bureau élu aussi par une intruse dans cette institution suffisamment organisée ? Son vote sera-t-il considéré comme un simple fait inédit et traité comme les cas de fraude orchestrés lors des grandes élections comme la Présidentielle et les Législatives ? Il est clair que l’Assemblée nationale n’a pas sans doute prévu dans son mode d’élection ce cas de figure inédit, se trouve dans un cas de jurisprudence. Selon son règlement intérieur, «au jour et à l’heure fixés pour l’ouverture de la session, le président fait procéder à l’appel nominal des députés. Après avoir fait constater que le quorum fixé à l’article 6 est atteint, il déclare la session ouverte. Il est ensuite procédé à l’élection du Bureau…» Evidemment, il n’a pas spécifié ce qui remet en cause la légitimité ou la légalité de son bureau.
Par ailleurs, le laxisme de l’administration de l’Assemblée nationale est inexplicable. Lors de l’installation du Bureau, il a été constaté 146 députés présents dans l’Hémicycle. Au moment du vote, les préposés au dépouillement devraient se rendre compte d’une voix supplémentaire (147) au lieu du nombre énoncé ci-haut. Même si les absents (4) ont voté par procuration, il y a toujours le bulletin d’une intruse (151). Pis, Amina Guèye s’est même procuré les clés de…. «son casier» à la place de la véritable députée. Agée de 56 ans alors que son homonyme (31ans), investie à Saint-Louis, cette dame ne figure sur aucune liste de Benno bokk yaakaar. Un simple contrôle d’identité aurait pu régler l’affaire.
Ces impairs constituent de véritables manquements qui remettent en cause la rigueur de la Place Soweto.
Moustapha Diakhaté, président du groupe parlementaire de la majorité, s’est surtout préoccupé de la sécurité des députés. Désormais, la salle des Plénières n’est plus une place inexpugnable. Aminata Guèye, sans être députée, a siégé, et a voté tranquillement comme si de rien n’était. Comme une honorable députée.