One Health : La fièvre de la vallée du Rift à l’assaut des animaux domestiques après la faune sauvage.


Des maladies émergentes continuent de secouer le monde et impliquent des changements de paradigme dans la gestion des risques sanitaires. La division notée entre la médecine humaine et celle dite animale, est pour beaucoup de précurseurs de la santé mondiale (One Health) à l’origine des carences notées dans la gestion des problèmes de santé publique. 

 

C’est ainsi que sont apparues, les crises sanitaires comme l'influenza aviaire hautement pathogène A/H5N1, le Syndrome respiratoire aigu sévère (Sars), l'encéphalopathie spongiforme bovine ou maladie de la vache folle, les fièvres hémorragiques comme la maladie à virus Ebola, la maladie à virus Marburg, la fièvre de la vallée du Rift, la fièvre de Crimée Congo, la fièvre de Lassa, etc. 

 

Ces pathologies qui se sont succédées sur notre planète ont fini par convaincre les autorités étatiques, les chercheurs et les organisations internationales de la nécessité de fédérer les forces, en vue d'apporter des solutions durables pour la prévention, la détection rapide, la réponse efficace et le rétablissement des situations d'urgence sanitaire.

 

Face à la floraison de ces nouvelles maladies, le Docteur vétérinaire, Médoune Badiane et ses collaborateurs ont entamé des actions en faveur d'une prise de conscience et d'actions collectives pour promouvoir une meilleure santé globale. Il est chargé de la surveillance épidémiologique et maladies animales au niveau du ministère de l’élevage et des produits animales.

 

12 zones à risque identifiées dans cinq régions

 

‘’Au niveau national, récemment on a noté une apparition de la fièvre de la vallée du Rift au niveau de la faune sauvage, en septembre au niveau d’une gazelle dans une réserve. La maladie s’est propagée au niveau des animaux domestiques, au niveau de la région de Saint-Louis, dans les villages de Bango et de Maka Diama. Beaucoup de cas de mortalité ont été enregistrés, ainsi que dans des fermes privées de bovins laitiers. Pendant plus de deux mois, des morts d’animaux ont été enregistrés à Saint-Louis et à Matam. Chez les hommes, Fatick a enregistré quelques cas.  Il n’y a pas eu mort d’homme’’, a révélé le Dr Badiane, en marge d’un atelier d’orientation sur l’approche One Health, tenue en fin de semaine. Occasion qu’il avait saisie pour parler de la situation de la fièvre de la vallée du Rift et des derniers cas, de cette maladie, enregistrés au Sénégal.

 

‘’La fièvre de la vallée du Rift est une maladie zoonotique qui se transmet de l’animal à l’homme et vice-versa mais aussi une maladie victorienne. Les vecteurs qui transmettent cette maladie sont des moustiques. C’est une maladie périodique qui vient avec des circonstances favorables comme des pluies exceptionnelles qui favorisent une pullulation des moustiques et l’émergence de cette maladie. Elle peut affecter aussi bien l’animal (ruminants comme les dromadaires, moutons chèvres vaches, entre autres) que l’être humain’’.

 

Concernant les signes cliniques de cette maladie, il a précisé que ‘’c’est une maladie très virale. Chez les animaux, par exemple, on note l’avortement massif chez les femelles gestantes.  On note aussi une mortalité des jeunes de moins de deux mois. À cet âge, ces animaux paient le plus lourd tribut de cette maladie. Chez les humains aussi c’est une maladie hémorragique virale. C'est-à -dire qu’on note une fièvre mais aussi des symptômes tels que les douleurs musculaires et les douleurs au niveau des articulations. Il peut y avoir d’autres signes,  le plus important à retenir étant que la fièvre peut être mortelle’’.

 

Il est dangereux de boire du lait cru, parce que …

 

Par rapport à la prise en charge, il a estimé qu’elle est de plusieurs ordres. Il préconise, en première lieu, la pasteurisation du lait, c’est-à-dire, le chauffage du lait à près de 50° avant toute consommation. ‘’Il faut vacciner au niveau des foyers, mener une lutte antivictorienne et agir sur la multiplication des moustiques (désherbage, pulvérisation des points d’eau). Il est dangereux de boire du lait cru. Il contient des vecteurs pouvant engendrer des infections et certaines maladies d’origine animale. Il est souvent nécessaire de pasteuriser, c’est à dire de chauffer avant la consommation. Au moins 50 degrés. Cela permet de réduire les pathogènes et rend le lait consommable avec moins de danger. Dans notre manière de boire le lait cru, le risque de transmission de la fièvre de la vallée du Rift et de la tuberculose est bien réel'', a-t-il prévenu.

 

Pour une prise en charge adéquate des zoonoses, il a salué la viabilité de l’approche One Health. ‘’La mayonnaise est en train de prendre. Il y a une très bonne collaboration entre les secteurs de la santé, les vétérinaires et l’environnement. Avant, ce n’était pas le cas. Mais, de plus en plus ces acteurs précités interviennent surtout pendant la dernière apparition. 12 zones à risques réparties entre cinq régions au moins. Dans ces zones sont installés des troupeaux sentinelles qui vont révéler la présence de la maladie dès les premiers instants. On n’attend pas souvent cela. Chaque année, à la veille de l'hivernage, on prélève le sang de ces animaux’’.

Mercredi 21 Avril 2021




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