OMAR BA, DIRECTEUR DU CADRE DE VIE : « 30 bus, 235 cantines en bois et 64 en fer, 10 containers électriques…ont été dégagés du stade LSS »

C’est le programme de désengorgement le plus huilé que le Sénégal n’a jamais connu. Mieux que les opérations de conjoncture (connues dans le passé), celles lancées récemment par le ministère de l’Urbanisme, Habitat et du Cadre de vie va transcender les régimes pour faire dans la durée. C’est du moins, la révélation faite à Libération par le directeur du Cadre de vie audit ministère. Selon Oumar Ba, le slogan «un corps sain dans un cadre de vie sain», doit guider nos actes à tous les niveaux de responsabilité. Première partie l'entretien...


Libération : L'opération de désengorgement de la capitale et des villes du pays a commencé depuis un certain temps. Quel bilan à mi-parcours en tirez-vous ?

 

Omar Ba : Avant d'être un bilan chiffré, c'est d'abord un bilan politique. Ce bilan politique se traduit par l'engagement pris par le Chef de l’Etat qui avait annoncé des mesures fortes lors de sa prestation de serment pour son second mandat.  Je crois que dans le bilan à mi-parcours, c'est un élément qu'il faut décrypter au plan politique. L'autre bilan, celui-là, est symbolique. Il s’apparente à l'appropriation et au ressenti que nous ont donnés les Sénégalais quant à cette politique nouvelle. Nous avons vu une adhésion de la population et les retours que nous avons sont très positifs. Nous sommes entendus et souvent encouragés dans ce que nous faisons. Quant au bilan chiffré, nous pourrons aller dans les détails. Parce qu'avec nos éco-vigiles, quand  nous intervenons dans une zone, nous répérons  tout : charrettes, cantines en bois,  machines en fer, bus, carcasses, épaves…

 

Quelle est, concrètement, la situation à Dakar, depuis le démarrage des opérations  ?

 

Ce sont plusieurs opérations. Il y a celles que nous menons au niveau du Cadre de vie mais il y aussi des choses qui se font avec les mairies. Et ce sont des choses qu'il faudra ajouter au bilan. 

 

Quel est le bilan des opérations menées par la direction du Cadre de vie du ministère de l’Urbanisme que vous dirigez ?

 

Au niveau du stade LSS par exemple, nous avons enlevé 30 bus, 235 cantines en bois, 64 cantines en fer, 3 grues chargeurs en panne, 5 containers, 3 plateaux sans moteurs, 55 ateliers démolis  et occupés par des vulgarisateurs, 10 containers électriques de petite taille et  plus d'une centaine d'épaves. Mais tout cela c’est juste pour illustrer compte non tenu des gravats et des camions de sable et de pierres qui étaient dans la zone. Ce qui se passait aux alentours du stade Lépold Sédar Senghor était inadmissible dans un pays qui a joué deux finales de la Can. 

 

C'était plus qu'un bazar ? Un monde sans loi ni règlement ? 

 

Tout à fait. Mais cela montre aussi cette victoire symbolique.  Et le retour de l'Etat qui, tout de même, n’a jamais été absent même si les gens se sont installés sur une longue durée sans autorisation. L'Etat vient marquer une fois et de manière ferme, sa volonté de restaurer l'Etat de droit à travers l'occupation de l'espace public. Effectivement, c'était le message fort qu'il fallait lancer. 

 

Le stade est à cheval entre deux communes. Quel a été l'apport des maires de Patte d’Oie et des Parcelles Assainies lors de votre intervention ? 

 

Ils étaient très impliqués. Le maire des Parcelles, Moussa Sy, s’est engagé personnellement en mettant du matériel à la disposition de l'équipe et il a fait parfois la police pour empêcher les gens de partir avec des épaves ou de la ferraille. Il faut, à cet effet, salué l'engagement des maires des Parcelles tout comme celui de son homologue de la Patte d'Oie, Banda Diop. De manière générale, il faut saluer l’engagement de tous les maires à travers le pays. Chaque jour, ils nous signalent démontrent leur volonté de nous accompagner. 

 

Vous avez aussi évoqué la question de la symbolique au stade Lss. Pourquoi ? 

 

L'opération autour du stade Lss était symbolique à plus d'un titre. Parce qu'il s'agit d'un stade. Le plus grand du pays. Ce n'est pas normal la situation qu’il y avait aux alentours de l’infrastructure.  C'était aussi symbolique par la taille du site qui s’étend sur près de quatre hectares. C'était la plus grosse opération de désencombrement entamé dans ce pays sur cette période.

Et c'était aussi symbolique  parce que pour la première fois, les Asp, sur instruction du Président Macky Sall, intervenaient sur ce site. La première fois qu'on avait autant de policiers. La taille et le nombre des engins et personnes mobilisées. C'était une très belle victoire. Il faut juste avoir été à Lss avant et après pour s’en rendre compte. 

 

Si cette situation n’a fait que trop durer, pourquoi c'est maintenant que la prise en charge du désencombrement des rues et artères de Dakar et des autres villes du pays, est d'actualité ?

 

Ce n’est vraiment pas une nouveauté parce qu'il y a toujours eu des opérations de "Set Setal", notamment avec le gouverneur Saliou Sambou à qui il faut rendre un hommage. Il s’est illustré dans les grandes opérations de désencombrement de la capitale. Mais là effectivement, c'est une volonté affirmée, beaucoup plus forte et surtout à long terme. Il s'agit d'un programme national qui va se dérouler non pas sur quelques jours, semaines et mois mais sur la durée du mandat en cours du Président  Macky Sall, et peut-être au-delà. C'est aussi une volonté très forte, une nouveauté. En général on assistait à des opérations ponctuelles sur une courte durée. Là ce sont des opérations sur une longue durée de désencombrement pour la première phase et d’assainissement du cadre de vie, pour la seconde étape. Véritablement, c'est cela que nous visons. La lutte contre les encombrements n'est qu'une partie de la politique publique que nous menons. Notre objectif, c'est l'amélioration du cadre vie.  

 

Cette nouvelle vision politique du gouvernement du Sénégal est-elle une réponse au rapport de l'Onu qui classe Dakar sur la liste des capitales les plus polluées du monde ?

 

C'est aussi à nuancer. Nous avons certes des problèmes de pollution mais nous ne sommes pas mal lotis. Il y d'autres villes du monde qui sont beaucoup plus polluantes que Dakar. Tant mieux. Cette annonce même si elle était fausse, peut déboucher sur un sursaut national qui nous permet de prendre en compte tous ses aspects du cadre de vie parce qu'en réalité, il s'agit des questions de santé publique (A suivre). 

 

Jeudi 22 Août 2019




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