Mauritanie : Les Nations Unies saisies par deux blogueurs jetés en prison pour ‘’détention arbitraire’’


Mauritanie : Les Nations Unies saisies par deux blogueurs jetés en prison pour ‘’détention arbitraire’’
 
Abderrahmane Weddady et Cheikh Mohamed Jeddou sont deux blogueurs mauritaniens placés en détention depuis le 22 mars dans leur pays. Leur habitude à critiquer ‘’régulièrement le régime du président Mohamed Ould Abdel Aziz’’ leur ont valu cette situation. Des détentions condamnées par de nombreuses Ong (Organisation non gouvernementale), a appris Dakaractu.
 
Après près de deux mois de privation de liberté, les deux blogueurs qui pestent contre leur détention qu’ils qualifient "d’arbitraire" et ‘’sans fondement réel depuis le 22 mars, ont saisi le Groupe de travail sur la détention arbitraire des Nations-Unies afin de faire reconnaître le caractère illégal de leur détention. Et pour demander leur libération immédiate’’. C’est du moins ce qu’ont déclaré, ce mardi 21 mai 2019 leurs avocats que sont Me Brahim Ould Ebety du Barreau de Nouakchott et Me Henri Thulliez du Barreau de Paris.
 
Du récit fait par leurs conseils, il apparait que les sieurs ‘’Weddady et Jeddou ont été arrêtés par la brigade des crimes financiers de la police judiciaire et placés en détention, sans qu’aucun motif ne soit mis en avant. Le 27 mars, ils ont été inculpés de calomnie et placés sous mandat de dépôt par un juge d’instruction avant d’être transférés à la prison centrale de Nouakchott’’.
 
Il est reproché à M. Weddady, ancien journaliste, et M. Jeddou, ancien conseiller juridique, d'avoir repris depuis plusieurs mois des informations tirées d’organes de presse étrangers relatives au potentiel gel d’un compte bancaire par les autorités de Dubaï qui appartiendrait au chef de l’État mauritanien. Surtout, les deux blogueurs enquêtaient depuis plusieurs années sur une escroquerie immobilière basée sur le système de Ponzi, touchant plusieurs milliers de familles et qui aurait bénéficié à des proches du président sans que l’auteur principal présumé ne soit jamais inquiété par la justice’’.
 
Quant aux avocats chargés de défendre les intérêts des deux blogueurs, ils ont vivement dénoncé la légèreté des faits retenus contre leurs clients.  ‘’Le dossier d’accusation est vide. Les poursuites pour calomnie contre nos clients ne reposent sur aucun fondement’’, ont déclaré Me Brahim Ould Ebety et Me Henri Thulliez. Il apparaît dès lors, aux yeux des avocats de la défense que ‘’le régime mauritanien semble chercher à intimider toute personne qui dénonce publiquement l’impunité orchestrée par celles et ceux qui profitent de la mal gouvernance. Ils doivent être libérés immédiatement’’.
 
Pour l’heure, il est à signaler que la détention des blogueurs a déjà été condamnée par Human Rights Foundation, Human Rights Watch, Committee to Protect Journalists et Reporters sans Frontières.
 
Le Groupe de travail sur la détention arbitraire, un organisme mandaté par l’Onu regroupant des experts indépendants des droits humains qui enquêtent sur des cas d’arrestation et de détention arbitraire qui peuvent être en violation du droit international des droits de l’homme. Entre 2017 et 2018, renseigne ledit document parvenu à notre rédaction, le Groupe de travail avait déjà dénoncé à trois reprises les arrestations arbitraires en Mauritanie d’un blogueur, de militants anti-esclavagistes et d’un sénateur de l’opposition.
 
 
Mardi 21 Mai 2019




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