MBOUR : Malade et oublié, le cri du cœur de Khalifa Diouf, légende du judo africain, interpelle l'État : "Je n'ai même pas d'assurance maladie"


Poursuivant sa mission de couverture des réalités locales, Dakaractu Mbour s’est rendu au quartier Santessou, à Mbour, pour rencontrer Khalifa Diouf, monument du judo sénégalais et africain. L'ancien champion est aujourd'hui affaibli par la maladie, mais son histoire résonne avec une force inébranlable.

Né le 24 mars 1958, Khalifa Diouf a marqué l’histoire du judo africain : sept fois champion d’Afrique poids lourd, triple olympien, il est notamment célèbre pour sa victoire retentissante en 1991 au Caire contre l'Égyptien Mohamed Ali Rashwan, véritable icône continentale. Aujourd’hui, la gloire a laissé place au silence et à la douleur.

Allongé et visiblement très atteint par la maladie, l’ancien champion s’est confié au micro de Dakaractu, avec une sincérité bouleversante.

“Je suis malade, alité… J’ai perdu espoir. Ce qui me blesse le plus, c’est ce sentiment d’abandon. C'est comme si je n’étais pas Sénégalais, comme si je n’avais jamais rien fait pour mon pays, pour mon terroir, Mbour.”

Cet aveu est déchirant pour celui qui a hissé le drapeau national sur les plus grandes scènes sportives du monde.

Un héros national sans assurance, sans soutien, sans reconnaissance
Dénonçant une réalité choquante, Khalifa Diouf fait preuve d'une lucidité froide :

“J’ai représenté le Sénégal partout, j’ai tout donné. Aujourd’hui, je n’ai même pas d’assurance maladie… rien. Je suis gravement malade, et je n’ai reçu aucun soutien, à part ma famille, ni de l’État, ni d’aucune autorité.”

L’ancien champion a également évoqué des situations "anormales" vécues au sein du système de santé, qu’il préfère taire par respect, mais qui témoignent d’un profond manque de considération pour les anciens athlètes.

Appel pressant : “Pensez aux fils du Sénégal…”

Dans un souffle mêlant émotion et patriotisme, il lance un appel direct :

“Je demande aux autorités de penser aux fils du Sénégal, à ceux qui ont contribué à l’effort national. Nous ne devons pas être oubliés.”

Touché par la visite de notre équipe, il conclut : “Je remercie Dakaractu Mbour. Je prie pour la paix au Sénégal et pour que nos athlètes ramènent des médailles aux prochains Jeux Olympiques.”

Un patrimoine vivant, abandonné à lui-même

Malgré sa maladie, Khalifa Diouf n’a jamais cessé de transmettre son savoir aux jeunes de la Petite Côte, sur les plages mêmes qui ont façonné sa carrière. Une légende vivante livrée à elle-même.
Lundi 8 Décembre 2025
Dakaractu