Face à l’augmentation alarmante des violences faites aux femmes et aux filles, le Sénégal veut franchir une étape décisive dans la lutte contre ce fléau. Un atelier de partage sur le protocole de collaboration multisectorielle pour la prise en charge des victimes de violences a réuni cette semaine l’ensemble des acteurs engagés dans ce combat national.
Une situation préoccupante qui exige une action urgente
Les chiffres parlent d’eux-mêmes et dressent un tableau inquiétant. Selon les données de l’Agence nationale de la Statistique et de la Démographie (ANSD), les cas de violence ont progressé de 27% à 31,9% au cours des cinq dernières années. La persistance de l’excision touche encore 20,1% de la population concernée, tandis que le taux de mariage d’enfants s’élève à 12%.
Plus grave encore, l’augmentation récente des cas de féminicide a sonné comme un signal d’alarme, rappelant l’urgence d’une mobilisation nationale renforcée. Ces tragédies constituent des violations fondamentales des droits humains qui ne peuvent rester sans réponse.
Des avancées législatives à consolider
Le représentant du Fonds des Nations Unies pour la Population (UNFPA), s’exprimant au nom des agences onusiennes UNICEF et ONU Femmes, a salué l’engagement constant de l’État sénégalais. Le pays a ratifié les principaux instruments juridiques internationaux, notamment la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes (CEDEF) et le Protocole de Maputo. L’adoption de la Loi n°2020-20 criminalisant le viol et la pédophilie marque également une avancée significative. Toutefois, malgré ces progrès législatifs et politiques, un défi majeur persiste : le manque de centres spécialisés et l’absence d’harmonisation des outils de référence nuisent à l’efficacité de la réponse étatique.
Deux protocoles pour une réponse coordonnée
C’est précisément pour combler ces lacunes que deux instruments de référence fondamentaux ont été élaborés grâce à la collaboration des ministères de la Santé, de la Justice, de la Famille, de la Jeunesse et de nombreux partenaires. Le protocole de prise en charge standardisé, qui propose une approche différenciée selon les types de violences subies, permet une réponse adaptée à chaque situation. Par ailleurs, un autre protocole de collaboration multisectorielle, qui vise à harmoniser l’action de tous les acteurs impliqués dans la chaîne de prise en charge des victimes.
Un engagement renouvelé pour atteindre « zéro violence »
L’atelier constitue une étape décisive dans le déploiement de ces outils sur l’ensemble du territoire. L’UNFPA a réaffirmé son engagement indéfectible auprès de l’État du Sénégal pour atteindre ses « trois résultats transformateurs » dont l’objectif central demeure : zéro violence basée sur le genre et zéro pratiques néfastes. Le succès de cette initiative reposera sur l’implication de tous les acteurs, des ministères sectoriels aux organisations de la société civile, en passant par les partenaires techniques et financiers comme ENABEL, dont l’appui a été déterminant dans l’élaboration de ces protocoles.
Sous le leadership du ministère de la Famille, des Solidarités et de l’Action sociale, le Sénégal se donne ainsi les moyens d’une réponse intégrée et efficace pour protéger les droits fondamentaux des femmes et des filles.