Lettre à mes compatriotes : les manquements notés...et l’échec de certains ne doivent pas constituer de frein à notre élan.


Les Sénégalais ont massivement voté dimanche pour élire leur président de la République. Aujourd’hui jeudi 28 février, le juge Demba Kandji Président de la commission de recensement des votes a proclamé les résultats provisoires. 

J’ai observé ce processus de près et je voudrais dire ce que je crois. D’emblée, je voudrais dire que je suis très loin d’être d’accord avec le Président Macky Sall. Je n’ai pas voté pour lui... j’ai même fait voter pour l’opposition. Je l’assume en toute responsabilité. 

Mais si les leaders de l’opposition ne sont pas en mesure de fournir des preuves de confiscation du pouvoir par Macky Sall, qu’ils se gardent d’appeler à l’insurrection. 

Mieux, s’ils en sont incapables, qu’ils appellent le vainqueur pour le féliciter, pour le bien du Sénégal. 

Aux gens de Benno Bokk Yaakaar vous devez avoir le triomphe modeste. Puisque non seulement cette élection, comme toutes celles qui sont organisées depuis 2012, a été entachée par des irrégularités majeures qui n’ont fait qu'amoindrir le poids du Sénégal sur la balance de la démocratie, mais plus de 40% des Sénégalais ne sont pas d’accords avec vous. 

Après avoir été déclaré vainqueur de la présidentielle au Nigeria, le Président Mouhamadou Buhari, face à la presse, a dit : « Je demande à mes partisans de ne pas jubiler ou humilier l’opposition... la victoire doit être une récompense suffisante pour leurs efforts ». Vous ne devez pas faire moins. 

Aux Sénégalais, mon peuple, je marque ma très grande fierté. Vous avez été nombreux à aller voter dans la paix et dans la plus grande responsabilité. Le même jour, certains sont retournés à leur travail et occupation. Au fond de moi ce que je crois, c’est que l’élection a été biaisée depuis le début. 

La refonte du fichier, la confection de nouvelles cartes d’électeur, l’absence de dialogue, le parrainage, qui a limité le nombre de candidats à cinq... ont été déterminants sur l’issue de l’élection. 

Cette élection n’est qu’une étape de notre marche démocratique. Et les manquements notés ou l’échec de certains ne doivent en aucun cas constituer de frein à notre élan. 

Vive la République 
Et que vive le Sénégal 


Sidy Djimby NDAO 
Journaliste au quotidien Les Échos
Jeudi 28 Février 2019




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