Les banques centrales africaines face aux risques croissants : hausse des coûts d'importation et service de la dette



 La Banque Centrale des États de l'Afrique de l'Ouest (BCEAO) a accueilli ce mardi la réunion du Bureau de l'Association des Banques Centrales Africaines (ABCA). L'ordre du jour a porté principalement sur l'évaluation de la mise en œuvre des décisions prises par le Conseil des Gouverneurs de l'ABCA lors de sa session du 4 septembre 2024 à Port-Louis, à l'Île Maurice.

Dans son discours d'ouverture, le Dr Rama Krishna Sithanen, président de l'ABCA et Gouverneur de la Bank of Mauritius, s'est félicité de l'organisation logistique mise en place à Dakar. Il a souligné que, depuis la dernière Assemblée des gouverneurs à Maurice en septembre 2024, les décideurs politiques sont confrontés à un environnement de plus en plus volatile, voire turbulent, incertain et imprévisible. « Je le qualifie même de chaotique. Les risques géopolitiques présents auparavant se sont transformés en une guerre commerciale et économique. Avec l'imposition de droits de douane, les mesures protectionnistes commerciales ont déclenché une série de mesures de rétorsion à l'échelle mondiale, susceptibles d'entraîner, entre autres, une fragmentation géoéconomique, une hausse de l'inflation, une diminution des flux commerciaux et un ralentissement de la croissance économique », a prévenu le Dr Sithanen.

Le président de l'ABCA a également exprimé son inquiétude quant à l'Afrique, déjà confrontée à une baisse des flux d'aide publique au développement. Selon lui, le continent pourrait être exposé à de nouveaux défis, notamment en raison de l'impact potentiel sur ses exportations. La dépendance du commerce aux libellés en dollars américains pourrait exacerber les dépréciations monétaires, entraînant une hausse des coûts d'importation et des difficultés à assurer le service de la dette libellée en devises étrangères.

Dans ce contexte, le Gouverneur de la Bank of Mauritius a rappelé l'importance de saisir cette opportunité pour accélérer le commerce régional, les investissements transfrontaliers et renforcer l'intégration au sein du continent. « Je constate que le Programme de coopération monétaire africaine et la création de la Banque centrale africaine sont à l'ordre du jour de la réunion du Bureau d'aujourd'hui. Ces deux projets sont salutaires pour nous, Africains, et nous devons collectivement veiller à leur concrétisation », a-t-il déclaré. Optimiste, le Dr Rama Krishna Sithanen a ajouté qu'un troisième projet, la création d'une agence régionale de crédit, devrait être opérationnel d'ici le mois prochain et bénéficier du soutien du Mécanisme africain d'évaluation par les pairs.

L'ABCA compte actuellement 41 banques centrales membres. Ses objectifs sont le développement de la coopération entre les banques centrales africaines dans les domaines monétaire, bancaire et financier, ainsi que la promotion, à l'issue d'un processus chronologique bien défini de convergence, de l'avènement d'une monnaie unique et d'une Banque Centrale Commune en Afrique.
Mardi 20 Mai 2025
Cheikh Sadibou Fall



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