Législatives du 31 Juillet 2022 : « L’avenir politique de Macky Sall et BBY en jeu ? »

Les résultats très polémiques des élections locales du 23 Janvier dernier avaient amené certains experts de la scène politique du pays à prédire le report de la date sur la tenue des élections locales en 2022. Des pronostics déjoués par le président Macky Sall, chef de la coalition BBY. En conseil des ministres le mercredi 02 Février 2022, le chef de l’État annonce la fixation de la date des élections législatives le 31 Juillet prochain. Une décision qui, selon certains analystes politiques mettrait en jeu l’avenir politique de la grande mouvance présidentielle et de leur mentor Macky Sall.


Ndiaga Sylla expert électoral : « C’est une date conforme au code électoral »

Pour l’expert électoral Ndiaga Sylla, la date retenue par le chef de l’État Macky Sall est conforme aux dispositifs du code électoral. De ce point de vue, il ne devrait pas y avoir de problème majeur quant à l’organisation de ces joutes électorales. Même s’il reconnaît que les défis sont énormes pour la bonne tenue du scrutin du 31 Juillet prochain. 

« La date fixée par le président de la République est conforme aux dispositions du code électoral et ça permet de trancher le débat soulevé il y a une semaine. Maintenant le compte à rebours a commencé, car une fois que la date des élections connue, il y a certains nombres d’actes préparatoires à prendre dont la fixation de la caution à 150 jours avant le scrutin. 
L’autre acte décisif, c’est la révision des listes électorales. Alors, il est essentiel aujourd’hui de savoir qu’au regard des dispositions du code électoral que les partis politiques et coalitions des partis sont astreints au dépôt de listes de parrainage, alors que la loi précise que les candidatures sont déposées 85 jours avant la date du scrutin. Cela dit que les listes de candidatures devront être déposées au début du mois de Mai. Donc les défis sont là, parce que le temps est très serré, même si dans le passé on a pu gérer ces défis en remplissant les actes essentiels tels que la révision des listes électorales. Mais je pense que ce qui s’est passé aux locales prouve encore une fois que nous avons un système électoral assez huilé avec des acteurs assez professionnels surtout l’administration territoriale et sur ce plan-là, on peut être rassuré », renseigne l’expert électoral.    

Mamadou Diop Decroix : « Que les gens aillent préparer les élections » 

Pour le secrétaire général national du Parti Africain pour la démocratie et le socialisme (AJ/PADS, Mamadou Diop Decroix, le respect du calendrier républicain est un principe fondamental dans la marche démocratique d’un État.

À cet effet, Mamadou Diop Decroix trouve qu’il ne devrait pas y avoir de problème aucun pour la date retenue par le chef de l’État. Même si lors des élections législatives on a entendu les leaders de l'opposition récuser le fichier électoral. « C’est ça qui est normal. Le respect de la loi est primordial. Quand la chose est normale on doit se féliciter du respect de la loi. Le problème aujourd’hui c’est qu'il est normal que les gens considèrent que ce qui est normal c’est le train qui n’arrive pas à l’heure et le train qui arrive à l’heure est anormal. Il y a un problème. Les mandats sont terminés, la date est fixée pour que les gens aillent préparer les élections c’est tout. C’est ce qui est normal et c’est ça la démocratie », a souligné Mamadou Diop Decroix, député de la 13èmelégislature, joint par Dakaractu. 

Ibrahima Bakhoum : « Macky a intérêt de gagner les législatives sinon il sera poussé à la sortie »

Au-delà des questions de l’organisation du scrutin du 31 Juillet prochain, le journaliste formateur et analyste politique, Ibrahima Bakhoum, reste convaincu qu’avec la tenue de ce scrutin à date échue, l’avenir politique de Macky Sall et de la coalition BBY sont mis en jeu. Plus loin encore, l’analyste politique estime que la majorité a intérêt à gagner ce scrutin sinon leur mentor Macky Sall risque d’être poussé vers la pente, une porte de sortie irréversible. 

« Les législatives devraient être pour le président Macky Sall un moyen de rattraper ce qu’il a perdu, de consolider coté opposition qui dit que Macky est maintenant sur la pente, il faut pousser encore pour sa chute irréversible. Donc ils veulent que BBY ne soit pas majoritaire à l’assemblée nationale à partir des prochaines législatives. 
Pour son avenir politique, si BBY sort victorieuse de ces élections sans problème, autrement dans la transparence et sans contestation, avec une majorité, à ce moment ça peut apporter de l’eau au moulin des théoriciens de la candidature de Macky Sall en 2024.  Cela dit ou bien Macky Sall a intérêt à gagner les législatives, sinon ceux qui considèrent qu’il est dans une pente descendante vont le pousser à la sortie. Et légitimement quand on pousse quelqu’un qui est dans une pente descendante, il va forcément tomber. Même si les élections locales ne sont pas suffisamment révélatrices de l’état général de l’électorat Sénégalais, (si on nous dit qu’il y a moins de 50% de participants aux locales même si je n’ai pas pour le moment les chiffres définitifs). Donc si les législatives ne confirment pas ce que les proches du président considèrent comme sa victoire ou la victoire de sa coalition à ce moment-là, on pourra considérer qu’il n’aura aucun intérêt à prendre le risque de se présenter à la présidentielle de 2024 », tente d’analyser Ibrahima Bakhoum.     

Abdou Khadre Ndiaye membre SEN/APR : « Nous y allons très confiants »

Loin de partager cette analyse de la situation politique par Ibrahima Bakhoum, le membre du secrétariat national de l’APR Abdou Khadre Ndiaye affiche toute sa confiance par rapport aux résultats prochains du scrutin du 31 Juillet prochain.  Pour Abdou Khadre Ndiaye, l'élection législative n’est point une élection locale. 

« Ce serait d’avoir un point de vue réducteur d’arrimer de façon simpliste l’enjeu d’une élection législative qui est une élection nationale de gouvernement, de majorité d’idées à des desideratas de l' agenda politique particulier. Effectivement cette élection est un enjeu, mais nous y allons très confiants parce que même si nous avons perdu à nouveau certaines villes symboliques, il n’en demeure pas moins que la majorité qui se dégage c’est des sénégalais d’égale dignité. Donc on ne peut pas avoir deux degrés de citoyenneté dans une république. La majorité qui s’est dégagée doit respecter la minorité qui a pu conquérir des points visibles de la décentralisation dans certaines zones urbaines. Qu’on ne crie pas très vite victoire et s’il y a victoire c’est celle de la majorité BBY. L’autre chose, l’élection locale n’est pas l’élection législative. Donc les acteurs doivent faire preuve d'humilité, d'objectivité et de respect vis-à-vis de leurs alter ego. On comprend maintenant qu'une certaine opposition a une approche apocalyptique du pays et c’est dommage d’exercer ou de faire exercer une citoyenneté à géométrie variable. C’est pourquoi nous appelons à un sens de responsabilité et qu’on puisse dire la vérité à la majorité des sénégalais que personne y compris les gens du pouvoir ne peuvent plus truquer le choix légitime des sénégalais à l’occasion d’une élection »,
a précisé Abdou Khadre Ndiaye, membre du secrétariat exécutif national de l’APR, non moins maire de la commune de Gaé.  


Toutefois, toutes nos tentatives de recueillir l’avis des membres de l’opposition sont restées jusque-là sans suite. Déthié Fall et Moussa Taye qui ont accepté de décrocher leurs téléphones promettent de revenir très prochainement sur la question, après concertation avec la base…      


 
Vendredi 4 Février 2022




Dans la même rubrique :