Laser du lundi : Un champ de bataille dans les entrailles du Sénégal (Par Babacar Justin Ndiaye)


Les pieds de nez de l’histoire et les grimaces de la géographie peuvent être, parfois, cruels, contraignants et coriaces. D’habitude, le théâtre des opérations – sauf dans les guerres civiles – borde ou chevauche les frontières. En Gambie, pays lové dans le ventre du Sénégal, l’ultime recours préconisé par la CEDEAO (l’option militaire) établira le champ de bataille dans l’estomac du Sénégal. Les troupes ouest-africaines seront en configuration de combat sur le territoire du Sénégal, feront mouvement vers la Gambie et se battront (batailles statiques comme guerre de mouvement) dans les espaces imbriqués des deux pays. Résultats navrants découlant des contraintes du terrain sénégambien : les tirs des batteries de l’armée sénégalaise ou ceux des canons de la marine nigériane s’abattront sur des cibles situées en Gambie, tandis que les contre-batteries de l’artillerie de Yaya Jammeh frapperont des objectifs repérés en territoire sénégalais. Bonjour les affres inévitables d’une guerre qui – curieusement – consolide la démocratie mais calcine les démocrates les plus apparentés biologiquement aux Sénégalais : nos frères siamois de Gambie !


Au chapitre des schémas et des plans, certains « experts » (admirez les guillemets) croient, dur comme fer, que des frappes aériennes simultanément massives et chirurgicales sur Kanilaï et autres sites stratégiques conduiront rapidement le dictateur de Banjul à la capitulation, à l’anéantissement ou à la fuite. Une certitude fondée certainement sur le fatras volumineux de renseignements que fournissent généreusement des opposants impatients, des exilés excités et des espions tantôt sérieux, tantôt doubles et douteux. Or, tout le monde sait que l’adversité politique engendre une vision binaire aux antipodes de la réalité. D’autant que le militaire et chef d’Etat Yaya Jammeh sait la valeur du leurre et de l’intox, comme armes parmi d’autres, en temps de crise, prélude à la guerre. Ne serait-il pas à l’origine de ces tuyaux crevés habilement glissés dans des vases communicants, afin d’influencer et de télé-orienter les choix de Etat-major sénégalais, maitre d’œuvre de l’intervention ? L’information invérifiable et distillée étant que 75% des effectifs de l’armée ont lâché, en silence, Yaya Jammeh. Yaya est-il un tigre en papier ? On ne le saura qu’au milieu du gué. Donc, en peine offensive terrestre. Quand on franchira le Rubicon. Or, le Rubicon est une rivière qu’on ne franchit jamais en sens inverse. Ici, il sera une rivière rouge de sang. Et sans pont.  


D’emblée, taillons en pièces, cette erreur colorée en science ! Une campagne aérienne, c’est-à-dire le « tout-aviation », n’a jamais gagné une guerre. L’infanterie est et reste la reine des batailles. Malgré les B-52 (de véritables forteresses volantes), les fantassins américains ont foulé le sol en Corée et au Vietnam. En Irak, les avions furtifs – quasi-invisibles – et les missiles de croisière n’ont pas suffi pour couler Saddam Hussein. En Libye, l’OTAN a combiné les bombardements aériens avec la révolte armée des citoyens de Benghazi. Une insurrection suscitée et armée par les services secrets occidentaux. Au Nord-Mali, les Mirages de l’armée de l’Air ont appuyé les parachutistes de la Légion Etrangère et les méharistes tchadiens, pour nettoyer la vallée d’Amettetaï qui cisaille le massif montagneux de Kidal. En Gambie, les raids aériens les mieux ajustés seront nécessairement prolongés par des combats de rue et des chocs en dehors des villes. Du reste, les pilotes sénégalais pourraient être vachement gênés par des boucliers humains, c’est-à-dire des populations civiles raflées par la Police du dictateur et cantonnées autour des cibles et des sites névralgiques. Des frappes chirurgicales, sans dégâts collatéraux, relèvent de la quadrature du cercle.       


Assurément, la guerre de Gambie – si Yaya Jammeh se cabre et la CEDEAO cogne – aura lieu et sera émaillée d’aléas. Un saut dans l’inconnu que la qualité des renseignements collectés et analysés par les services de renseignement sénégalais, alliés et amis, peut rendre moins périlleux. Toutefois, le terrain demeure une servitude irréfragable aussi bien pour les planificateurs que pour les exécutants. Et Dieu sait qu’il offre plus d’aspérités que de facilités, malgré sa petitesse ! En effet, la Gambie va de l’Atlantique au Sénégal-Oriental. Donc, un front étiré qui, précisément, étire le danger sur les flancs de sept régions (Fatick, Kaolack, Kaffrine, Tambacounda, Kolda, Sédhiou et Ziguinchor) dans lesquelles il faudra placer des unités en chasse libre, capables d’intercepter puis de pulvériser des commandos gambiens prêts –  depuis les localités de Bassé, Kaour, Kountaour, Koyna et Fodécounda – à débouler sur les villes ou villages sénégalais de Koungheul, Guénéto, Wélingara, Manda-Douane, Médina-Yorofoula etc. Non pas pour les conquérir et les contrôler, mais y opérer des carnages démoralisants pour la nation et l’opinion publique. Une façon de soulager Banjul de la pression forte des troupes de la CEDEAO. D’où une éprouvante chasse à courre contre des unités ennemies et intruses, à l’échelle de sept régions. Pendant ce carrousel d’enfer, il va sans dire que les rebelles du MFDC ne seront pas amorphes dans les rizières. Ils tenteront de marcher sur Diouloulou, Saré-Alkaly et Mampalogo, pour desserrer l’étau autour de Yaya Jammeh, en fixant le maximum de soldats sénégalais dans le Fogny. 


Le pire sera encore devant le Sénégal. Car le chef d’Etat Yaya Jammeh – délogé vivant du Palais de Banjul – deviendra un chef de maquis entouré de desperados, cent fois plus nombreux et mieux équipés que les maquisards de Salif Sadio et de César Atoute Badiatte réunis. On ne sera plus dans le cas de figure d’une restauration démocratique postélectorale, on tombera dans le scénario, c’est-à-dire le piège d’une occupation militaire…étrangère. La donne changera radicalement sur le terrain et dans les esprits. La « Principauté » de Kanilaï dans la république de Gambie, se fractionnera en plusieurs sous-Kanilaï  éparpillées entre la forêt casamançaise et la forêt gambienne. Une fusion stratégique donnera naissance à quelque chose comme le Mouvement des Forces Démocratiques de Casamance. organiquement lié à un machin comme le Front  de Défense de la Gambie : MFDC-FDG. Le cancer gambien mal soigné par l’option militaire de la CEDEAO, culminera avec ses métastases les plus préjudiciables à la stabilité et à la sécurité dans la sous-région.   


En définitive, le recours à la force militaire est une partie de poker qui catapulte la Gambie à la croisée des chemins : l’âge d’or de la démocratie ou les affres d’une orgie de violences. Politiquement, les observateurs les plus froids entrevoient un coûteux succès en demi-teinte, à travers une alternance (aux forceps) qui installe le vainqueur légitime Adama Barrow au sommet de l’Etat… et à l’ombre des engins d’une coalition militaire. Un nouveau Président qui, malgré l’onction limpide du suffrage universel, trainera le péché originel du coup de pouce militaire du voisin sénégalais – du vautour sénégalais comme diraient certains Gambiens –  couvert du manteau de la CEDEAO. Ainsi, les germes d’une révolte nationaliste voire chauvine sont ensemencés sur une terre labourée par les roues des blindés et les chenilles des chars venus d’ailleurs. Que Macky Sall et ses pairs ouest-africains entendent et matérialisent la sublime leçon du stratège chinois Sun Tzu : « L’art militaire suprême de la guerre, c’est soumettre l’ennemi sans combat ». Est-il trop tard ? 


PS : Une ombre plane sur l’agenda, à court et moyen terme, de la CEDEAO en Gambie. Il s’agit de l’état de santé très chancelant du Président Muhamed Buhari du Nigeria. Sa maladie corrélée par un affaiblissement continu est évoquée et surveillée par les officines de renseignement et quelques gouvernements occidentaux qui se demandent si le Président nigérian terminera son mandat. Un médiateur malade auprès d’un leader déchu et débile. D’où l’urgence de vider vite et bien (sans fautes fatales) l’abcès gambien.                    
Mardi 27 Décembre 2016




1.Posté par baba le 26/12/2016 22:44
babacar justun ndiaye se prens pour un DIEU de la guerre;voila un type qui se reveille toujours avec ses fantasmes et reveries absurdes et se prend pour un GENERAL LE PLUS FORT DE TOUTES LES armees modernes;francement ce type s'il reflechit aussi; c'est en dormant ; comment YAYA DIAME presque abandonné par plus de la moitié de ses hommes peut il se battre dans les regions de fatick;kaolack;koupentoum;manda douane ;diouloulou et je ne sais ou encore;tout en se battant contre les troupes de la cdeao à l'interieu de la gambie; quand meme; il faut arreter tes bettises;peut etre que l'armee gambienne est subitement devenue la 105 éme division d'nfinterie de marine des USA avec ses CHARS BRADLEY et autres CHARS ABRAM justin reveille toi ;le senegal a une excellente occasion pour regler definitivement le probeme du MFDC et du pont et autres problemes de la gambie

2.Posté par KuKoye 2 le 26/12/2016 23:23
Cher ami,
J'apprécie tes textes, mais cette fois-ci tu es complétement dans le décors.
Tes analyses sous-estiment les forces de la CEDEAO. Et, tu te trompes lourdement sur le moral actuel de l'armée gambienne. Les renseignements savent que que beaucoup d'officiers gambiens ne veulent pas de guerre injuste contre les forces de la CEDEAO. A l'instar des diplomates, ils savent que Diamé n'a pas raison de résister, après avoir perdu l'élection. Certains parmi eux ont ont déjà fait partir leurs familles en attendant de quitter la Gambie.
Le point faible de ta réflexion c'est que nous ne sommes pas dans une guerre coloniale comme en Algérie ou au Vietnam. La situation ne ressemble pas non plus à celle causée par le coup d'Etat de Kukoy Samba Sanya,
Ici les populations gambiennes veulent le départ de Diamé et ils l'ont exprimé par leur vote.
La menace que les Autorités du Sénégal doivent surveiller, c'est la possibilité que Diamé avant de fuir, ne transfère les armes à ses amis du Groupe de Salif Sadio. Et cette période est hautement stratégique dans la recherche d'information. L'ONU, l'UE et les USA doivent apporter leur précieuse contribution.
Diamé ne tiendra pas 2 jours. La bataille de rue pour déloger Diamé sera menée par les populations, qui vont marcher vers le Palais de Banjul dès que les premières bombes seront lâchées à la même seconde sur la Capitale et sur les dépôts d'armes, le QG et sur Kanilaï.
Sans rancune

3.Posté par jiggy le 26/12/2016 23:39
thiey justin l'expert en stratégie militaire, le spécialiste en armement aérien, le concepteur des attaques aériennes. justin pourquoi tu vois partout la guerre. justin ou as-tu appris les techniques ? dans quelle école de guerre as-tu étudié la guerre ? on n'a jamais vu ou entendu justin ndiaye dire des choses pouvant amener la paix toujours cette propension de masturbation intellectuelle. oui justin tu fais trop de masturbation intellectuelle avec une juxtaposition de mots. justin arrêtes ce jeu de pyromane tu vois le feu partout. prions pour que yaya diameh entende raison avant la date fatidique du 19 Janvier qui comme hasard du calendrier est a juste un jour de la prestation de l'autre clown que les yankees ont porte a la tete de la premiere puissance militaire au monde, je veux parler de donald trump qui prend officiellement le pouvoir le 20 janvier. chaque jour justin nous balade dans ses diatribes de grande gueule. de grace arretes, justin. tu n'es pas habilité à donner des cours de leçon militaire car tu ne fais que de la masturbation intellectuelle. basa waay justin. on veut la paix diama reke ak sa lamign bou reuye bii.

4.Posté par ibrahima le 27/12/2016 09:05
Bonjour Monsieur
Bien analysez , pourquoi la cedeao n'a pas parlé d"embargos , la guerre en Gambie je suis contre .
Nous le Sénégal la démocratie en Gambie , un nouveau président ne change rien a notre fonctionnement nous avons des priorités ( éducation , santé , économique ).
Nous avons déjà sacrifier des soldats en Gambie résultats zéro .
Nous avons investis dans le Sénégambie pendant 10 ans ( 10 milliards par an pendant 10 ans ) résultats zéro .

5.Posté par Kawkaw le 27/12/2016 11:11
Toujours du copie coller
Décidément vous ne serai jamais un journaliste sérieux , à force de réchauffer "votre sauce guerrière " à chaque conflit depuis 40 ans.
Sacré Justin.
PS: relisez le vieux sur des contributions de crises armées.

6.Posté par Sawrou FALL le 27/12/2016 12:50
Souvent ce qui manque à Monsieur Ndiaye dans ses publications, c'est une absence de culture historique. L'analyse historique n'est pas de la narration. L’enchevêtrement des éventements relatés n'est ni une leçon d'histoire, ni une leçon géographie, ni une leçon de géopolitique. Il ne serait non plus une prémonition puis que ce sont des fantasmes qui se passent dans votre tête et que vous ne saurez identifier comme telle. Si l'armée nationale s'engage dans une théâtre d'opération, en bon citoyen, il faut être dans une posture de soutien totale à la stratégie du commandement et non pas le contraire. Si vous pensez que les miliciens de Yaya Jammeh peuvent prendre en otage toute l'Afrique de l'Ouest ou ne tenir qu'une portion du sanctuaire nationale même avec l'aide du MFDC vous vous trompez lourdement! Et l'avenir nous édifiera. Ha j'ai failli oublier. Prenez le temps parfois de citez vos sources, le plagia ne saurait être permis dans beaucoup de vos textes et interventions.

7.Posté par papisfall le 27/12/2016 13:58
Finalement comment? Dans le tout premier laser sur la Gambie, tu recommandais que le Sénégal ait le couvert de la CEDEO pour envisager une option militaire de résolution de la crise,aujourd'hui que c'est fait tu nous présentes un scénario ahurissant. De toutes les façons une guerre comporte toujours des effets collatéraux et celle ci ne fera pas exception.
Je me demande d'ailleurs si ce monsieur n'est pas le conseiller de Jameh qu'il convient de mettre hors d'état de nuire. Pour le moment la seule solution qui vaille c'est de lui opposer la force et de manière très forte.

8.Posté par Badara Faye le 27/12/2016 15:08
Babacar maintenant vous etes un expert en strategie de guerre!!!! Quand on veut parler de tout........

9.Posté par ousmane lam le 27/12/2016 22:34
Je pense que yayah jameh va rendre pacifiquement le pouvoir avant le 19 inchallah

10.Posté par papy le 28/12/2016 06:59
Tu donnes TROP d'importance a Yaya Jammeh comme si il dirigeait une ecole de GUERRE.

11.Posté par Seydina Mathusalem le 30/12/2016 11:16
Oui père Bab'S se plante une fois sur cinq lorsqu'il parle de conflit . ..
Baba , Kaw Kaw sont pertinents .
Sur cette affaire de Banjul Justin est naivement trop passionné et parle avec son cœur dans un posture soporifique.
Jammeh n'a jamais été fantassin, ni pilote de guerre et n'a participé à aucun engagement sérieux. La science militaire de Yahya est d'une étendue microscopique,; même s'il joue au stratège il est carent encore qui concerne les stratégies.

>>> Lat DIOR a été cité par un certain Général Faidherbe dans ses mémoires comme un très grand stratège qui pouvait rivaliser avec des officiers sortis des grandes écoles de guerre ..Le fils de la princesse Ngoné latyr FALL a méne en 42 combats où il était souvent présent sur le théâtre des opérations.. Depuis Mberry Garaaf jusqu'à Paos KOto et Keur Madiong Bey



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