Laser du lundi : L’œil du lynx fouille le sommet de la Francophonie (Par Babacar Justin Ndiaye)


Laser du lundi : L’œil du lynx fouille le sommet de la Francophonie (Par Babacar Justin Ndiaye)

Un observateur ayant une vue perçante (assimilable à un œil de lynx) écarte machinalement de son regard, le film lisse du XVe sommet de la Francophonie, pour scruter l’arrière-plan du conclave, lire à la loupe les pensées non reflétées sur les illustres visages et sonder, autant que possible, les sentiments enfouis des distingués hôtes du Sénégal. Exercice intéressant pour une appréciation d’ensemble – notamment sous l’angle des non-dits et des non-affichés – de la première et planétaire grand’messe diplomatique du mandat de Macky Sall.


Il faut vraiment être allergique à l’évidence ou mettre des œillères ultra officielles pour minimiser ou nier le malaise ambiant et le parfum de gêne qui ont fortement pollué la salle de conférence, les lieux annexes et les couloirs du Centre International des Conférences Abdou Diouf (CICAD. En effet, avant d’être l’épicentre de l’espace francophone, Dakar a été le théâtre de batailles politiques qui ont eu des résonnances africaines et extra-africaines. Sur fond de procès politico-économiques (la traque des biens mal acquis), un bras de fer entre la majorité et l’opposition autour d’un droit aussi élémentaire que la marche ou le meeting, a durablement empoisonné l’atmosphère, mis en équation l’image d’une des plus anciennes démocraties du continent et in fine empêché la célébration à l’unisson (toutes chapelles politiques confondues) des « noces » francophones au pays de l’hospitalité légendaire : la patrie de Léopold Sédar Senghor.    
 

Ces chocs domestiques, c’est-à-dire les heurts politiques sénégalo-sénégalais, ont  fâcheusement meublé l’actualité pré-sommet de Diamniadio. Et produit un mauvais effet réellement pire que le probable et drôle coup que le contre-sommet (interdit) de Malick Noël Seck et Cie aurait théâtralement infligé à la Francophonie. L’illustration de cet immense malaise est fournie par les questions insistantes et agaçantes que les journalistes de France 24 et de TV 5 Monde ont posées au Président Macky Sall. Au-delà de la presse étrangère, c’est dans les rangs des délégations étrangères que l’on percevait une peine vivement ressentie pour ce modèle sénégalais de plus en plus affecté par d’insaisissables épreuves. Et d’absurdes corps-à-corps entre acteurs de premier plan.  
 

Les récentes poussées de fièvre dans la vie politique au Sénégal ont d’autant déboussolé les illustres invités que les deux protagonistes de l’affrontement sont Abdoulaye Wade et Macky Sall. Vu d’Abidjan, de Bujumbura et de Montréal, la tension croissante entre les deux forces politiques et leurs chefs respectifs, dépasse le périmètre de ce qui est démocratiquement acceptable et/ou convenable. Et demeure surréaliste à travers l’habituelle et la fiable grille de lecture des réalités sénégalaises. Pire, les dégâts collatéraux ont émaillé le XVe sommet de la Francophonie ostensiblement et rageusement boudé (correspondance à l’appui) par le successeur d’Abdou Diouf et le prédécesseur de Macky Sall, à la tête du Sénégal : Maitre Abdoulaye Wade. Ce qui n’a pas manqué d’indisposer certains chefs d’Etat présents à Dakar, dont quelques uns ont tissé des relations avec l’économiste Wade, de loin antérieures aux rapports qu’ils entretiennent avec son tombeur de mars 2012.      
 

Le pic du malaise et le summum des dégâts collatéraux ont été atteints à l’issue du discours de Macky Sall (très bien rédigé) mais vide de tout mot à l’endroit de Maitre Wade et – à contrario –  surchargé de compliments à l’endroit du Président Diouf. Ici, la gêne a inondé non seulement le Centre International des Conférences de Diamniadio mais submergé des millions de foyers disséminés dans le pays. Car, en effet, l’odyssée politique et sociale de Macky Sall ne justifie guère une démarche publique aussi asymétrique, en termes de gratitude et de reconnaissance, à l’égard des deux anciens chefs d’Etat. Dieu est indiscutablement l’architecte des destins mais Wade est incontestablement l’agent du destin et du grand DESTIN de Macky Sall.
 

En vérité, beaucoup d’observateurs nationaux et d’innombrables délégués étrangers s’attendaient à une posture de grandeur chez le Président Sall, face à l’attitude très offensive et assez nerveuse du Président Wade. Effectivement, une certaine grandeur – non exempte d’intelligence stratégique – commandait au Président Macky Sall, hôte du sommet, de dire en substance : « Mesdames et messieurs, ce bijou de Diamniadio qui vous accueille, est la cerise sur le gros gâteau d’infrastructures largement entamées par mon illustre prédécesseur Abdoulaye Wade ». On devine le tonnerre d’applaudissements et le bourdonnement des approbations qui auraient suivi cette petite phrase de grande teneur politique et morale. Ainsi, Macky Sall aurait envoyé Abdoulaye Wade dans les cordes, sans monter sur le ring face au patriarche et au dinosaure de la scène politique. Mais où sont les conseillers avisés et non excités ?
 

Au-dessus des querelles byzantines chères aux Sénégalais, se situent évidemment les enjeux aux contours de plus en plus foisonnants (académiques, culturels, économiques, politiques etc.) que se coltine l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF) qui – fort de ses 77 Etats membres, associés et observateurs –  rivalise d’envergure avec le très historique Mouvement des pays non-alignés tombé en désuétude. Une vitalité institutionnelle qui divorce d’avec la langueur affectant l’esprit de solidarité censé théoriquement régir les rapports entre des pays et des peuples embarqués dans le même vaisseau linguistique : le français. Beau discours !
 

Dans les faits, la francophonie se décline paradoxalement et simultanément comme le partage des valeurs et la rétention des visas… d’entrée en France. Pour noyer le poisson pestilentiel de la mobilité entravée des Africains francophones – la belle piscine du CICAD de Diamniadio est à côté –  le Président Hollande déclare : « La France rembourse, au Mali, la dette de sang des tirailleurs africains ». Jolie pirouette laissant entrevoir le désert malien qui est le prolongement (saucissonné par une frontière coloniale) des gisements d’uranium du Niger. La francophonie géopolitique est-elle, à la fois, la vitrine et le sérum qui, en Afrique,  assurent une cure de jouvence à l’obsolète pré-carré ? En tout cas, l’opération Barkhane, couvrant sans discontinuité l’ensemble du Sahel,  dépasse manifestement les agendas des accords de défense bilatéraux signés entre la France et nombre d’Etats africains. Déjà, le Président Senghor professait : « Le français est la langue la plus délicate d’Europe, celle qui a le plus de ressources ». Y compris en terminologies et en trouvailles qui confortent bien les intérêts de la France.
 

PS : le plus borgne des délégués a vu la mine patibulaire du Président Alpha Condé durant tout le sommet. Sans l’insistance d’Abdou Diouf qui l’avait électoralement épaulé (scrutin de 2010) en dépêchant à Conakry, au titre de la Francophonie, le Colonel malien Sangaré en qualité de Président de la CENI, le chef de l’Etat guinéen, serait absent de Dakar conformément à la volonté de son opinion publique. En revanche, il faut un œil de lynx pour saisir le malaise voire le malheur dissimulé du Président Alassane Ouattara, très lié à Abdoulaye Wade qui fut son grand allié dans le dur combat contre le régime de Laurent Gbagbo. Vivement que Macky Sall surmonte certains élans et quelques réflexes qui sont l’apanage de l’extrême jeunesse !
    

Lundi 1 Décembre 2014
Dakar actu



Du plus récent au plus ancien | Du plus ancien au plus récent

1.Posté par Sory Diallo le 01/12/2014 00:25
Plus wadiste que toi, tu meurs, arrete tes louvoiements' tu ne trompes plus personne, Et pourtant, des l'aube de son magistere, Wade t'a humilie au palais de la republique quand tu as evoque une possible autonomie de la Casamance,
Il ya vraiment des gens qui n'ont aucun amour-propre.

2.Posté par H2O le 01/12/2014 00:49
Il faut vraiment être allergique à l’évidence ou mettre des œillères ultra officielles pour voir combien Mr Babacar Justin Ndiaye est fan de Abdoulaye Wade. Le problème c'est que Me Wade ne comprend que le rapport de force et non pas une certaine grandeur. Car une certaine grandeur – non exempte d’intelligence stratégique – commandait au Président Wade d'accepter l'invitation du Président Sall. Il aurait ainsi la possibilité de montrer sa bonne foi et clamer le sort de son fils (qui est l'unique chose qui l'intéresse) auprès de ses ex-pairs présidents et surtout, re-gagner l'estime et la compassion de beaucoup de sénégalais.
Le limosage de Alioune Ndaw et l'invitationde wade à ce sommet était selon moi un signe de cessez-le-feu que Macky avait envoyé à Wade, qui malheureusement, pour une fois, a eu une mauvaise appréciation politique. C'est un combat qu'il lui sera difficile de gagner car Macky est en position de force. Et ce n'est pas en attaquant son jeune frère qu'il pourra prendre le dessus.

3.Posté par malick le 01/12/2014 00:53
Tout ce bla bla pour ne rien dire. J ai Perdue 5 minutes pour lire ce nonsense

4.Posté par Pik le 01/12/2014 02:36
Analyse completement ratee. Une veritable acrobatie pour finalement avoir tout faux. Merci tout de meme.

5.Posté par Baye le 01/12/2014 02:45
C'est ce qu'on appelle prendre de la hauteur mais malheureusement Macky Sall n'est pas ce genre de personne. En plus, il est mal conseillé.

6.Posté par fa le 01/12/2014 07:48
Vraiment Justin est d'une très mauvaise foi! Ce sommet est une réussite!

7.Posté par yaakaar le 01/12/2014 08:18
@Baye, de la hauteur c'est Abdoulaye, un homme de 80 ans et ancien PR qui doit la prendre.
Par ailleurs j'ai beaucoup aimé le début du discours de F. Hollande quand il parlait de la sagesse: "la sagesse n'est pas une question d'âge...." C'est un passage qui était certainement destiné à Wade, malheureusement la presse n'en a point parlé.

8.Posté par le taon de la cité le 01/12/2014 09:18
Faut dire que l'ancien prési n'est pas exempt de tout reproche aussi. Et vraiment j'aimerais qu'une fois on ne cesse de voir le coté négatif des choses mais de ne retenir que le positif. le Sénégal et dakar en particulier ont été le temps d'un week end le centre du monde si j'ose dire où toutes les lumières étaient braquées sur nous. Ce sommet quoi que l'on dise a été un franc succès selon moi. Et DIOUF a mérité tous les hommages qui lui ont été rendus. Les absents par contre, ont toujours tort.

9.Posté par le sénégalais le 01/12/2014 09:19
par un geste élégant et à la fois fatal Macky aurait mis Wade KO en le félicitant pour avoir entamer une partie du travail. Hélas l'animosité fait sa place...

10.Posté par corro le 01/12/2014 09:23
Vraiment c'est la première fois que j'ai de la peine à lire Monsieur NDIAYE. Comment peut t'on faire une telle analyse après un sommet aussi reussi.Sincerement je commence à douter de ce BJN

11.Posté par Le citoyen le 01/12/2014 09:36
Il faut arrêter cet urluberlu qui croit que il a une science politique infuse avec ses contorsions linguistique. On aime tellement ce genre de clown intellectuel dans notre pays surtout dans la presse que la on se etangle de rage ou de fou rire en les lisant et en les écoutant.le Justin,le malicieux ndiaye auxquels s'ajoutent à ajoutent le Noël et le moubarak nous pompent la.air.

12.Posté par mayday le 01/12/2014 10:41
que voulez-vous, c'est un musculaire. ces partisans doivent revoir leur grille d’appréciation des rapports de force. de plus en plus , on se rend compte de l'ignorance de Macky sur la situation du pays.

13.Posté par Kalz le 01/12/2014 10:43
Pourquoi revenir sur le cas du vieux WADE et de son meeting du 21/11/2014 que les sénégalais sérieux ont rangé dans les tiroirs de l'oubli, comme l'a si bien dit Le Prédisent SALL que ce sont des déclarations de circonstance.
Qui veut dire, ce vieux à la carrure de chef de la mafia sicilienne a voulu endeuiller le sommet de la Francophonie à DAKAR.
Pourquoi ressortir ces faits vieux du 21/11/2014 alors que nous sommes au 01/12/2014 et que la réussite de la tenue du XVe Sommet de la FRANCOPHONIE est passée par là, dans ta capitale DAKAR. Semble t-il, que tu n'es pas favorable à la réussite qu'opère ton pays, et surtout Babacar, j'ai beaucoup noté la décadence de ta plume, étant jeune tu me faisait rêver avec beaucoup de plaisir dans des analyses de stratégies géopolitiques au niveau des médias et j'en apprenais beaucoup.
Faudrait-il que je te rappelle au moment que le Président WADE t-a interpellé au Palais de la République, en s'adressant - toi sur ces paroles: si tu es un rebelle dénonce toi?
Tu vois ce n'est pas agréable de dénicher ce que tout le monde a fait des efforts de reléguer au passé.

14.Posté par vava le 01/12/2014 11:09
Seule les impure n acceptent pas ce qu il a dit.

15.Posté par citoyen indépendant le 01/12/2014 11:14
Lisons objectivement les phrases, les mots de ce texte comme nous y invite son auteur qui s'est servi de l’œil du lynx.
Même si nous avons des difficultés à enlever nos œillères, admettons que BJN a fait l'effort de se rapprocher le plus possible de la vérité dans son analyse.

16.Posté par mike le 01/12/2014 12:07
Babacar il faut accepter l'évidence, tes argumentaires sont dépassés , tu n'emballe plus personne par tes positions partisanes.Si la francophonie te géne arrétes de parler francais et crées ta propre.Boul gnou sonal.

17.Posté par gabin ndiaye le 01/12/2014 16:14
la trascendance republicaine aurait voulu que Wade soit félécité ds le discours .mais qu 'a cela ne tienne , pour venir a Diamniadio il a fallu emprunter l'autoroute construite par la vision de wade .Sans cette autoroute point de sommet à Diamniadio

18.Posté par Sénégalérien le 01/12/2014 17:03
Eh oui hélas il aurait pu faire preuve de grandeur même sans l'aval de ses conseillers mais un homme grand est un homme grand et le petit homme restera toujours petit. Et puis chacun a le droit de donner son opinion d'après l'analyse faite de la situation.
Combien de fois le Président Abdoulaye Wade a été mis au arrêt par le régime de Abdou Diouf????
Combien de fois durant ce régime il a été humilié, accablé accusé?????
A son accession au pouvoir il avait tous les arguments pour déclencher une chasse aux sorcières dans le but de se venger sur son adversaire de plus de 30 ans et qu'il a fait endurer toute sorte pourtant ce ne fut pas le cas; jamais je n'ai entendu le Abdou Diouf se plaindre de manquements par rapport aux dispositions de statut d'ancien chef de l'état, ce pour dire seulement que le Président Wade a été d'une grandeur légendaire...!!!
Ce qui est loin d’être la cas après la seconde alternance, on se rappelle fraîchement que seulement quelques heures après son accession le président Macky Sall avait accusé son prédécesseur d’être parti avec des voitures, des tableaux d'art, des moquettes etc...
Une inélégance que nous avions oublié d'énumérer parmi les péchés de jeunesse d'un président mal entouré; mal conseillé...!!!

19.Posté par Sénégalérien le 01/12/2014 17:13
Toujours assez constant dans sa clairvoyance, dans son analyse. Nous avons tous; je voudrais les personnes en possession de leurs capacités psychiques, vu ce malaise profond même sur le contenu des discours, les contradictions semblent nombreuses: parmi les artistes chanteurs conviés à ce sommet nous avons tous remarqué la présence gênante du chanteur Khaled qui fait l'objet d'une poursuite judiciaire en France pour viol et qui comme par magie fait sa prestation devant le président de la République française et la presse internationale qui sont restés choqués. En plus durant son allocution le président Diouf a magnifié la décision du président Macky Sall de réduire son mandat à 05 ans renouvelable une fois (01); ce qui a plongé certains chefs d'état dans un gêne total parmi eux certains sont à la tête de leurs pays depuis 32 ans.....!!!!!

20.Posté par Wax deug le 01/12/2014 17:18
Très bonne analyse. Seuls les mauvais courtisans diront le contraire.
Koleuré dey faité guinaw.

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