Le Président Macky Sall a présidé aujourd'hui la cérémonie de lancement des travaux du Mémorial de Gorée. L'occasion a été saisie par le chef de l'État pour revenir sur le sens de ce projet qui, d'après lui, " a pour vocation d’être un lieu de rappel de notre histoire pour que l’horreur du passé ne se répète plus jamais. il sera le reflet et le témoin vivant de la mémoire collective de la nation, de l’Afrique et des diasporas. Plus qu’une structure physique, il sera un livre d’histoire ouvert au monde pour témoigner du passé", a-t-il indiqué.
Il s'agit ainsi d'un projet qui se " dressera bientôt majestueusement ici, sur 35.000 m2, avec sa Tour en acier de 108 mètres de haut", a informé le chef de l'État. Nonobstant les commodités avec " une zone commerciale dédiée à l'artisanat local ; un espace d’exposition ; une salle de réception et une autre polyvalente, réservée au cinéma, et à des conférences et spectacles ; des ateliers mémoriels ; un Centre d'études sur la traite des êtres
humains et une librairie".
Voici la quintessence du discours du chef de l'État...
En posant ici, face aux berges de l’Atlantique, ce samedi 06 janvier 2024, la 1 ère pierre du projet du Mémorial de Gorée, j’accomplis, au nom du peuple sénégalais, de l’Afrique et des diasporas, un acte d’exercice mémoriel et de réconciliation
des peuples. Le Mémorial de Gorée a pour vocation d’être un lieu de rappel de notre histoire pour que l’horreur du passé ne se répète plus jamais. Comme un miroir incassable, il sera le reflet et le témoin vivant de la mémoire collective de la nation, de l’Afrique et de des diasporas. Plus qu’une structure physique, il sera un livre d’histoire ouvert au monde pour témoigner du passé. Il dira qu’à quelques encablures d’ici, l’innommable s’est produit ; des hommes, des femmes et des enfants de tous âges ont été rassemblés, enchaînés, torturés, transportés par millions et réduits sans pitié à l’esclavage, génération après génération.
Il racontera l’histoire héroïque d’hommes et de femmes qui, par milliers, ont résisté au prix de leur vie, préférant la mort à l'asservissement. Il fera le récit horrible de corps entassés au fond des cales, puis jetés dans les profondeurs lugubres de l’Atlantique. Il dira enfin : Plus jamais ça !
Je dois rappeler ici l’acte héroïque de l’Almamy Abdoul Kader Kane, qui, après la Révolution théocratique de 1776 au Fouta, avait énergiquement interdit la traite négrière sur l’étendue de son Royaume, en imposant la fouille systématique de toute embarcation qui traversait le fleuve Sénégal. En gardant intact le souvenir des heures sombres de l'esclavage, nous voulons, en même temps, œuvrer pour un présent et un avenir de justice et de réconciliation des peuples. En ce sens, ce Mémorial invité à pardonner, mais sans oublier. L’oubli serait une seconde mort et un second enterrement pour nos millions d’ancêtres victimes de l'esclavage, alors que le suprémacisme, le négationnisme, le racisme et la discrimination raciale restent encore tenaces.
Témoin du passé, le Mémorial de Gorée sera aussi un foyer ardent de culture et de fraternité humaine ; un carrefour d’échanges et de rencontres, où l’on se rassemble pour se souvenir, créer et célébrer l’entente cordiale entre les peuples. Ce Mémorial tant de fois rêvé, dont le projet remonte à plus de 30 ans, se dressera bientôt majestueusement ici, sur
35.000 m2, avec sa Tour en acier de 108 mètres de haut. Il comprendra, entre autres
commodités : une zone commerciale dédiée à lartisanat local ; un espace d’exposition ; une salle de réception et une autre polyvalente, réservée au cinéma, et à des conférences et
spectacles ; des ateliers mémoriels ; un Centre d'études sur la traite des êtres humains et une librairie.
Je félicite tous les acteurs dont la synergie des efforts nous vaut cette cérémonie : le Ministère de la Culture et du Patrimoine historique, l’APIX et de la Fondation du Mémorial de Gorée. On n’oublie pas nos partenaires, l’architecte Di Blasio, sélectionné à l’issue d’un concours international organisé de concert avec l’UNESCO, et les entreprises SUMMA et CSE chargées de réaliser les travaux. J'engage les services de l’Etat concernés à travailler ensemble, et en collaboration avec nos partenaires, pour la bonne exécution du projet dans les délais convenus. Je saisis l’occasion pour rendre un vibrant hommage à feu Boubacar Joseph Ndiaye, charismatique conservateur de la Maison des esclaves de Gorée, dont l’ombre tutélaire plane sur cette cérémonie, nous rappelant le Souffle des ancêtres, suivant la parole de Birago Diop, je cite : " Ecoute plus souvent les choses que les êtres, la voix du feu s’entend, étends la voix de l’eau, écoute dans le vent le buisson en sanglot : C’est le souffle des ancêtres. Ceux qui sont morts ne sont jamais partis : ils sont dans l’ombre qui s’éclaire et dans l’ombre qui s’épaissit.
Les morts ne sont pas sous la Terre…». S’il en est ainsi, puissent nos ancêtres victimes de l'esclavage nous entendre, en ce jour où nous élevons notre voix pour offrir à la postérité ce Mémorial dédié à leur souvenir.