LIBRE PROPOS : DÉLIT D’AMBITIONS ! Par Abdoulaye THIAM (Sud Quotidien)



«Aucun mouvement ne sera toléré dans le parti. Si des ministres ou des cadres ont des ambitions, ils attendront la fin de mon mandat pour se manifester». C’est ce qu’aurait déclaré le président de la République, Macky Sall, selon le journal Source A.
En effet, le pays serait au ralenti. Le «fast-track», tant chanté et ayant emporté le très discret et loyal Premier ministre, Mahammed Boun Abdallah Dionne, s’est grippé. Un réaménagement ministériel serait même imminent.
 
Pour autant, cela ne justifie point cette sortie au vitriol du président de l’Alliance pour la République (APR) et du Bennoo Bokk Yaakaar (BBY). Pour ceux qui feignent de l’ignorer encore, il faut bien leur rappeler que nous sommes une République. Chaque sénégalais est libre d’avoir des ambitions. Fussent-elles présidentielles ! Pourvu juste qu’il remplisse les conditions prévues par les lois en vigueur dans notre pays.

Par conséquent, le président de la République, devrait nous épargner des déclarations épidermiques à la Me Wade qui était allergique à toute personne qui osait lorgner son fauteuil. L’actuel locataire du Palais de l’avenue Roume en sait d’ailleurs quelque chose. On semble juste oublier que la souveraineté appartient au peuple, tant que ce pays restera une République. D’ailleurs, personne ne pourra le transformer en monarchie.
 
S’il est avéré que des ministres et/ou autres cadres ambitionnent de briguer la magistrature suprême, lors de la Présidentielle de 2024, au point de bloquer ou de ralentir les actions du gouvernement, le Chef de l’Etat sait ce qui lui reste à faire. Il n’a aucunement besoin de manifester sa colère. Il est élu pour mettre le Sénégal sur les rails de l’émergence.

Mais, le délit d’ambitions ne peut aucunement prospérer dans notre pays. Même si ceux qui envisagent de briguer la Présidentielle de 2024 doivent, eux-aussi, avoir le courage de le dire à haute et intelligible voix. Mieux, la meilleure des manières serait même de quitter l’attelage gouvernemental, s’il s’agit des ministres ou les directions pour les directeurs généraux.
Ils n’ont pas d’autres choix surtout, s’ils sont de l’Alliance pour la République (APR), présidée encore et toujours par le Chef de l’Etat, Macky Sall, qui refuse de démissionner de son poste pour se consacrer exclusivement au développement du Sénégal. Surtout après sa réélection le 25 février dernier pour un second et non deuxième mandat. Hélas ! Alors qu’on attendait une rupture, Macky Sall est resté dans la même dynamique que Senghor, Diouf et Wade, en cumulant ses fonctions de président de la République et Chef de parti. Une confusion des rôles qui reste une des grosses tares de la démocratie sénégalaise.

Alors, pourquoi ceux qui auraient une telle ambition présidentielle, ne devraient-ils pas penser à imiter un certain Nicolas Sarkozy en France qui avait préféré la fonction du Président de l’UMP à un département de souveraineté dans le gouvernement de Jacques Chirac. Vous nous direz que cette hypothèse n’est pas possible au Sénégal, en raison de ce que nous avons avancé un peu plus haut. Soit !

Mais, l’autre cas d’école à méditer devrait être celui d’Emmanuel Macron. L’actuel président de la République française avait quitté le moelleux fauteuil de Bercy (ministère de l’Economie et des Finances) pour créer son mouvement «En Marche !» Le résultat est là. Toutefois, cela demande un plus de courage. Ce qui visiblement manque à certains de nos dirigeants. Quel dommage !
Mercredi 4 Septembre 2019




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