L’architecte Pierre Goudiaby bâtit la paix. Enquête sur le film des événements (Par Cheikh Yérim Seck)


L’architecte Pierre Goudiaby bâtit la paix. Enquête sur le film des événements (Par Cheikh Yérim Seck)

DAKARACTU.COM  5 juillet 2011, 14h. Le chef de l’Etat sénégalais, Abdoulaye Wade, reçoit au palais le «Groupe des six» composé de l’architecte Pierre Goudiaby, du professeur de droit Ismaïla Madior Fall, du journaliste Mbaye Sidy Mbaye, de la femme d’affaires Anna Bâ Dia, ainsi que des présidents d’organisation patronale Mansour Kama et Baïdy Agne. Ce beau monde vient poser le premier jalon d’un dialogue politique entre le président et l’opposition. Scénario inimaginable il y a seulement quelques jours, du fait de la radicalisation des deux parties au lendemain des manifestations populaires des 23 et 27 juin, il se déroule sous nos yeux par la magie d’un homme. Cet homme, le renommé architecte Pierre Goudiaby Atépa, est là, sanglé dans une veste bleue, une chemise blanche et une cravate vive. Tout commence dans l’après-midi du dimanche 3 juillet. Alors qu’elle sort d’un entretien avec Amath Dansokho, l’un des ténors de l’opposition, la femme d’affaires Anna Bâ Dia rend visite à Pierre Goudiaby Atépa. Et lui dit : «Je viens de quitter Amath. Je lui ai dit que le pays ne peut pas rester dans le blocage actuel et qu’il faut que le dialogue politique se renoue. Il m’a demandé de passer te voir, m’apprenant tu avais pris il y a trois ans une initiative de cette nature qui n’avait pas abouti.» Goudiaby se transporte illico presto chez Amath Dansokho avec Anna Bâ Dia, s’assure que l’opposition est prête à dialoguer, appelle le chef de l’Etat qui accepte de le recevoir dans la foulée. Arrivé au palais, l’architecte lance au président, l’air grave : «La première fois que je vous ai approché, c’était en 1991. Vous étiez ministre d’Etat dans le gouvernement d’Abdou Diouf. Celui-ci nous a dépêchés tous les deux pour une mission de paix au Zaïre. Une fois à Kinshasa, vous avez parlé à l’opposant Etienne Tshisékédi, j’ai parlé au président Mobutu pour que la paix revienne dans ce pays. Nous ne pouvons pas avoir fait cela pour le Zaïre et le refuser pour notre pays. Il y a trois ans, vous m’aviez promis d’accepter de dialoguer avec l’opposition. Nous vivons un contexte tendu, acceptez le dialogue politique.» Après un long soupir, Wade répond : «Beaucoup de gens comme Famara Ibrahima Sagna, Lamine Diack et d’autres sont venus me voir, j’ai refusé. L’opposition veut la guerre et je n’ai pas l’intention de céder. Mais, pour vous, j’accepte.» «Je vais vous proposer une liste de personnalités pour mener la médiation, poursuit Goudiaby. Par correction, je vous la propose pour obtenir votre approbation.» Joignant le geste à la parole, l’architecte part du palais, mène des consultations, compose sa liste et revient vers Wade qui approuve les six noms. Et lui dit : «Je vous reçois le mardi à 12h.»

Le jour J, le Groupe des six est reçu à 14h, prolongation de l’audience précédente oblige, en présence du seul Me Amadou Sall, ancien porte-parole du chef de l’Etat et ex-garde des sceaux, appelé par Wade pour la circonstance. L’audience se déroule dans une ambiance bon enfant. Pierre Goudiaby introduit, présente les remerciements d’usage, situe le contexte et l’objectif de la rencontre. Puis donne la parole au porte-parole du groupe, le journaliste Mbaye Sidy Mbaye. Ce dernier tient un discours émouvant qui capte le président, lequel «boit» ses propos. «M. le président, lui dit-il, vous vous êtes battu pour consolider la démocratie sénégalaise. A ce titre, vous méritez une grande place dans notre histoire. Votre responsabilité actuelle consiste à poursuivre l’oeuvre. Les Sénégalais vous le vaudront.» Piqué par ce discours, Wade se lâche : «Je vous donne mandat pour dire à l’opposition que j’accepte de dialoguer où elle veut, quand elle veut et selon le format qu’elle aura choisi. Je ne pose aucune condition, je veux seulement que le dialogue se déroule dans le cadre républicain. Je suis le président élu et je poursuis mon mandat. Je suis prêt à tout, même à former un gouvernement d’union nationale avec l’opposition...» Puis enchaîne sur ses opposants : « Ce sont des gens que je connais bien. Ils m’ont aidé à prendre le pouvoir mais c’est moi qui ai été élu. Pas eux. En bons communistes, ils ont pensé que nous devions gérer le pouvoir en collège. Ce n’est pas la conviction du libéral que je suis. Je suis élu et c’est moi le président. C’est cette différence de conception qui a créé des problèmes et nous a séparés.»

Après ces assurances obtenues au palais, le Groupe des six se rend auprès d’Amath Dansokho et lui rend compte. Celui-ci réagit : «Tanor arrive de voyage cette nuit et Niasse demain. Dès jeudi, nous nous réunirons avec vous. Il faut que les choses avancent vite pour que le pays se réconcilie.» Tout commence donc bien pour une initiative riche en symboles.

L’acceptation d’une médiation dirigée par Goudiaby n’est pas sans signification. L’architecte a des rapports notoirement mauvais avec la Première dame Viviane Wade et avec les deux enfants du couple présidentiel, Karim et Syndjély Wade. Sa présence est le signe que le président se dégage de l’emprise de sa famille pour prendre les choses en main. L’audience s’est déroulée hors la présence de tous les collaborateurs directs du chef de l’Etat. Seul Me Amadou Sall y a été convié. C’est la preuve que Wade veut gérer seul cette question, loin de toute influence de faucons ou autres démagogues. La composition du Groupe des six elle-même parle. Mansour Kama fut un médiateur assidu et discret entre l’ex-président Abdou Diouf et l’ex-opposant Abdoulaye Wade. Ismaïla Madior Fall, coopté pour éclairer les questions juridiques, défend la thèse de la non-validité de la candidature de Wade en 2012. 

Un pas est posé dans la bonne direction. La balle est dorénavant dans le camp de l’opposition. Un membre du Groupe des six confie son inquiétude à dakaractu.com : «Je crains que l’opposition se radicalise, exige la renonciation de Wade à la candidature et grippe la machine. L’intelligence veut qu’elle se mette d’abord autour de la table. C’est par le dialogue, et non par des ultimatums, qu’on obtient des choses du président.» Sera-t-il entendu ?   

Mercredi 6 Juillet 2011



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41.Posté par Mme Ndiaye le 09/07/2011 01:02
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