L’Interdiction de la destination Casamance à nouveau par le Quai-D’Orsay ou le risque réel de plomber la dynamique de relance du secteur touristique de la région.


L’Interdiction de la destination Casamance à nouveau par le Quai-D’Orsay ou le risque réel de plomber la dynamique de relance du secteur touristique de la région.
Les fâcheux  événements survenus la journée du samedi 06 janvier dernier à Bourofaye Baynounck dans la forêt de Bofa Bayote qui ont malheureusement occasionné le massacre de 14 individus et 7 blessés coupeurs de bois surpris par un groupe d’éléments armés et jusqu’ici non identifiés, a semé désolation et consternation collective nationale et plus profondément dans la région Sud du pays. Les enquêtes,  comme dans tout Etat de droit à pareilles circonstances, sont en train d’être dûment menées par des services compétents aux fins d’identifier  les coupables, complices et commanditaires, sur qui au cas échéant, la loi doit s’appliquer dans toute  sa rigueur à la hauteur de l’horreur perpétrée.

Le Sénégal étant un pays très organisé, l’atteinte de cet objectif se fera sans coup férir et sans trop de grabuge. Donc nulle question de céder à  quelconque panique ou désarroi qui pourrait pousser au "sauve-qui peut" ! Aucun péril en la demeure, la Casamance a toujours su transcender des situations si douloureuses soient-elles et garder son équilibre et son attrait naturel qu’aucune vicissitude  ne puisse lui arracher. Même au pire moment de sa crise, faudrait –il le rappeler, cette bellissime région du Sénégal a su conserver ses merveilles. Merveilles qui s’entrevoient à travers son biotope bien fourni et presqu’unique, qu’à travers sa vivacité et diversité culturelles, à travers la qualité de l’hospitalité légendaire de ses femmes et de ses hommes.

Dès lors  on marque notre incompréhension devant l’attitude hâtive  de la France via le Quai-D’Orsay  de déconseiller à ses compatriotes de séjour dans une bonne partie de la région de Ziguinchor, pour des raisons d’insécurité probable, argumentées sur la base d’une  prévision d’une confrontation armée entre militaires et indépendantistes sudistes.

A mon humble avis cette éventualité n’est pas de mise. En tous cas, elle ne doit pas passer au premier plan, car le langage des armes n’est pas la panacée du problème Casamançais. En outre, il faut absolument éviter de succomber à la tentation de faire une corrélation directe entre la tuerie de Bofa et l’expression sécessionniste  du Mouvement des Forces Démocratiques de la Casamance (MFDC). Car à l’étape  des hypothèses et supputations en cours, l’on ne peut raisonnablement pointer du doigt le ou les coupables de ce forfait. Donc,  n’allons pas si vite en besogne. Seulement, tout semble corroborer la thèse selon laquelle le drame de Bofa Bayote serait une volonté manifeste de défendre la forêt de la Casamance en proie à une exploitation outrancière de la part d’individus  aussi malintentionnés tapis dans des sphères insoupçonnées  qui menacent son équilibre par le biais de la main d’œuvre facile localement recrutée.

La France en son statut de pays ami et  frère  avec  en partage l’histoire, la langue, est naturellement le premier marché pourvoyeur de touristes au Sénégal. C’est ainsi que les ressortissants français se signalent nombreux en Casamance, dans la région de Ziguinchor surtout dans la plateforme touristique et internationale de la cité balnéaire du Cap Skirring, située dans le département d’Oussouye, et précisément dans la commune de Diembéring dont j’assure le rôle de premier magistrat, en ma qualité de maire élu. Dans cette cité balnéaire du Cap Skirring , y villégiaturent  dans la félicité totale des touristes venus de partout avec aujourd’hui deux vols charters affrétés par semaine par le gros village vacancier du Club Med présent ici depuis près de 44 ans . Dans cette cité balnéaire qui s’étend de Cabrousse à Diembéring, vivent paisiblement une mosaïque de  résidents français, belges, espagnols, italiens, hollandais, helvétiques, allemands, américains…. 

La cité balnéaire et touristique du Cap Skirring située à 70 km de la ville de Ziguinchor, desservie par des vols directs en provenance de Paris est un véritable havre de paix dont il serait injuste d’en priver aux touristes pour des raisons d’insécurité au moment où la Casamance amorce sa phase de stabilisation sociale indéniable que cet incident ne saurait fondamentalement remettre en cause. Et  d’ailleurs quelle interférence y’aurait-il entre les touristes français et les coupeurs clandestins de bois ? C'est fort de tout cela qu'ils ont été nombreux ici les résidents français surpris de cette mesure de leur ministère déconseillant aux voyageurs français la destination Ziguinchor, car rétorquent-ils, ils se sentent plus en sécurité ici au Cap Skirring plus qu’ailleurs dans des métros ou autres places et palaces. De leur avis, l’insécurité 0 n’existe nulle part.

Au regard de ce qui précède, et eu égard à l’Excellence des relations entre nos deux pays plus que fréres, La France se doit davantage de témoigner  son amitié et sa solidarité au Sénégal surtout en ce moment de douleur et lui rassurer de son soutien indéfectible. Et ce soutien en l’espèce, doit être quelques soient les circonstances, à accompagner le Sénégal dans sa politique d’ériger la Casamance en zone touristique d’intérêt prioritaire national, en l’aidant à s’attirer d’un maximum d’investisseurs français ou autres dans ce domaine d’activité économique  plus que vital pour la reconstruction socio-économique  de la Casamance. En effet, l’industrie touristique de la Casamance est sérieusement affectée entre autres, par des mesures de restrictions des voyages des ressortissants français dans cette région, avec la fermeture en cascade des réceptifs hôteliers notamment ceux implantés au Cap Skirring à cause de la désaffection de la destination. On comprend aisément pourquoi dés l’annonce de la levée des restrictions de voyages en destination de la Casamance en 2015 par les autorités françaises, les populations du Sud en général et celles de la cité balnéaire et touristique du Cap Skirring en particulier  étaient plongées dans une atmosphère hilarante. Car ici des vies humaines se font et se défont par le tourisme. Suffisant pour que moi, en ma qualité de maire de la collectivité locale la plus touristique de la région, de convoquer mon conseil municipal et lui faire part de ma proposition d’accueillir la « Bonne nouvelle » et la fêter à la face du monde à travers un événementiel portant le nom ; « Les 72 heures » de la Commune de Diembéring et qui aura pour parrain, SEM Christophe Bigot, le nouvel ambassadeur accrédité  au Sénégal et métronome de cette levée d’interdiction sur une bonne partie de la Casamance. Une proposition qui a vite charmé les conseillers et qui l’ont approuvée à l’unanimité. Et les 11,12 13 novembre 2015 fut organisé cet événementiel de relance de la destination Casamance avec la présence effective du Parrain. L’illustre hôte a été accueilli avec tous les honneurs qui sient à son rang de diplomate chevronné d’un pays frère et ami mais et surtout à son effort louable de plaidoyer pour obtenir en temps record du Quai- D’Orsay la levée des restrictions de voyages jadis imposées sur la destination Casamance. A la place mythique Asseb du village de Diembéring où se tint la cérémonie officielle de l’événement où sur la haute tribune majestueusement dressée à l’occasion et devant toutes les autorités et personnalités présentes, le diplomatique-invité d’honneur du jour a parlé de l’exemplarité des relations entre la France et le Sénégal mais aussi de cette émotion particulière que la France a pour la Casamance.

Alors au nom de cette émotion particulière, la France ne doit pas se précipiter au moindre frémissement social en Casamance de revenir à son « embargo partitif » car cela crée un effet de panique généralisée et c’est toute la région naturelle de la Casamance sans distinction de zones particulières, qui retomberait ainsi dans la chao et la morosité économique y compris sa cité balnéaire et touristique du Cap Skirring. En Afrique on ne reconnaît  ses vrais amis que dans les moments d’épreuve selon l’adage. Puissent les amis de la Casamance l’aider à remonter la pente de la crise nonobstant quelques intempéries fugaces. A présent, la paix en Casamance se pose en termes de déterminisme absolu et au banquet de la paix finale, la Casamance comptera ses amis dans un Sénégal réconcilié avec lui-même et résolument placé sur les rampes de l’émergence.

 

Tombon GUEYE

Président de l’Office de Tourisme de la Casamance

Et Maire de la Commune de Diembéring
Vendredi 12 Janvier 2018




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