L’Etat du Sénégal ne doit pas confier la gestion de la Zakat aux mouvements salafistes.


Suite à l’annonce d’une plus étroite collaboration entre le Ministère sénégalais des finances, la Haute Autorité du Waqf et le guide du mouvement salafiste wahhabite Daroul Istiqâma autour d’un Fonds sénégalais de la Zakat, l’Association islamique pour servir le soufisme (AIS) exige que la lumière soit faite sur les tenants et les aboutissants d’une telle collaboration. Des chercheurs, spécialistes de ces mouvements, ont déjà manifesté leurs vives inquiétudes et ont interpellé l’Etat du Sénégal sur le danger d’un éventuel détournement des missions de la Zakat au profit d’une propagande visant les plus démunis et exploitant leurs vulnérabilités socioéconomiques.

L’AIS signale que cette campagne de presse fait froid au dos en rappelant que l’un des fondateurs d’Al-Qaida, Cheikh Abdallah Al-Azzam, figure de proue du salafisme djihadiste, avait bâti toute sa stratégie de financement en créant le Maktaboul Khadamaat qui devait gérer les contributions volontaires y compris la zakat pour le soutien des combattants en Afghanistan.

Exprimant sa vive préoccupation, l’AIS rappelle que c’est ainsi qu’Al-Qaida avait réussi à huiler sa machine de financement et embrigader des milliers de jeunes originaires de tout le monde musulman au point de faire des émules plus tard dont le Groupe salafiste pour la prédication et le combat, le GSPC algérien, avec les fâcheuses conséquences plus tard au Nord du Mali et en Afrique.

La décision de mettre en place la Haute Autorité du Waqf a, certes, été une bonne démarche que l’AIS salue surtout que, dans le cadre de la lutte contre le terrorisme, même des Etats partenaires du Sénégal comme l’Arabie Saoudite, ont, en toute responsabilité, centralisé, depuis quelques années, les actions humanitaires menées par les organisations religieuses vu leur enjeu sécuritaire.

Dans le contexte actuel, plus particulièrement au Sahel et en Afrique de l’Ouest, une telle coopération annoncée par le mouvement salafiste avec l’Etat du Sénégal sur un domaine aussi sensible que la collecte de la Zakat, sa gestion et sa distribution ne peut laisser indifférent l’Association islamique pour servir le soufisme (AIS) qui y voit un soutien affiché en faveur d’une tendance qui combat nos confréries, d’autant plus que ces dernières n’ont pas été dûment consultées ou associées.

Par conséquent notre Association interpelle solennellement les autorités sénégalaises sur les lourdes conséquences de cette décision à moyen et long termes exposant les plus démunis à la propagande des mouvements salafistes auxquels on aura délibérément délégué la politique de lutte contre la pauvreté avec tous les risques que cela comporte pour la sécurité nationale. L'AIS ne peut comprendre que l'Etat du Sénégal appuie, par la collecte de la Zakat, des mouvements dont les membres ont récemment multiplié les attaques irrespectueuses et largement diffusé des insultes sur les réseaux sociaux à l'égard de nos valeureux guides tels que Cheikh El Hadji Malick Sy, Cheikh Ahmadou Bamba et Mame El Hadji Abdoulaye Niass et tant d'autres alors que ces derniers ont joué un rôle incontournable pour la paix et la stabilité de notre pays.

L’Association Islamique pour servir le Soufisme appelle aussi les partenaires du Sénégal comme l’Arabie Saoudite à prendre les mesures idoines pour que des mouvements salafistes qui se présentent comme leurs intermédiaires ne puissent nuire à la qualité des relations diplomatiques les liant à notre pays ou ternissent l’image de l’islam par des stratégies propagandistes se servant de la religion pour propager des idéologies qui font le lit du terrorisme.

Fait à Dakar, le 8 août 2019

Association islamique pour servir le soufisme (AIS) president S. Mame Cheikh Mbacké.
Jeudi 8 Août 2019




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