Interview exclusive avec Serigne Yeddaly M’backé « L’Etat nous a manqué de respect en boycottant notre cérémonie officielle, nous riposterons ! »

Pourquoi Darou Karim a-t-il fait du Leylatoul Karim son événement religieux ?


Serigne Modou Faty Khary est un fils de Serigne Massamba Mbacké, lui-même petit frère de Serigne Touba. Ce dernier avait mis de côté les relations parentales qui l’unissaient au marabout pour ne devenir que son disciple. Serigne Modou Faty Khary a  commencé à célébrer le Leylatoul Khadr depuis 1942 sur n’diguel de Serigne Modou Moustapha M’backé. Il a célébré l’événement jusqu’à 1968, année de sa disparition sur terre. Son legs a été perpétué par son fils Serigne Cheikh Mbacké. La famille fait de cet événement son magal à elle. Les régimes qui se sont succédé ont toujours participé à la réussite organisationnelle de l’événement, contribuant à donner au leylatoul Khadr un cachet particulier. Du temps de Senghor, de fortes délégations étaient envoyées, idem avec Abdou Diouf. Même avec Abdoulaye Wade, nous bénéficiions d’une considération non négligeable.
 
Comment cela ?

C’est avec lui que les CDD ont commencé à avoir lieu. Cela nous a permis depuis lors, de préparer le magal dans de bonnes conditions. Wade a aussi toujours trouvé solution aux préoccupations de la famille de Serigne Massamba M’backé . Il a de tout temps fait de Darou Karim et de son magal une affaire personnelle. Cette ville  fait partie des capitales du mouridisme et aucun Gouvernement ne saurait occulter cela. Délégation ou pas, nous continuerons à être la capitale mouride du pays. C’est un fait !
 
Hier nuit, vous avez  émis de critiques à l’encontre du Gouvernement du Sénégal…

Nous avons écrit des lettres au préfet de M’backé, au Gouverneur de la région de Diourbel, au premier ministre et au Chef de l’Etat lui-même, le 4 juillet dernier, pour lui rappeler la tenue du magal du Leylatoul Khadr comme à l’accoutumée. Nous leur avions fait savoir que le magal se tient le 17 juillet, c’est à dire, hier. Nous avons fait notre devoir. C’est un devoir d’information et nous nous y sommes appliqués. Seulement, nous ne savions pas que nous avons en face un Gouvernement peu responsable. Nous prenons acte et nous nous réservons le droit d’apporter la riposte. Nous sommes des marabouts qui nous cachons sous le manteau d’hommes civilisés. Même si aucune lettre ne leur était adressée, il était de leur devoir de se présenter au magal. Darou Karim est la quatrième capitale mouride du Sénégal. Seulement, nous avons remarqué que cette ville ne les intéresse point. L’Etat du Sénégal n’a envoyé ni soutien, ni délégation et nous avons compris son message.
 
C’est la première qu’une telle disconvenue vous arrive ?

L’année dernière, l’Etat nous avait envoyé une délégation à une heure très tardive. Nous leur avions fait savoir que la même délégation ne pouvait se présenter chez Sokhna Maïmouna M’backé et venir se présenter à Darou Karim. C’est ainsi que l’année dernière deux délégations ont été formées. Cette année, nous n’avons vu personne. Nous trouvons que c’est un manque de respect inouï. C’est un affront que nous venons de subir et nous riposterons.
 
La riposte

Nous tenons à dire au Président Macky Sall que nous n’attendons plus rien d’eux. Nous savons qu’il a la volonté de créer des dissensions au sein de la famille M’backé-M’backé. Il ne saura nous diviser. Nous sommes unis pour l’éternité. Que ce régime se tienne prêt, car il nous a déclaré la guerre et tout le monde sait que la famille de Serigne Massamba sait faire la guerre. Il a privé toutes les familles religieuses de leurs privilèges.
Le Khalife Général des Mourides a envoyé une délégation dirigée par Serigne Cheikh Bara Lahad M’backé, et heureusement qu’il est au courant de ce que l’Etat du Sénégal a fait !