Guinée: un opposant retrouvé "dans un état critique" après son enlèvement




Un cadre de l'opposition à la junte en Guinée, Abdoul Sacko, a été retrouvé "dans un état critique, torturé et abandonné par ses ravisseurs" après avoir été enlevé mercredi à son domicile par des hommes "encagoulés", ont annoncé jeudi ses avocats.

L'enlèvement de M. Sacko, un des responsables des Forces vives de Guinée, une coalition de partis, de syndicats et d'organisations non-gouvernementales qui réclame un retour des civils au pouvoir, a suscité de vives protestations à travers le pays.

"Notre client a été retrouvé dans la soirée d'hier (mercredi) par des paysans, dans un état critique, torturé et abandonné par ses ravisseurs en brousse près du camp 66 dans la préfecture de Forecariah", affirment les avocats dans un communiqué.

Le camp 66, situé à une soixantaine de kilomètres de Conakry, est une base des forces spéciales, un bataillon d'élite de l'armée qui a pris le pouvoir par un coup d'Etat en 2021.

"Des dispositions ont été prises afin qu'il reçoive les soins primaires dans une clinique à Conakry", poursuit le document.

"En attendant le rapport médical complet de cette clinique, notre client est placé en un lieu (sûr) pour des raisons de santé et de sécurité", affirment les avocats.

L'épouse de M. Sacko a raconté à l'AFP que des hommes "encagoulés" étaient arrivés mercredi à leur domicile en banlieue de Conakry "à 4h du matin", pendant sa prière.

"Ils ont tout fait pour entrer, sans pouvoir ouvrir la porte. Ils ont défoncé le plafond pour rentrer.(...) On l'a giflé et jeté par terre. On l'a attaché et emporté", a-t-elle poursuivi.

Un journaliste de l'AFP a constaté des traces de l'effraction par le plafond au domicile de M. Sacko.

L'opposant avait déjà été interpellé le 11 mars 2023 et relâché le même jour, pour son implication dans l'organisation de manifestations interdites.


- "Inacceptable" -

L'ancien président Alpha Condé, écarté du pouvoir par un coup d'Etat en 2021, a dénoncé mercredi "un énième acte inacceptable qui s’inscrit dans une série de violations systématiques des libertés fondamentales par la junte au pouvoir", dans une publication sur sa page Facebook.

L'ambassade des Etats-Unis s'est dite "profondément préoccupée" par la nouvelle de la disparition de l'opposant et a demandé "au gouvernement guinéen d'enquêter rapidement sur cet incident", dans un communiqué.

"La terreur et la violence sont le reflet des régimes dictatoriaux qui refusent la pluralité d'opinions", a réagi l'Organisation guinéenne de défense des droits de l’homme (OGDH) dénonçant une pratique "devenue monnaie courante".

La junte du général Mamadi Doumbouya, arrivée au pouvoir par un coup d'Etat en 2021, est régulièrement accusée de réprimer la liberté d'expression et de faire taire des figures de l'opposition.

Deux opposants qui réclament un retour des civils au pouvoir, Oumar Sylla, alias Foniké Menguè, et Mamadou Billo Bah, sont portés disparus depuis juillet 2024.

Un autre opposant, Aliou Bah, a été condamné en janvier à deux ans de prison ferme pour "offense et diffamation" à l'encontre du général Mamadi Doumbouya.

Des manifestations réclamant le départ des militaires sont régulièrement interdites et plusieurs médias ont été fermés dans le pays. 
Jeudi 20 Février 2025
Dakaractu



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