Le Gingembre Littéraire a frappé fort en mettant à l’honneur Madame Inès Senghor, architecte romancière sénégalo franco serbe, pour la première présentation publique au Sénégal de son roman "Le miel du crabe" (Éditions Jasmin). Bien plus qu’un simple événement littéraire, la rencontre s’est imposée comme un espace de réflexion profonde sur la construction des identités, la mémoire, la diaspora et l’avenir du pays. Autour de l’auteure, les écrivains Racine Senghor et Fatimata Diallo ont enrichi un dialogue dense, lucide et résolument tourné vers l’humain.
Prenant la parole, le ministre de l’Environnement Abdourahmane Diouf a livré un plaidoyer pour la multiculturalité et la reconnaissance pleine des binationaux. Refusant toute vision réductrice, il a rappelé avec force que les Sénégalais de la diaspora ne sont ni des « demi identités » ni des marges, mais des entités entières, porteuses de richesses multiples. « Ils sont entièrement sénégalais et entièrement d’ailleurs », a-t-il martelé, appelant à intégrer cette force humaine et intellectuelle dans le projet national de développement, culturel et écologique du Sénégal.
Au cœur de la rencontre, Inès Senghor a bouleversé l’auditoire par un témoignage intime et universel. À travers Le miel du crabe, elle raconte la fin du sentiment de non-appartenance et la conquête d’une identité plurielle assumée. Pour elle, la question identitaire n’est ni abstraite ni secondaire : elle est politique, urbaine, écologique et profondément humaine. « La place n’est pas quelque part, mais quelqu’un », affirme-t-elle, rappelant que sans identité collective claire, aucun projet de société durable n’est possible.