Gambie : des soldats font du porte-à-porte à la recherche d'assaillants à Banjul


Gambie : des soldats font du porte-à-porte à la recherche d'assaillants à Banjul
Des soldats gambiens ont mené vendredi à Banjul une opération de porte-à-porte à la recherche de participants à l'attaque armée ayant visé le palais présidentiel en l'absence du président Yahya Jammeh, ont rapporté à l'AFP des habitants.

La capitale gambienne demeurait sous forte surveillance des forces de défense et de sécurité, qui poursuivaient leurs patrouilles et conservaient leurs points de contrôle installés à ses principaux accès depuis mardi, jour de l'attaque, selon un correspondant de l'AFP.

Des militaires en armes sont en train de faire du porte-à-porte. Ils pensent que les assaillants se cachent toujours dans la ville, a affirmé une habitante de Banjul sous couvert d'anonymat, comme toutes les personnes interrogées par l'AFP.

La même information a été rapportée par plusieurs résidents de différents quartiers.

Jusqu'à vendredi soir, aucune information n'avait pu être obtenue par l'AFP de sources officielles sur cette opération, qui n'a fait l'objet d'aucune annonce publique.

Un pêcheur d'Old Jeshwang, à environ 10 km à l'ouest de Banjul, a expliqué avoir été prévenu par ses proches, alors qu'il était en mer jeudi soir avec des collègues, d'une forte présence de militaires et paramilitaires sur les quais de sa zone, proche du pont de Denton, principal accès à Banjul par la route. Par peur d'être inquiétés, nous avons débarqué nos prises de pêche à Bakau, plus au nord, a-t-il dit.

Selon des sources militaires gambiennes, l'attaque lancée mardi vers 03H00 (locales et GMT) a été menée par des hommes lourdement armés venus par pirogue à Marina Parade, sur la corniche est de Banjul, où est situé le palais présidentiel.

Les assaillants étaient commandés par un ex-capitaine du nom de Lamin Sanneh, qui est un déserteur de l'armée et a été tué avec deux autres assaillants, a indiqué un officier.

Selon plusieurs sources militaires et diplomatiques, l'assaut était une tentative de coup d'Etat déjouée par les forces gambiennes alors que le président Yahya Jammeh était en visite privée à Dubaï.

M. Jammeh, rentré à Banjul dans la nuit de mardi à mercredi, a, lui, assuré qu'il ne s'agissait pas d'une tentative de putsch mais d'une attaque de terroristes soutenus par des puissances étrangères, évoquant des dissidents basés aux Etats-Unis, en Allemagne et au Royaume-Uni.

Le représentant spécial du secrétaire général de l'ONU pour l'Afrique de l'Ouest, Mohammed Ibn Chambas, a condamné la récente tentative de prise du pouvoir par des moyens anticonstitutionnels en Gambie où il doit se rendre prochainement, a affirmé vendredi son bureau, l'Unowa, basé à Dakar.

M. Ibn Chambas engage les autorités gambiennes, en particulier les forces de sécurité et de défense, à s'assurer que les enquêtes (sur l'attaque) sont menées dans le respect des droits humains et des procédures judiciaires, selon le communiqué de ses services.

Le régime de M. Jammeh, au pouvoir depuis 20 ans, a souvent été accusé de violations des droits de l'Homme, menant régulièrement des purges contre ses opposants.

Depuis mardi, plusieurs dizaines de civils et de militaires ont été arrêtés en Gambie et interrogés par l'Agence nationale du renseignement (National Intelligence Agency, NIA), selon une source proche de la NIA.

De même source, les enquêteurs ont saisi des documents relatifs à l'attaque ainsi qu'une grande quantité d'armes automatiques, très sophistiquées, et d'explosifs.

D'après une source militaire, quatre soldats gambiens soupçonnés d'être impliqués dans l'attaque ont fui mercredi en Guinée-Bissau, où ils se sont rendus aux autorités.

La Guinée-Bissau n'a pas de frontière avec la Gambie, pays dont elle est séparée par le Sénégal. La Gambie est entièrement enclavée dans le Sénégal, à l'exception de sa façade maritime sur l'Atlantique.
Samedi 3 Janvier 2015




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