
DAKARACTU.COM Le débat fait toujours rage entre majorité et opposition sur la validité ou non de la candidature du chef de l’Etat, Abdoulaye Wade, à la future élection présidentielle. Né au moment de la proposition du président de la République d’instituer le fameux ticket dans notre Constitution, le Mouvement des forces vives du 23 juin (M23) avait introduit dans sa plateforme revendicative, fort du recul présidentiel dû à la poussée populaire que cette réforme avait soulevée, l’impossibilité pour Me Wade de se représenter, du fait de la limitation à deux du nombre de mandats successifs qu’une personne peut exercer à la tête de l’Etat. Depuis, c’est à une véritable guerre d’arguments contraires que se livrent les deux camps. Le M23 a même fixé un ultimatum au président de la République, lequel avait expiré le 3 novembre, avant de proposer le 17 novembre une résolution destinée à forcer le chef de l’Etat à abdiquer, signée par presque tous les candidats à la présidentielle. Le M23 a fait plancher ce que le Sénégal compte de meilleurs parmi ses constitutionnalistes, et tous ces éminents juristes sont unanimes pour dire que la candidature de Wade n’est pas constitutionnellement valide. De l’autre côté des partisans du chef de l’Etat, les arguments sont relatés avec autant de conviction à l’occasion du séminaire du 21 novembre, par des juristes venus d’horizons divers, avec des participants français, américains et sénégalais. Le bien-fondé de leur participation, en regard de leurs compétences consacrées par des faits notablement connus à travers le monde, laisse un goût bizarre à la bouche des personnes défendant la validité de la candidature de Wade. Son aspect pécuniaire aussi dévalorise la démarche qui se voulait convaincante. Leurs débats n’ont pas, bien au contraire, fait taire les dissensions entre partisans et adversaires de la volonté présidentielle de se représenter. Un véritable dialogue de sourds. Alors, pourquoi ne pas laisser ceux qui ont la lourde charge de trancher le débat le faire en toute légalité et surtout en toute sérénité ? C’est au Conseil constitutionnel de décider de la validité ou non de la candidature d’Abdoulaye Wade. Il faut que nous en prenions conscience et l’acceptions. Dura lex sed lex. La République a aboli la justice privée. Ce n’est ni au M23, ni à des constitutionnalistes venus d’on ne sait où, de dire au Conseil constitutionnel ce qu’il doit délivrer comme arrêt. Notre Etat repose sur des lois qui sont l’antinomie du règne de la force, et aucun activisme de quelque bord qu’il soit ne devra détourner les cinq sages de leur mission qui est en l’occurrence de dire souverainement le droit. Cela dit, pour que cette décision soit prise sans pression, il serait souhaitable de bouter hors de notre sphère politique cette énorme suspicion qui pèse sur cette institution. Beaucoup de personnalités de l’opposition comme du pouvoir se perdent en conjectures, élaborent des théories plus ou moins crédibles, mais rien, ni personne ne peut affirmer aujourd’hui que le Conseil constitutionnel va valider la candidature de Me Wade. D’abord parce que la dynamique qui fait fonctionner cette institution est complexe. Les cinq sages ont un passé professionnel de juristes aguerris et rompus aux décisions cruciales, ont aussi une certaine idée de la responsabilité énorme qui pèse sur les choix qu’ils seront amenés à faire. Même celui dont on dit qu’il serait redevable au président sortant, Cheikh Tidiane Diakhaté pour ne pas le nommer, ne mérite pas qu’on puisse douter de ses qualités d’homme, simplement responsable face à Dieu et face aux institutions de son pays devant lesquelles il a prêté serment. Personne ne peut dire quelle va être la décision du Conseil constitutionnel qui subit, comme jamais dans notre courte histoire, une terrible pression. Le monde entier nous observe, et la stabilité et l’avenir de notre pays dépendent de cette décision qui demande à ceux qui auront la responsabilité de la rendre un sang froid à toute épreuve. Laissons les juger et dire le droit en toute conscience. Le reste appartient à Dieu.
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