Fadial : Ces éléments de l’enquête jamais révélés sur la tentative de viol avortée d’une sage-femme dans son lieu de travail.


Oublier l’image de la sage-femme  gravement blessée au couteau, à l’issue d’une tentative de viol dont elle a été victime, est chose impossible pour Mohamed Dème Sy, Infirmier chef de poste (Icp) de Fadial. Et cela, lui-même l’a confié ce jeudi 24 juin 2021 au cours d’un sit-in organisé par les personnels de santé du district de Joal-Fadiouth. 

Au micro de Dakaractu, l’Icp qui est le responsable de la structure de santé qui a été le théâtre de l’agression sexuelle avortée, est revenu sur les conditions dans lesquelles il a trouvé la victime qui était presque inconsciente. Il a été la première personne à voler au secours de la sage-femme agressée. ‘’Ce sont des cris qui m’ont mis en alerte. Nous en sommes habitués, dans ce coin. Mais je me suis levé brusquement. Et quand je suis sorti pour voir, c’est à ma grande surprise que j’ai trouvé la sage-femme à terre, complètement ensanglantée. Elle était presque inconsciente. Je ne sais pas comment j’ai pu garder mon sang froid face au spectacle qui s’offrait à moi’’. 
 
Pour lui, il faut vivre ce qu’il a vécu pour comprendre. ‘’Même si nous avons toujours été sensibles à la souffrance de nos patients, imaginez ce que l’on peut donc ressentir face à une victime d’agression qui n’est autre que son collègue, dans son lieu de travail ! C’est une expérience que je ne pensais jamais vivre de ma vie. J’étais face à la sage-femme de mon service qui venait d’être agressée. Son état était critique. Son agresseur l’avait roué de coups de couteau. Elle saignait tellement que sa blouse blanche était imbibée de sang. C’est grâce à la rapidité de son évacuation, après les premiers soins à elle prodigués qu’elle a été sauvée’’, a confié le maître des lieux. 
 
‘’À Fimela,  un poste de santé attaqué, l’Icp fracturé et la sage-femme blesséeil y a 3 mois’’
 
À l’en croire, l’agression s’est passée dans l'enceinte de la maternité de ce poste de santé de Fadial qu’il dirige. ‘’C’est un nouveau bâtiment dans le site mais il est un peu éloigné de mon logement. Et quand elle a essuyé l’attaque de son agresseur, blessée, Gnima Sagna s’est mise à crier et s’est dirigée vers mon logement. C’est presque devant ma porte que je l’ai trouvée.’’ 
Cette dernière, selon l’Icp, ‘’est une jeune femme. Elle est mariée et mère de deux enfants. Elle est un enfant du terroir qui, après avoir fait sa formation, avait intégré la structure pour mieux se perfectionner dans la pratique. Je me dois de vous le dire, et mes camarades ici présents en sont témoins, quand on me propose un stagiaire, je dis non. Cela, parce que je ne peux pas mettre une personne en danger dans ce coin où ma propre vie est menacée. Depuis des années, je rejette toute demande de stage dans mon poste de santé à Fadial. Et si Gnima est parvenue à intégrer cette maternité, c’est grâce à plusieurs interventions qui m'invitaient à la prendre pour qu’elle puisse venir assurer la garde. Cela parce que j’étais conscient que la structure n’était pas sécurisée. C’est une brave dame, dégourdie et disponible, mais elle n’a pas encore été recrutée dans la fonction publique, elle est aujourd’hui encore un agent communautaire’’.
 
Mais ce que l’Icp n’a pas caché, c’est que cette agression a plongé, dans la psychose, beaucoup de ses collègues et lui. ‘’Aujourd’hui, la peur est dans notre camp, parce que l’agresseur pouvait prendre pour cible n’importe qui d’entre nous autres. Alors que nous vivons avec nos femmes et nos enfants dans ces logements. On ne peut pas vivre dans un poste de santé qui est dans un état de délabrement très avancé et faire face au risque d’agression permanente’’.  
 
À Fadial, des boutiques, l’école primaire, le Collège d’enseignement moyen (Cem) ont été attaqués
 
Concernant l’auteur présumé des faits, l’Icp qui dit avoir quelques informations sur lui, a précisé que celui-ci ‘’a laissé l’arme blanche sur les lieux du crime. Il était habillé d’une culotte et portait un masque de protection. Il était coiffé d’un bonnet et était venu pied-nu’’. 
 
Au vu de la menace qui plane sur la tête des personnels de santé, dans leurs lieux de travail, il dit ne pas exclure de prendre des mesures radicales. Et à ce sujet, quitter les locaux de ce poste de santé de Fadial risque d’être la prochaine étape de leur manifestation, a-t-il annoncé. Cependant, il dit ne pas vouloir divulguer le plan de lutte que ses camarades et lui entendent dérouler. Mais il prévient : ‘’Nous comptons prendre des décisions fermes et immédiates pour sauver nos vies. La situation est très difficile. Nous sommes meurtris. Maintenant nous sommes agressés, vraiment nous sommes les enfants pauvres de ce système au Sénégal. Nous vivons des situations très difficiles dans un poste de santé très délabré. Depuis des années rien n’a été fait et nous ne sommes pas dans une sécurité absolue. Nous avons vraiment peur parce que c’est une série d’agressions dans la localité de Fadial où des boutiques, l’école primaire, le Collège d’enseignement moyen (Cem), entre autres, ont été attaqués. Et aujourd’hui, c’est au tour du poste de santé. Nous demandons aux autorités compétentes de prendre à bras le corps cette affaire et surtout d’assurer notre sécurité dans nos lieux de travail. À Fimela, il y a quelques mois, un poste de santé avait reçu la visite des malfrats. Il n’y a pas eu de mort d’homme, mais l’Icp s’en est sorti avec une fracture, et la sage-femme laissée avec des blessures. Cette agression n’a pas connu, à ce jour, une suite judiciaire. Aujourd’hui, on nous attaque, cela ressemble à un ciblage...’’
Vendredi 25 Juin 2021




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