DAKARACTU.COM Les manœuvres ont commencé. Les allées du pouvoir se mettent à ressembler à Sandaga le soir, avec des monceaux de peaux de bananes jetées avec gourmandise, sous les mocassins vernis de certains caciques du pouvoir libéral, par des collègues ou adversaires politiques qui ont intérêt à les voir glisser dessus et se ramasser par terre. Des mains aussi habiles que mystérieuses envoient aux diverses rédactions de la place des dossiers sur tout le monde et n’importe qui. Cela va du sexuel à de l’immobilier qui fait saliver le peuple, en passant par des fautes bénignes commises par certains lorsqu’ils étaient adolescents. Ces derniers temps, peut-être à la faveur de sa désignation comme « meilleur ministre de l’économie de la zone CFA », ce qui a pu faire de l’ombre à certains, réapparaît comme par enchantement l’affaire de la « somptueuse demeure » de Abdoulaye Diop au Canada. Déjà annoncé en 2007 à grand renfort de photos par un magazine de fin de semaine, et depuis lors éventé par le ministre des Finances, ce serpent de mer revient hanter les rédactions. Savamment distillées, ces informations tentent de brouiller les cartes déjà abattues en son temps par l’intéressé. Peu importe, on remet le couvert et comme Abdoulaye Diop sort d’un procès avec un citoyen canadien au sujet de cet immeuble, l’occasion était trop belle. Dakaractu a retrouvé les documents attenants à cette transaction immobilière et vous la décrit. Tout commence en mai 2002, lorsque le ministre d’Etat chargé de l’Economie et des Finances et son épouse achètent de manière solidaire une maison à Ville Mont Royal à 420.000 dollars canadiens, avec un prêt sur hypothèque, auprès de la Banque Royale du Canada. En 2004, Madame Diop, canadienne de nationalité, vend cette maison à 780.000 dollars canadiens, rembourse le reliquat du prêt et place le reste sur un compte d’épargne, au taux de 2,3%. La même année, deux citoyens canadiens, Mr Adielou et Mme Fortin proposent à Mme Diop d’investir avec eux cette somme dans un nouveau projet immobilier, en achetant un immeuble de 49 appartements de 1 à 3 pièces, à 4 millions de dollars canadiens. Ils pourront toujours le rénover et en revendre certains appartements. Ce trio fait appel à la SSHS, organisme qui gère l’office des logements, lequel accepte de fournir un crédit intérimaire de 2.650.000 dollars canadiens, hypothèque la maison, et demande de boucler le financement avant 12 mois auprès d’une banque. Ce que les nouveaux associés trouvent, après avoir créé une société, en décrochant un prêt en 2006 de 3.149.117 dollars canadiens, au taux de 5,75%, étalé sur 25 années. Le contrat est signé, et à ce moment, le vendeur, un certain Pollack, introduit une clause léonine au profit de son fils. En 2008, après rénovation, une société d’assurances propose aux associés Adiélou, Fortin et Diop de racheter la maison pour la somme de 8 millions de dollars canadiens, mais souhaite que le contrat du fils Pollack soit réglé avant l’achat, ce que le père refuse. Il est alors assigné en justice par les vendeurs et après 2 ans de procédure, la Cour décide de l’expulsion du fils Pollack. Cet immeuble, selon les documents que nous avons parcourus, a été acquis de façon régulière, ce qu’il est difficile de contourner dans des pays à la rigueur anglo-saxonne qui nous éloigne de nos habitudes tropicales et nauséeuses. Des dossiers en guise de peaux de bananes nous seront servis à flux tendus par les temps qui courent, et il convient de les prendre avec des pincettes ou en se pinçant les narines. Dans les deux cas, l’atmosphère devient irrespirable.
Autres articles
-
Laser du lundi : Macky et Aliou Sall ont fort à faire entre l’amorce de la pompe à désagréments et la fermeture des vannes (Par Babacar Justin Ndiaye)
-
Laser du lundi : Ebullition au Sénégal, élection en Mauritanie et dislocation en cours au Mali (Par Babacar Justin Ndiaye)
-
Farba Ngom et Yakham Mbaye sont les voltigeurs de tête de Macky Sall (Par Babacar Justin Ndiaye)
-
Laser du lundi : Pourquoi le Sénégal s’installe dans la gouvernance émaillée de heurts et teintée de haine ? (Par Babacar Justin Ndiaye)
-
Laser du lundi : Les imprudences d’Aliou Sall et les erreurs de Macky Sall sont plus dévastatrices que les bazookas de l’opposition radicale (Par Babacar Justin Ndiaye)